ASS ! Si vous reconnaissez cette citation, vous connaissez probablement l’Angry Video Game Nerd (alias James Rolfe), ce célébrissime vidéaste américain qui a pris pour mission de tester des jeux pourris. Pour ceux à qui ça ne parle toujours pas, sachez simplement qu’il est l’inspiration directe du Joueur du Grenier en France, comme Fréderic Molas l’a lui-même affirmé.
La trademark de l’émission ? Des insultes, de la colère, du pipi-caca, mais surtout des jeux tous plus pourris les uns les autres, venant majoritairement de l’ère des jeux en 8-bits. Du challenge mal dosé, des contrôles horribles, un level design cruel, des énigmes sans aucun sens, voilà ce à quoi le pauvre Nerd à affaire tous les jours dans son show.
Avec les milliers de fans qui suivent James Rolfe, vous vous doutez bien qu’un bon nombre ont déjà fait l’exploit de développer des jeux-vidéos sur son personnage, mais Avgn Adventures dont nous parlons ici est sans doute le projet avec le plus d’ambition, et le premier à bénéficier d’une sortie sur Steam.
Développé par Freak Zone, le jeu se présente comme un sidescroller 8-bit : vous contrôlez le Nerd, armé de son fameux Zapper ( le pistolet qui servait d’accessoire à la NES ), et vous devez progresser dans des niveaux remplis d’ennemis et de pièges mortels. Le jeu se joue globalement comme un Megaman classique, mais avec de biens meilleurs contrôles : le Nerd peut tirer dans toutes les directions, et la gestion des déplacements et des sauts est très fluide et réactive. Vous aurez 8 niveaux à finir, dans l’ordre que vous souhaitez, avant d’affronter un ultime stage final.
Autant vous le direz tout de suite, vous allez beaucoup vous énerver sur ce jeu, mais si vous mourez, c’est uniquement de votre faute, car la prise en main du personnage est juste nickel.
Maintenant, laissez-moi clarifier quelque chose : un jeu sur l’AVGN, dont l’existence tourne autour des pires supplices vidéoludiques, vous n’imaginez tout de même pas que le jeu va être gentil avec vous ? Le thème même du jeu est d’émuler dans un soft tout ce dont le Nerd a pu se plaindre dans ses vidéos. Le level design n’a donc aucune pitié : parsemé de flopée d’ennemis et autres pièges en tout genre dont la moitié vous tueront instantanément, il vous faudra mourir encore et encore, et par apprentissage, trouver les patterns qui vous permettront de passer tranquillement. Et c’est là que le jeu est absolument brillant : oui, les difficultés sont aberrantes, mais en ayant conscience que chaque obstacle a été pensé exprès pour narguer le joueur en brisant le quatrième mur, elles sont aussi une grande source d’hilarité. Le jeu parvient à nous transmettre de l’humour uniquement par le gameplay, en nous faisant rire de l’absurdité et du sadisme des obstacles que l’on rencontre. Mais contrairement à I wanna be the guy, où l’expérience de die and retry peut vite devenir insupportable, on apprend ici très vite de nos erreurs. La mort agaçante à répétition, c’est celle que l’on subit alors qu’on ne devrait plus la subir : lorsque l’on a compris comment passer mais que le jeu est tellement mal conçu que l’on continue tout de même à mourir. Or, comme je l’ai dit plus haut, la fluidité quasi-parfaite des contrôles nous permet sans problèmes de surmonter les dangers une fois que l’on a compris comment les éviter. Donc la mort à répétition n’est que rarement source de frustration dans ce jeu puisqu’elle nous instruit simplement de la démarche à adopter pour ne plus mourir, sans pour autant nous rendre la tâche totalement aisée, et au final, finir les niveaux nous donne un grand sentiment d’accomplissement. Qui plus est, le jeu offre un large choix de modes de difficulté, ce qui permet de doser le challenge selon notre aise.
On pourra toutefois regretter l’usage minime, voire presque inexistant (du moins en mode normal) que l’on fait des personnages secondaires et des power-up. Leur présence dans le jeu feront sourire les fans du travail de James Rolfe, mais n’apportent pas grand-chose au niveau du gameplay.
Au final, qu’est-ce que c’est AVGN Adventures ? Et bien, ça n’est pas seulement un jeu destiné uniquement aux fans de l’AVGN, c’est avant tout une excellente expérience de sidescroller, pas très longue certes, mais avec une excellente valeur de rejouabilité (grâce aux modes de difficulté croissante que l’on débloque). Mais encore plus que ça, si je devais qualifier la singularité du soft par un seul paradoxe, je dirais que c’est comme si on avait pris tous les éléments qui font un jeu pourri, et qu’on en avait fait un bon jeu.
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