A Game of Thrones : Genesis est l'adaptation en jeu vidéo de stratégie temps réel de la désormais célèbre saga littéraire de George R.R. Martin. Si les adaptations en jeu vidéo sont la plupart du temps ratées, je dirais que, dans le cas présent, ce n'est pas le cas. Pas au niveau de la jouabilité. N'ayant pas lu les romans, j'aurais un peu de mal à juger des références faites aux romans.

AGoT : Genesis est un jeu où la partie gestion est plutôt limitée : on se contente de récolter or et nourriture et la construction de bâtiments n'est pas au programme. De même, il n'y a pas d'exploration à proprement parler, la carte étant intégralement dévoilée en début de partie.
Mais allons à l'essentiel : vous dirigez l'une des célèbres Maisons du Trône de Fer et vous ne contrôlez qu'un seul bâtiment, votre Demeure. Votre but ultime est de battre la ou les Maisons concurrentes, et, pour ce faire, il vous faudra vous assurer l'alliance de villages, châteaux ou bâtiments spéciaux disséminés sur la carte grâce à vos unités, lesquels vous rapporteront alors un certain revenu vous permettant d'en enrôler d'autres.

Ce qui fait la principale force de AGoT : Genesis, c'est l'éventail d'unités disponibles possédant chacune leurs spécificités et la multitude de combinaisons possibles. Par exemple, l'émissaire (l'unité de base) est capable de signer des alliances et d'expulser les émissaires et espions adverses hors de vos « propriétés », l'espion est capable de signer des alliances secrètes (qui ne sont pas dévoilées à vos adversaires) et de déceler les unités invisibles, les traîtres ou les alliances secrètes de vos adversaires, etc.
Inutile de vous sortir une liste exhaustive ; une douzaine d'unités est disponible. Vous pourrez ainsi assassiner ou capturer une unité gênante, infiltrer un espion chez l'ennemi (dont tous les bénéfices de ses actions vous reviendront), déclencher une rébellion dans une ville ou encore séduire des unités isolées ou conclure des alliances de sang à l'aide de courtisanes. C'est bien sûr sans compter sur votre Suzerain et votre Héritier qui pourront mobiliser des troupes depuis leur position, ou sur l'unité spéciale de votre Maison (les Stark ont un loup permettant de prévenir les assassinats, par exemple).

Les conditions de victoire sont calculées de façon plutôt complexe : la première Maison à atteindre cent points de Prestige l'emporte, et il faudra pour cela avoir scellé le plus d'alliances, posséder les plus gros revenus et avoir capturé et assassiné le plus grand nombre d'unités adverses. Toutefois, dans le cas où vous ne seriez pas parvenu à remporter la victoire avant la déclaration de guerre (qui survient lorsque trop d'exactions ont été commises, de la part d'un camp comme de l'autre), il vous faudra enrôler et entretenir des troupes armées en vue d'effectuer des sièges. A ce sujet, les combats sont plutôt minimalistes : chaque unité en domine une autre (gardes < soldats < archers < cavaliers < gardes) et vous pouvez former un commandant afin de maintenir l'efficacité et le moral des troupes. De la même façon qu'en période de paix, la première Maison à atteindre cent points de Prestige l'emportera.

J'aurais bien aimé tester la partie Multijoueur et agrémenter cette critique d'une petite vidéo en jeu commentée, mais je n'ai pas réussi à rejoindre les (rares) salons de jeu disponibles, et Fraps semble avoir du mal à capturer la vidéo... la faute à cette saleté de TAGES ?

En ce qui concerne la partie solo, on nous propose un tutoriel (assez basique et lourd, presque entièrement scripté), des campagnes (au nombre de huit ou neuf) et de l'escarmouche (avec une quinzaine de cartes).

La première campagne, prenant place plusieurs siècles avant les bouquins, nous met dans la peau de Nymeria, la Reine guerrière, lors de son débarquement en Dorne et sert de complément un peu plus agréable au tutoriel. Les « vraies » missions commencent avec la deuxième campagne, qui est certes plus difficile, mais pas franchement beaucoup plus enthousiasmante et intéressante à jouer... en revanche, j'ai beaucoup apprécié les quelques parties en escarmouche que j'ai pu faire contre l'IA.

Si les voix des doubleurs ne sont pas franchement désagréables, les répliques sonnent faux et on a l'impression d'entendre du Ca-be-rel. En revanche, si les musiques ne sont pas transcendantes, elles ont au moins le mérite de poser l'ambiance tout en se faisant relativement discrètes, ce qui est une qualité fort appréciable dans le cas des jeux où les parties peuvent durer un moment. Les graphismes, quant à eux, sont plutôt soignés et agréables, même si le jeu ne brille pas sur le plan technique (les animations sont approximatives et pauvres, et le niveau de détail du terrain dépasse parfois à peine celui du premier Dawn of War).

Le principal intérêt du jeu réside selon moi dans le mode escarmouche et dans le mode multijoueur classé. A huit, l'assassinat, les alliances secrètes et le harcèlement de marchands doit être un régal. Vous aurez cependant du mal à trouver ne serait-ce qu'une partie non classée en ligne, le jeu semblant avoir été déserté par les joueurs, et surtout par la presse. On remerciera une campagne de comm' quasiment muette. Le jeu sera peut-être un peu moins boudé une fois à vingt euros à Noël ?

Pour résumer, AGoT : Genesis est selon moi un très bon jeu de stratégie qui exploite des mécanismes intéressants, mais risqués. Un certain nombre de joueurs risque de ne pas aimer l'absence de construction, de trouver les parties assez molles, ou trop limitées en comparaison d'un Civilization.

Toutefois, le jeu est bien plus qu'une bête skin pour Age of Empires 2 comme aura pu l'être Galactic Battlegrounds, et les types qui hurlent à la bouse et au « foutage de gueule » sur reddit n'ont probablement jamais essayé de jouer à l'adaptation de Braveheart.
Makks
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le 8 oct. 2011

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Makks

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