Resident evil 3 Remake c'est un peu comme ce petit chiot mignon, tellement mignon que même en essayant, on ne peut pas lui en vouloir d'avoir chié sur le tapis. Sachant que ce tapis vous a coûté une fortune bien sûr.
J'ai essayé tout du long de me convaincre que cet épisode serait une catastrophe au final, que Capcom s'était bien foutu de ma gueule en optant finalement pour 2 épisodes distincts plutôt que de sortir les remakes du 2 et du 3 ensemble comme c'était prévu à la base. Chacun bien sur vendu à 60€ et dont les runs ne feront guerre plus de 6h.
J'ai essayé.
Mais je devais ouvrir les yeux et ne plus me mentir, plus je jouais et j'avançais, plus je me rendais compte que j’étais déjà amoureux. Pas seulement de Jill, mais de tout cet univers tant organique que chaotique, de ces détails aussi subtils que nombreux, de ces jeux de lumières tout bonnement somptueux ou encore de ce level design comme j'en vois trop peu.
Soyons clair, le jeu est magnifique. Il n'est pas "juste beau" comme 80% des grosses productions que je peux lancer, il est magnifique.
Le RE Engine qui tourne maintenant depuis Resident Evil 7 et qui a déjà fait ses preuves sur RE2 Remake où Devil May Cry 5 a encore de beaux jours devant lui.
Bien plus porté sur l'action que RE2 Remake, cet opus réussi ce qu'il entreprend (de ce côté-là du moins) et arrive tout de même à garder cette atmosphère pesante. Les personnages paraissent moins lourds, les munitions ne sont plus une denrée rare et vous regretterai moins ces petites pertes de contrôle qui vous forçaient à absolument buter un zombie largement évitable, même si cela vous coûtait une bonne dizaine de balles.
Jusque-là pourquoi pas.
Autre nouveauté de gameplay qui mine de rien chamboule pas mal votre approche dans les niveaux : l'esquive. Pas forcément nécessaire, j'ai trouvé qu'elle rendait le jeu bien trop facile. Là ou un couloir étroit bloqué par un ou deux zombies pouvait devenir un problème avec Léon, il vous suffit ici de les déstabiliser à peine et de se faufiler en esquivant.
Mais vous pouvez aussi brûler tout ce putain de couloir parce qu'encore une fois, vous ne manquerez pas de munitions.
En revanche un énorme point fort du 2 manque à l'appel ici : la liaison constante entre tous les niveaux et la possibilité de naviguer à n'importe quel moment entre ceux-ci sans temps de chargement. Cet aspect dans le level design me plaisait tout particulièrement puisqu'il donnait une réelle impression de progression dans le jeu, on se voyait avancer tant bien que mal. On pouvait à n'importe quel moment revenir en arrière chercher un item dans un casier en se disant au passage "putain j'ai quand même fait tout ce chemin".
Ici la progression est compartimentée. On termine une zone et on progresse jusqu'à la suivante, sans vraiment avoir l'impression que tout à un lien. Dans le 2 on savait ce que l'on cherchait, pourquoi on le cherchait et où cela allait nous emmener.
De plus la première moitié est bien plus intéressante à parcourir que la seconde qui se révèle assez répétitive.
Il manque également certaines phases assez iconiques du jeu de base : le beffroi, le cimetière, et ça mine de rien ça n’a été facile à compenser…
Alors le jeu est parfaitement lisible sans, mais si c'est pour les sortir en DLC dans quelques semaines Capcom aura résolument décidé de vous essorer jusqu'au dernier centime.
Et puis 6h de jeu c'est franchement peu à partir du moment où il y avait matière à faire plus dans le jeu original.
Mais la plus grosse déception reste quand même du côté du Nemesis qui, comparaît à Mr X de RE2 Remake n'est ni effrayant, ni oppressant, NI PRÉSENT PUTAIN !
Il est bien là parce que c'est un boss récurent du jeu mais les 2 ou 3 fois ou vous devrez lui échapper sont juste anecdotiques. Tout le délire avec les "zones safe" qui n'en sont plus, les niveaux qui peuvent à tout moment être investis et perturbés par Nemesis etc etc, nada !
J'aurais aimé également que le lien entre le 2 et le 3 soit plus "franc". Sachant que les histoires des deux jeux sont parallèles, on se contente d'arpenter quelques mêmes lieux à un intervalle qui semble assez court entre le passage des deux histoires mais rien de transcendant. Et ce ne sont pas les 2 PNJ que les jeux ont en commun qui vont harmoniser l'espace-temps de la saga.
Resident Evil 2 remake et RE3 remake auraient dû être vendus ensemble. Le 3 aurait pu à la rigueur être un DLC du 2, même si de base c'est une œuvre à part entière il ne vaut clairement pas son prix de 60€.
J'oscille entre coup de cœur et frustration. J'aime ce jeu pour ce qu'il m'a fait vivre et pour ce don d'envoûtement que cet univers a sur moi mais je le déteste pour sa fainéantise.
Le jeu est bon, mais il aurait pu être un véritable chef-d’œuvre.
Capcom en a les moyens, Capcom sait comment faire mais Capcom n'a juste pas envie de se casser le cul à débourser plus de ronds pour un jeu déjà prédestiné à se vendre par palettes avant même son annonce.