Je viens de finir Rain, un petit jeu indépendant sur le PS Store sorti le 2 octobre et qui se voulait dans la lignée de quelques précédents titres du même genre, comme Journey ou Flower.
Pour avoir fini Flower, je peux vous dire que c’est le genre de jeu qui se caractérise et s’apprécie par le biais de l’atmosphère. Ils ont une visée poétique qui se concrétise par une esthétique visuelle et une ambiance musicale relativement apaisante, ou tout du moins agréable à contempler, tout en racontant une histoire souvent très libre à interprétation. Le jeu raconte l’histoire d’un enfant malade qui aperçoit par la fenêtre la silhouette à moitié invisible d’une fillette, poursuivie par une ombre inquiétante. L’enfant se rue sous la pluie pour sauver la fillette, dans une ville en proie aux ténèbres et envahie de créatures étranges.

Alors est-ce que ca marche ici ? Et bien, sur ce point, y’a pas photo, l’ambiance pluvieuse du titre à quelque chose de sombre et de beau à la fois, et la narration par le texte donne au jeu une aura de film muet. Saupoudrez le tout du magnifique « Clair de Lune » de Debussy, et vous êtes parti pour vous échapper pour 3 ou 4 heures.
Oui, oui , 3 ou 4 heures. Parce que c’est la durée de vie de ce jeu, (comptez en donc 6 en tout si vous voulez le finir une seconde fois avec tous les secrets) . En soi, si l’on considère l’objet vidéoludique comme ce qu’il est, ca n’est pas véritablement surprenant, le jeu s’assumant comme une petite histoire, assez courte, presque proche d’une nouvelle en fait. Ceux qui crieront au scandale pour la durée de vie seront probablement ceux qui seront frustrés d’avoir déboursé 13 euros pour 3h de jeu.

Mais qu’en est-il du gameplay, est-ce que ça n’est pas l’essentiel au fond ? Et bien en l’occurrence, j’aimerais dire que non, cependant il est frustrant de voir le potentiel incroyable que ce jeu gâche en terme de gameplay. Il se base sur un principe simple dans l’idée mais assez originale dans la forme : Vous êtes invisible. Cependant lorsque vous vous tenez sous la pluie, les gouttes dessinent votre silhouette, vous rendant alors visible par les monstres. Pour échapper aux ennemis, vous devrez trouver des endroits à l’abri de la pluie pour vous rendre invisible à leurs yeux. Qui plus est, l’aventure est parsemée d’idées qui font évoluer ce principe, par exemple, les monstres que l’on doit faire s’entretuer pour passer, un peu comme dans Oddworld, ou bien la collaboration avec la fillette, que l’on peut facilement comparer à Ico. Mais toutes ces belles idées avortent bien vite : en effet le jeu ENTIER ressemble même à un énorme tutoriel. Normalement dans un jeu vidéo qui introduit des mécaniques originales, les premiers niveaux servent d’introduction pour apprendre comment s’en servir, et les niveaux qui suivent font un combiné de toutes les mécaniques qui se complexifient et créent des énigmes plus ardues qui sont censées faire réfléchir le joueur (Pensez à Braid ou à Zelda ). Or, cette complexification n’arrive jamais dans Rain : toutes les bonnes idées en restent au stade fœtal, ce qui est un bien triste gâchis. On nous introduit des mécaniques qui ne sont ni réutilisées par la suite, ni complexifiées, ce qui fait du jeu une simple promenade de santé, tant dans l’action que dans la réflexion.

Le jeu propose également de refaire l’aventure une seconde fois, avec cette fois ci des secrets à collecter un peu partout, supposés nous apporter quelques précisions sur l’histoire. Si certains y voient ici une pauvre tentative d’allonger la durée de vie, je prendrais la position de la défense ici pour penser qu’il s’agit tout simplement d’une façon d’apprécier le récit une première fois sans avoir d’indices extérieurs sur le cœur de la trame. Une façon de nous mettre dans le même désarroi que l’enfant que l’on dirige peut être ? Mais malgré cela, on est toutefois forcé de constater que les secrets n’apportent pas grand-chose en soi, si ce n’est quelques textes énigmatiques qui pourront peut-être aider les plus lucides d’entre vous à percer à travers les métaphores de l’histoire.

Au final, si vous arrivez à faire fi du rapport durée/prix, et si vous avez un minimum de sensibilité pour ces jeux à caractère poétique, vous pourriez trouver intéressant de vous y essayer. Le regret majeur du jeu étant l’expérience éphémère et peu rejouable, ainsi que des idées de gameplay brillantes mais malheureusement sous exploitées. L’important, c’est d’être capable de se laisser bercer par l’émotion que le jeu véhicule.
Bucketbot
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le 21 oct. 2013

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Bucketbot

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