Alan Wake par Mickaël Barbato
Dire qu'Alan Wait... euh Wake s'est fait attendre est un doux euphémisme, ce qui veut aussi dire que Remedy (capable du meilleur avec Max Payne) a eu le temps de peaufiner leur jeu.
En tout cas, c'est ce qu'on pouvait espérer et forcé de constater que les développeurs ont dû passer plus de temps à la machine à café qu'au travail, tellement tout, en dehors d'une ambiance globalement réussie, mais souffrant d'une VF particulièrement mauvaise, semble daté de l'époque de mise en route du projet.
Terminé l'envie de donner dans l'originalité d'un survival-horror en monde ouvert, envie certainement trop dérangeante pour un public 360 très porté sur l'action avant tout. On aurait pu espérer qu'en tant d'années Microsoft puisse payer des cours de level design à Remedy qui, visiblement, a beaucoup de mal dans ce domaine. Espérons que les grandes ballades bien champêtres vous bottent, car vous allez bouffez du conifères, et pas qu'un peu...Alors on se retrouve avec de bons vieux couloirs parfois un peu larges, permettant de disséminer ça et là des thermos de café sans aucune autre utilité que faire sortir le joueur de son l'ambiance pour une course au Succès complètement hors-trip.
Trip qui ne sera pas encouragé par l'aspect visuel tant la technique s'avère décevante sur plusieurs points. Tout d'abord, ce sont les animations faciales lors des cut-scenes qui nous donnent l'impression d'un retour à l'époque PS2. Puis c'est la résolution à peine plus haute que celle d'un jeu Wii qui finit de nous faire comprendre que quelque chose cloche. Bien sûr, certains effets de lumières nous rappellent qu'on est bien sur une console HD, mais compte tenu du temps de développent, on est en plein dans le foutage de gueule carabiné.
En soi, ce ne serait pas si grave si l'histoire était bien contée, seulement le découpage en épisode pour séduire le public télé accroc aux daubes de 20h30 sur TF1 est gênant, coupe le rythme de façon brutal et surtout ne sert absolument à rien à part créer une distanciation entre le joueur et son avatar. Remedy a visiblement oublié qu'un bon jeu de ce genre se doit d'envelopper le joueur dans une ambiance suffocante, sans laisser aucun répis, et certainement pas lui proposer des génériques débiles toutes les heures de jeu.
Et si seulement les défauts s'arrêtaient à ce ressenti... C'est aussi tout le gameplay qui est loin d'être satisfaisant. L'équilibre du jeu est très mauvais, entre les ennemis qui, parfois, donnent l'impression de respawner tellement ça arrive de partout et l'évidente volonté de proposer une histoire effrayante. Quand on doit défourailler sur un rythme frôlant celui d'un BTA, difficile de se laisser imprégner d'une quelconque ambiance.
Car les phases d'action représentent, au bas mot, 80% du soft, et ne pensez pas que l'interminable développement a pu laisser du temps à Remedy de les peaufiner et de proposer de la diversité. Rien ne viendra s'ajouter aux connaissances acquises dès le premier quart d'heure de jeu.
Au final, voilà un bien piètre exemple de plus de jeu next gen à tendance horrifique qui passe complètement à côté de son sujet, à croire que le genre ne trouvera jamais le juste équilibre à cause, paradoxalement, de possibilités techniques trop grandes qui pousseraient les développeurs à un certain "jemenfoutisme". Alan Wake n'est ni original, le cinéphile a déjà vécu cette histoire une bonne centaine de fois et le gamer retrouve plein d'impressions laissées par d'autres (Alone in the dark 4 et 5, Silent Hill 2, une tonne de TPS HD etc) ni prenant. Un comble après avoir été autant attendu.