Tiens, justement, je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Annoncé depuis belle lurette, le projet Alan Wake m'avait pendant longtemps laissé assez indifférent. Pourtant, l'idée d'incarner un écrivain aux prises avec ses propres démons et ses propres créations devait forcément me séduire. Petit à petit, je me suis donc laissé conquérir par cet univers sombre et j'ai fini par attendre la sortie avec impatience. Le premier contact aura été la mini-série Bright Falls. Ni extraordinaire, ni éclairante, elle m'a toutefois plu grâce à son atmosphère qui n'est évidemment pas sans rappeler Twin Peaks. Puis, à la réception de mon édition collector, c'est le livre qu'elle contenait qui m'a beaucoup plu : le travail était palpable, la réflexion était réelle. Le monde d'Alan Wake est prégnant et dépasse largement le cadre du jeu vidéo.
J'étais donc fin prêt à plonger dans l'ombre, et je l'ai fait avec plaisir. Alan Wake fait partie de ces oeuvres qui vous happent totalement : vous êtes dans le jeu et vous n'en sortez qu'un bon moment après avoir éteint la console. Si le scénario n'est au final pas vraiment très original, la narration et la mise en scène le mettent très bien en valeur et suffisent à créer la surprise et l'attente chez le joueur. A tel point qu'on en deviendrait presque paranoïaque, et qu'une simple petite phrase nous fasse douter de tout : de nos hypothèses, de ce qui nous semblait pourtant certain, des autres personnages. Les différents stratagèmes employés par la narration témoignent en tout cas d'une grande maîtrise du genre fantastique, transposé ici avec intelligence.
Amateur de films d'épouvante, c'est aussi l'atmosphère lourde d'Alan Wake qui m'a séduit, et surtout ces errances en forêt, lorsque le vent se lève, murmure puis hurle entre les arbres, lorsque tout tremble autour d'Alan et que l'on n'arrive pas à trouver le chemin à suivre. Le titre n'est pas foncièrement effrayant, mais je me suis senti vraiment mal à l'aise en y jouant (en partie aussi parce que j'ai peur des tempêtes depuis qu'une tornade s'est abattue sur mon village natal). Reste en marge de toutes ces belles qualités un gameplay assez redondant et plutôt basique malgré les passages mémorables (les meilleurs se trouvant selon moi dans l'extension L'écrivain, dommage). Alan Wake reste tout de même un délicieux voyage au bout de la nuit, et j'espère vraiment qu'il y aura une suite qui nous emmènera plus loin, plus profondément dans la folie de l'écrivain maudit qui écrit sa peur.