Always Sometimes Monsters n'est ni plus ni moins qu'un simulateur de descente aux enfers sociale, catalysant quasiment toutes nos hantises existentielles et forçant le joueur à outrepasser son humanité pour satisfaire ses besoins primaires : l'argent, la nourriture, le sommeil et évidemment la reconnaissance affective. Autrement dit tout ce que j'espérais voir un jour expérimenter dans un jeu vidéo en termes de dilemmes moraux.
Malheureusement, en dépit de ses intentions louables, le jeu ne parvient jamais à concrétiser réellement ses aspirations. La faute en premier lieu à une écriture trop caricaturale où, à force de diaboliser tous ses protagonistes individualistes et nombrilistes, le récit donne le sentiment d'être plongé dans un surréaliste cauchemar, plutôt qu'une vision morbide de notre réalité. De telle sorte que je me suis davantage retrouvé en train de raisonner comme si j'étais dans un épisode premier degré de South Park que comme si j'étais concrètement plongé dans tout ce que nous essayons de fuir durant notre vie.
L'esthétique, naïve au possible et complètement déconnectée de son propos, n'aide pas à adoucir ce sentiment et puisque le gameplay concret ne consiste qu'en une succession de mini jeux peu inspirés et vite rébarbatifs, seul la puissance narrative du jeu peut fournir la motivation pour finaliser l'aventure.
Et cette motivation demeure, malgré tous ses écueils, grâce à l'originalité persistante du titre qui a l'audace de ne jamais dénaturer son propos acerbe, sacrifiant en cohérence et cohésion ce qu'il y gagne en brutalité et amertume. Comme une colère pure d'adolescent qui pourra sembler aussi ridicule selon le point de vue que toucher la sensibilité de nos inquiétudes intérieures sur la solitude sociale. Certainement pas un grand jeu narratif mais un cri de désespoir qui mérite malgré tout d'être entendu. Et auquel vous finirez peut être par répondre.