Editeur : Eidos Interactive
Développeur : Ion Storm
Type : Aventure/RPG
Sortie : 2001
Attention, OVNI. Les RPG se déroulant dans un contexte SF intersidérale ne sont pas légion sur PC. Pourtant, au lieu de se placer sur une niche pour ainsi dire vide, Eidos a choisi de distribuer un produit non localisé. Si vous n'êtes pas familier avec la langue des Monty Python, passez votre chemin, vous ne pourrez pas faire l'impasse sur les nombreux dialogues qui parsèment le jeu. Beaucoup sont assez amusants, et certains échanges sont carrément tordants (avec des allusions cinématographiques assez marquées dans une atmosphère parfois très humour (noir) et une histoire beaucoup plus sérieuse). Tenez-vous le pour dit, vous allez faire un bout de chemin avec des personnages qui tirent sur quelques stéréotypes, mais les nombreuses cutscenes (dont aucune ne m'a paru longuette) vous débarrasseront des a priori que l'on peut avoir sur eux, mis à part le dernier, un superhéros dépressif complètement transparent. Cela ne gâche nullement les dialogues truculents égrenés au fil de l'histoire. Sans faire de spoiler, Anachronox contient le perso de RPG jouable le plus improbable de l'Histoire. Objectivement sans équivalent, et assez amusant.
L'Histoire, parlons-en. L'on incarne un looser criblé de dettes qui a été un détective, un jour, mais qui est décidé à se refaire après s'être fait rosser par l'homme de main de l'un de ses créanciers. Ni une ni deux, nous voilà parti dans une ville de folie : Anachronox, cité spatiale découverte abandonnée dont les quartiers ne cessent de s'agencer entre eux, comme le montre la séquence d'introduction. Un design de bas-fond souterrain où les passants de la rue d'à côté marchent à la perpendiculaire, un level design tortueux et une charte graphique bien pensée font des taudis rétro-futuristes où l'on débute un endroit mémorable. Le scénario suit une trame classique du je-vais-chercher-le-pain-et-je-finis-par-sauver-le-monde, mais l'histoire est bien amenée, bien pensée, et vous offrira plusieurs retournements surprenants et un ex-cursus tout simplement poilant, si vous n'êtes pas allergiques aux comics.
Plusieurs planètes sont à visiter, et si on passe par les poncifs du genre (métropole, désert, polaire, canyons, station spatiale, ...), quelques-un sortent du lot et virent dans le carrément bizarre. Tous sont agréables à visiter, et sont parsemés de mini-jeux qui utilisent les capacités spéciales des personnages (baratiner, pirater, crocheter, ...). Des équivalents à ces compétences peuvent être utilisés en combat (en tour par tour avec ATB). Les actions sont un peu molles, mais les angles fous furieux de caméra arrangent la chose et la dynamisent. A ce sujet, les combats ne s'encombrent pas (trop) de longueur inutiles, et demeurent relativement peu nombreux : c'est l'exploration qui prime, et la customisation des persos reste assez sommaire (upgrade d'armes et autres) ; mais c'est sans compter un des (sinon le) système de préparation de magie le plus bizarre que j'ai jamais vu, qui demande une bonne dose de préparation, justement.
Les quêtes sont nombreuses et variées, mais encore faut-il les trouver. Ici, point de flèche qui danse sur un PNJ ou un type sapé bizarrement dans une foule uniforme : à vous de trouver les gens qui ont besoin de vous. Cela renforce l'idée d'un monde cohérent et bigarré, et ce ne sont pas les nombreux extraterrestres rencontrés qui me contrediront. Le seul véritable gros point noir du jeu (outre sa non-localisation) est son combat final, trop vite expédié. Mais il est à noter que les développeurs ont eu à faire un choix : couper le scénario ou rendre les personnages aussi transparents que le blister d'un jeu neuf. Ils ont opté pour la première solution, et ont utilisé un passage du scénario originel qui pouvait faire office de fin.
Sans être une transcendance absolue, Anachronox captive jusqu'à son dénouement presque sans déballage épique inutile ni trop de planètes qui se fracassent. Reste une expérience très spéciale qui vous sortira des sentiers battus.