AI: The Somnium Files est un vn traduit en anglais uniquement, avec doublage dans la même langue et jap, à ambiance policière. Je ne connais aucun travaux de l'équipe donc je ne pourrais pas faire le jeu des comparaisons.
Ici, on est pas sur du vn à image fixe mais plutôt sur du "vieux machinima", c'est-à-dire un rendu un peu particulier a base de moteur 3D et d'animations rigides. J'aime beaucoup perso, notamment parce que ça permet une mise en scène plus dynamique que ce que l'on a généralement dans le genre vn, même si ça peut faire un peu cheapos. Les scènes d'actions sont d'ailleurs assez pitoyables à cause de ça.
On incarne un certain Date, flic de la mémoire pour résumer rapidement, qui va enquêter sur une série de meurtres. D'abord sur le terrain, ensuite dans la tête des témoins ou des suspects récalcitrant à nous exposer la vérité.
Le jeu demande une participation active assez régulièrement, que se soit pour causer en choisissant l'ordre des sujets à aborder, analyser le décors ou pour farfouiller dans les mémoires donc il faudra oublier de vouloir faire le jeu comme on lit un livre.
Tout est linéaire mais on aura une marge de manœuvre dans la mémoire des personnes. En pratique, ces phases nous demande de reconstituer des évènements en réalisant diverses actions dans un tout petit niveau. Les embranchements scénaristiques se décident d'ailleurs dans ces moments-là, de manière assez intéressante puisque c'est plus ou moins l'état dans lequel on laisse le subconscient du sujet qui influe sur le reste. Ils ne sont cependant pas si nombreux et une pirouette permettra à la fin véritable quelques légers raccourcis mais le tout se tient.
L'aspect "escape game" des mémoires est accrocheur pour peu qu'on ne soit pas gêné par sa progression die & retry. Se louper permet souvent de se retrouver avec des scènes humoristiques "bonus", ce qui est plus agréable qu'un bête game over immédiat amha.
Un compteur de 3 minutes encadre le tout et, forcément, nos différentes initiatives coûtent plus ou moins de temps à être effectuées. On influence son écoulement lorsque l'on reste immobile, il se fige presque alors, ou lorsque l'on utilise les bonus/malus accordés après chaque action.
Puisqu'on parle VN, j'ai trouvé l'histoire bien cool et j'ai accroché à fond à l'humour bien beauf du jeu, capable d'afficher fièrement la passion du héro pour les magazines pornographiques ou des bandits assez stupides pour se laisser déconcentrer par un soutien-gorge. Il y a des révélations qui se devinent trop vite, surtout la "principale", mais le suspense et les fausses pistes sont bien utilisés amha.
A vu du gameplay, inutile de dire qu'il faudra ses deux mains pour jouer. Les plus impatients remarqueront également que les dialogues et scènes hors mémoire ne pourront pas se passer en mode bourrin : il y a régulièrement des "lags" quand on ne laisse pas le doublage terminer sa phrase, le temps de charger la suivante en somme. Un défaut contenu donc, le jeu ne se basant pas sur des ng+ pour se dévoiler entièrement.
Et là je vais évoquer ce qui m'a déplu mais attention, ça va spoiler sec toute la structure du jeu.
Avant d'attaquer le gros du sujet, un petit mot sur un moment pro-lgbt super maladroit : le discours sort de la bouche d'une personne gênée d'être face à un Dragkeen alors que Date le considère normalement tout au long de l'aventure et qu'il aurait sûrement été le personnage le plus à même de sortir cette plaidoirie sans dénoter. C'est un détail mais vu l'importance que prend ces questions aujourd'hui, c'est dommage de voir un effort d'engagement se prendre les pieds dans le tapis aussi bêtement.
Et cet aparté terminé, passons aux choses sérieuses ! Les embranchements ne sont pas imbriqués entre eux et sont des routes différentes avec, certes, assez peu de redondance narrative. Le thème de fond va donc rester mais on est littéralement sur des routes à base de "suis moi monsieur l'agent". Ce n'est pas du dating sim où l'on finit avec quelqu'un mais le principe est le même : on découvre la vie d'untel ou d'untel et on leurs souhaite bonne chance alors que le meurtrier cavale toujours. Toutes les routes ne sont pas de qualités égales mais je tiens quand-même à décerner une mention S+ à celle de Mizuki.
Le soucis à mes yeux réside en deux points :
- Cette fameuse route est assez bien foutue pour remettre en cause les réactions de Madame dans la true end
- Ces routes peuvent aboutir à un écran disant littéralement : "va ailleurs et reviens après pov' naze"
- Il n'y a que deux routes avec une "vraie" conclusion. Et quand on connait le motif de l'assassin, ça ne peut pas coller.
AI: The Somnium Files m'a plu au global et j'ai apprécié de passer 33h pour le compléter en plein. Je n'ai pas été dérangé par le mélange d'humour, gras ou non, et d'ambiance plus grave même si je dois admettre avoir des réserves sur la structure des embranchements faisant évoluer le récit. C'est un vn aussi un peu radin en bonus, ce concentrant sur son mode pour visionner son clip de jpop en changeant deux trois babioles comme le background.
Pour la technique, je ne déplore aucun problème particulier, bien que la lisibilité des textes soit perfectible en mode portable. Le tactile est d'ailleurs pauvrement implémenté puisque s'il permet de pointer un élément à l'écran, il ne permet pas de valider une action ou un dialogue. Le taux d'images par seconde baisse un peu aussi par moment mais compte tenu de la nature du jeu, ce n'est que très peu dommageable en pratique.