L’ultime et dernier né de la collaboration entre PlatinumGames et Sega vaut bien mieux que la mauvaise réputation qu’il traîne un peu partout sur le net. Une même médaille pour deux visages très différents.
Sorti l’été 2012 au Japon, disparu des plannings américains et européens avant une sortie en catimini et prix réduit en janvier 2013, Anarchy Reigns a eu une carrière chaotique entre projet de fin de contrat et soutien limité de son éditeur. Hommage aux BTA old school, à la Dreamcast et à Sega, le jeu de PlatinumGames est un brawler online avec un mode solo, et pas vraiment un brawler solo avec un mode online. La nuance est importante.
En solo, dans la peau de Jack (de Madworld) ou de Leo, pour un scénario croisé entre prétextes à baston, grand n’importe quoi et nanar pur jus, Anarchy Reigns montre vite les limites d’un gameplay direct, défouloir et fun. Frapper des bots pendant une dizaine d’heures, dans un faux jeu ouvert, ça ne nourrit pas son joueur. Amusant pendant l’aller d’un premier run (avec Jack ou Leo), le retour (avec Leo ou Jack) a déjà plus de mal à passer. La mécanique répétitive (je tape des bots inoffensifs dans un niveau ouvert pour gagner des points et débloquer des missions, principales ou secondaires) lasse rapidement et on se force presque à boucler l’aventure, sans passer par la case « replay » pour débloquer l’autre fin (selon qu’on a choisi de commencer l’histoire avec Jack ou Leo).
S’arrêter là, comme l’ont fait de nombreux sites, serait malhonnête pour le jeu et priverait le joueur du meilleur d’Anarchy Reigns. Le solo est un apéritif (un didacticiel bien trop long, certes) qui permet d’appréhender le gameplay, de débloquer personnages et aptitudes et de mémoriser les vastes arènes. Rien d’indispensable car on débloquera online les personnages de la même manière, au fur et à mesure que l’on prendra du galon.
Le plat de résistance, le sel du titre c’est online qu’on le dégustera. Jeu « cour de récré » pour brutes ou fins combattants, Anarchy Reigns dévoile alors un gameplay fun, défoulant et aux subtilités que le solo ne révélait pas vraiment. Plus tactiques que techniques, les affrontements, au rythme d’une des meilleurs OST depuis Jet Set Radio, obligent à prendre en compte les limites de son skill et les caractéristiques de son personnage. Comme dans une cour d’école, à moins d’être téméraire ou inconscient, on évitera les caïds de niveau 50 pour privilégier quelques fourberies ou des pugilats contre des niveaux 1. L’immensité des maps permet de se faire oublier, de fuir ou de poursuivre un adversaire à la barre de vie tentante pour le kill qui rapporte. Sans compter les évènements divers (arrivée de mutants, kraken, bombardement de missiles ou de poison, zone de santé…) qui redistribuent continuellement les cartes.
A 16 sur une même carte, en équipe, en capture de drapeaux ou en coop à 3, façon vagues à la Gears of War, Anarchy Reigns est l’un des plus beaux hommages à l’arcade pure, à son immédiateté, et à son fun, joués depuis des lustres. Suffisamment bourrin pour un plaisir rapide et parfaitement exigeant et harassant pour y passer des heures. Les novices dérouilleront avec joie quand les habitués y feront la loi.
Madworld ouvrait la collaboration fructueuse entre Sega et PlatinumGames, logique que cette suite spirituelle la referme. Anarchy Reigns c’est une pierre tombale de plus pour Sega mais avec un gros doigt d’honneur dessus.