Il y a deux choses qu’il me faut vous avouer avant de vous parler plus en profondeur de ce « Super Mario Bros 3 ». La première c’est que j’ai découvert ce jeu en m’achetant une Super-NES en bundle d’une part avec « Super Mario All-Stars » (dans lequel se trouvait ce « Super Mario Bros 3 ») mais aussi d’autre part avec le merveilleux « Super Mario World ». Quant à la deuxième chose qu’il me faut vous dire, c’est que de ces cinq jeux « Mario » (que j’ai pour le coup tous découverts plus ou moins en même temps), « Super Mario World » fut de loin une de mes plus grosses claque de joueur, à tel point que je le considère encore aujourd’hui – même trente ans après sa sortie – comme l’une des grosses références du platformer 2D de l’Histoire du média… Et oui oui j’insiste : je parle bien de « Super Mario World » hein et pas de ce « Super Mario Bros 3 » dont il va être ici question.
Vous allez me dire : « Mais pourquoi préciser cela ? » Quel est l’intérêt puisqu’il s’agit avant tout ici de parler de « Super Mario Bros 3 » et non de sa suite sortie deux ans plus tard ? Eh bien sachez que si je vous précise tout cela c’est parce que, l’air de rien, on reste toujours conditionné par notre manière de découvrir un jeu. Or, moi, c’est un fait, j’ai découvert ce « Super Mario Bros 3 » en même temps que « Super Mario World » et je pense sincèrement que c’est l’une des principales raisons qui font que ma note – bien que très honorable – n’aille pas au-delà du 7/10.
Parce que, oui, quand on se risque au jeu des comparaisons, « Super Mario Bros 3 » – quand on y joue en même temps que « Super Mario World » – c’est quand même plus rigide (le jeu ayant été pensé pour une manette à deux boutons hors croix directionnelle, quand « Super Mario World » tirait parti d’une manette à six boutons), c’est quand même moins riche, et surtout c’est quand même moins bien équilibré en termes de difficulté. Alors oui, dire cela c’est juger ce jeu en dehors de son contexte de sa sortie. Mais on ne va pas se mentir non plus : aujourd’hui, qui peut espérer découvrir ce jeu en plein dans son contexte de sortie ? Pour le coup, renouer avec ce qui faisait la force de ce titre au moment de son édition en 1988, c’est surtout faire davantage un travail intellectuel de reconstitution et d’analyse plutôt qu’un banal retour d’expérience de joueur…
Mais bon, si on fait un tant soit peu cet exercice de reconstitution, il faut quand même bien reconnaître que ce « Super Mario Bros 3 » a vraiment de nombreux mérites et que – dans les faits – il est clairement le « jeu passerelle » qui fait la transition entre la formule de base des « Super Mario Bros » et cette version magnifiquement aboutie qu’est « Super Mario World ». Finis les niveaux en enfilades : la carte avec ses embranchements fait son apparition. Non seulement cela permet des thématisations esthétiques de chaque monde, renforçant l’aspect aventure, mais en plus cela permet aussi de réfléchir à un véritablement enrichissement vidéoludique. En effet, chaque monde amène avec lui son lot de nouveautés en termes de pièges et d’ennemis. L’impression de progression et de diversité est renforcée. Même chose enfin pour le costume de Mario Tanooki qui apporte une vraie diversification dans le gameplay (et qu’on peut d’ailleurs clairement percevoir comme un « précurseur » de la cape dans « Super Mario World ».)
Donc oui, « Super Mario Bros 3 » peut être considéré comme un épisode pivot, à défaut d’être un épisode phare. D’ailleurs mon 7/10 dit aussi ce qu’il dit bien : si ce « Super Mario Bros 3 » n’est pas non plus une expérience de jeu transcendantale, il n’en reste pas moins une bonne expérience de jeu. L’exigence et le savoir-faire de Nintendo sont au rendez-vous, si bien qu’on pourra pester contre la difficulté du titre sans pour autant pester contre son manque de maniabilité ou de cohérence. Tout est faisable pour peu qu’on y prenne du temps. (C’était l’époque où un jeu coutait si cher qu’on ne lui en voulait pas de nous résister un peu.) Et puis surtout, les développeurs avaient pensé à l’astuce de la flute – cet instrument qui nous permettait de sauter des mondes – si jamais on en avait marre de devoir tout se retaper pour atteindre le challenge final. D’ailleurs, très beau boulot pour le dernier monde. Passer en revue l’armée de Bowser avant de s’attaquer au boss final, je trouve que ça en jette grave…
Au final, il faut quand même bien rendre à César ce qui revient à César : « Mario Bros 3 » reste un jeu efficace à défaut d’être pleinement jouissif (de mon point de vue). Il a posé sa pierre à l’édifice du jeu de plate-forme et ce n’est clairement pas rien. Et, en plus de cela, pour peu qu’on y joue sur sa version Super-NES ou bien sur émulateur, la problématique du retour au point de départ à la fin de chaque partie ne se posera pas puisque la possibilité est donnée de commencer au niveau voulu. Bref, autant de raisons qui sauront peut-être convaincre certains « retro gamers » d’aller tâter la bête, et ils auraient bien tort de s’en priver…