J'ai terminé A Normal Lost Phone, et j'ai quand même une sensation bizarre, je m'interroge sur le contenu quand même. Vous me direz, en ça, l'auteur a peut-être réussi sa mission.
J'ai beaucoup aimé la forme: la narration est efficace, les "étapes" se débloquent régulièrement, de manière fluide, le tableau brossé est clair, les zones d'ombres sont maîtrisées, le jeu est juste assez long.
Par contre pour ce qui est du contenu je suis perplexe, ça m'a fait la même impression désagréable que "Sense 8" des Wachowski - en moins pire quand même, j'ai détesté cette série.
Ma question c'est : à qui ce jeu s'adresse-t-il?
1) Aux homophobes, pour les sensibiliser: perdu, ils n'y joueront pas ou détesteront
2) Aux "éclairés" (LGBT ou non) qui ne vivent pas ces problèmes de coming-out: on (je me cale dedans) est déjà bien sensibilisés à la question. Jouer à ce jeu donne l'impression de lire un biais de confirmation, un peu comme ma frangine lit "Psychologie Magazine" pour se rassurer sur ses certitudes. Ca ne m'intéresse pas du tout.
3) Aux gens qui vivent/ont vécus ces problèmes. Je ne sais pas ce que ce genre de récits peuvent leur apporter. C'est quand même pas hyper profond, pas très analytique... même si celui-ci ne tombe pas dans le cliché, c'est une histoire plutôt crédible (ce que n'est pas Sense 8 et ses LGBT filmés comme des bêtes de foire).
J'ai du mal à ce que cette histoire soit le sujet central de l'oeuvre, ça me semble pas assez intéressant. D'autres oeuvres questionnent et mettent en scène l'adolescence avec moins de condescendance et plus de propos tout en étant juste un élément de contexte hyper crédible, ça fonctionne bien mieux ainsi.
Sujet délicat j'en conviens, et difficile de décrire ce qui tient de la sensation, du ressenti un peu intime.
Je n'ai pas du tout aimé, mais ayant conscience de ne pas être la cible, j'ai également beaucoup de mal à en dire du mal.