Alien: Isolation
7.4
Alien: Isolation

Jeu de Creative Assembly et SEGA (2014Xbox 360)

Quand on parle de jeux adaptés de licences, on a pendant longtemps grimacé étant donné la constance auquel s’efforçait chaque jeu de cette catégorie à être médiocre ou au mieux passable, car oui très souvent le résultat n'était pas fameux puisque poussé par une finalité pécuniaire à peine dissimulé, mais ne soyons pas mauvaise langue car il existait aussi quelques exceptions à cette tendance générale. En effet, il n'aura pas fallu attendre le retour fracassant du chevalier noir dans la série Arkham en 2008 pour voir de bonnes adaptations de super héros, on pourra citer par exemple Xmen Origins: Wolverine qui à défaut d'être l'adaptation d'un très bon film est au moins un bon jeu bien bourrin et honnête pour les standard de l'époque. Tandis que du côté de Marvel, notre tisseur préféré se portait à merveille avec quelques aventures de bonne qualité (Spider Man 2 sauf sur pc , Ultimate Spiderman et Le règne des ombres). Dans un autre registre, les premiers harry potter (du 1 au 3) s'en tirent à bon compte avec des adaptations captant l'ambiance si particulière des films avec un grand talent, en grande partie grâce à la musique signé Jeremy Soule.


Enfin les jeux Alien, à l'exception de la daube Colonial Marines s'en sortent plutôt bien mais qu'en est-t-il de Isolation ? Et bien il suffit de jeter un œil sur le nombre de petites étoiles jaune alignés au dessus de ma critique pour comprendre que je le classe facilement du côté des bonnes adaptations, d'ailleurs le jeu accorde un soin tout particulier à son statut en captant l'ambiance du huitième passager comme aucun autre auparavant. De la fidélité des décors avec un sens du détail presque maladif, à la bande son qu'on croirait tout droit sorti du film, Alien Isolation a été conçu par une équipe de fan pour des fans et ça se ressent à chaque instant. Creative Assembly cherche à nous immerger totalement dans la station orbitale Sevastopol et relève le défi en parti grâce à un aspect technique rarement pris en tort, l'équipe a bien bosser sa copie et, Oh miracle, nous sert une optimisation en béton armé avec un framerate stable aussi bien sur console que sur pc. Pas besoin d'aller bidouiller les fichiers du jeu pour avoir un rendu acceptable, ça tourne bien et c'est jolie. Cerise sur le gâteau, le jeu n'exige pas une config démesuré pour pouvoir tourner sur pc (j'ai aussi pu essayer la version Xbox 360, qui s'en tire avec les honneurs par rapport à ses homologues next gen).


En parlant d'immersion, il serait criminel de ne pas faire allusion à la bande-son du jeu qui rend un bel hommage au film avec ses bruits de synthé très 80's et qui rappelle par moment le style de l'ami Carpenter (en particulier la musique du menu principal), elle se dote aussi de quelques morceaux suffisamment stressants pour vous pousser à vous mettre en boule dans le casier le plus proche, le sound design, facteur de grande importance dans les jeux d'horreur est excellent et se rapproche beaucoup du cador du genre qu'est Dead Space. le souffle rauque de l'alien dans un conduit, le bruit assourdissant lorsqu'il se laisse tomber au sol et enfin le pire de tous, le bruit de ses pas lorsqu'il vous prend en chasse.... C'est une expérience à faire au casque tout simplement.


Ce qui est certain c'est que vous aller flipper et pas qu'un peu. Comme la plupart des survivals horror de ses dernières années, le jeu se joue à la 1ère personne et récupère aussi certains poncifs du genre comme l'utilisation des casiers dans les séquences d'infiltration pour se cacher (déjà présent dans Outlast), malgré tout, il tente de se démarquer avec un système de craft qui même si il a le mérite d'exister n'est pas franchement vitale dans votre progression, la faute à un nombre d'outils à confectionner en majorité inutile lors des séquences d'infiltration (bombe fumigène/aveuglante, mine et molotov) puisque qu'ils restent inefficaces contre l'alien et auront peu d'utilité face à une IA humaine peu gâté par la nature. Il faudra compter plutôt sur les fusées éclairantes, les medikits et pour les plus vicieux des bombes sonores (très pratiques pour faire diversion ou appâter le xénomorphe vers une menace humaine) pour pouvoir survivre à bord de la navette Sévastopol sans trop de dégâts. Par contre passez votre chemin si vous vous attendez à flinguer de l'extraterrestre par paquet de dix puisque Creative assembly prend le parti pris extrême de faire d'Isolation un jeu de traque qui s'étend sur une bonne quinzaine d'heures, les développeurs poussent le concept de Némésis à son paroxysme en vous collant très vite aux basques une bestiole hideuse de 2m50 doté d'une vitesse de pointe égal à celle d'Usain Bolt et pour rendre ça un peu plus compliqué, elle est évidemment increvable. Donc laisser tomber les tasers, revolver et fusil à pompe que vous trouverez au fil de votre progression, ça sera parfaitement inutile contre cette menace.


(à l'exception d'un lance flamme très pratique mais déblocable que vers le dernier tiers du jeu)


Vous serez donc forcé de rester accroupi, les mains moites à guetter le moindre bruit suspect avant d'avancer vers le prochain point de sauvegarde, ne comptez pas non plus sur les checkpoints automatiques pratiquement absents du jeu (leur utilisation est limité aux changements de zones) pour pouvoir foncer la tête la première vers l'objectif, et ce qui peut paraître rebutant voire punitif comme parti pris donne tout le charme à l'expérience du jeu, le joueur se doit de calculer ses prises de risques puisque une erreur de jugement peut coûter très cher et entraîne une conséquence irréversible, si le xénomorphe vous prend en chasse, lâcher votre manette et accepter votre destin de brochette humaine car le vilain court plus vite que vous et vous one-shot en un instant. Cet ensemble de choix dans le game design rend le jeu très immersif mais aussi très usant pour les nerfs puisque le joueur n'est quasiment jamais tranquille durant cette longue, très longue descente aux enfers, à tel point que je me suis empressé de le finir vers le dernier quart du jeu.


Sa durée de vie est peut-être même l'un de ses plus gros défauts car Alien Isolation est une exception dans le domaine du survival horror, en général les productions dans ce domaine sont courtes avec une durée dépassant rarement les 10h de temps de jeu, ce choix est sensé car il permet aux concepteurs de bien calibrer la tension et les moments de répit puisque dans l'horreur tout est une question de dosage, hors Isolation s'étire sur une bonne quinzaine d'heures ce qui fait ressortir d'autant plus certains défauts qui n'auraient pas existé dans une version plus brève de l'aventure. Creative Assembly exploite alors à 100% l'excuse du boulot de technicien de notre avatar et il se trouve que la station Sevastopol en a un besoin urgent à bord, bref tout est bon pour nous trimbalé de salles en salles réparer un bidule ou resserrer un boulon au point de perdre de vue le fil du récit.
Faisons donc un bref détour vers l'intrigue qui s'avère relativement convenu et peu intéressante à suivre en grande partie du au problème cité ci-dessus mais aussi puisque elle ressemble plus à une fan-story dopé au Fan service. La démarche a des chances de plaire aux aficionados de la franchise mais reste peu pertinente pour les autres.


Malgré tout Alien Isolation reste l'un des meilleurs efforts de ces dernières années dans le petit monde du survival-horror, il mérite donc toute votre attention.

96SoToS
7
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le 9 sept. 2018

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