En 1999 sortait sur PS1 Ape Escape, une sorte de Planète des singes version cartoon où vous deviez attraper des singes devenus intelligents et souhaitant envahir le monde sous la direction de leur leader maléfique. Six ans après, la série, forte de son succès, revenait avec un troisième opus, qui nous proposait à nouveau d’attraper du chimpanzé dans le même univers atypique.
Ape Escape 3 nous remet face à Specter, le leader de la révolution simiesque des opus précédents, qui a encore eu la bonne idée de mettre un casque décuplant l’intellect de ses chimpanzés afin de s’en servir comme soldats. Cette fois-ci, Specter a un nouveau plan : contrôler les humains via des ondes hypnotiques en émettant des programmes télé tous plus débiles les uns que les autres. Non, il n’est pas devenu PDG d’Endemol, et vous n’aurez pas droit à La Ferme célébrités dans ce jeu, mais à des dizaines de références à des classiques du cinéma parodiés par la bande de singes. Du film de chevaliers avec ses princesses aux films de kung-fu en passant par les films de gangster, il y en aura pour tous les goûts, dans quelques dizaines de stages très différents.
L’univers est fidèle à lui-même, simple, coloré, du style manga. Qu’on aime ou qu’on déteste, force est de constater que la 3D rend bien, il n’y a pas de bugs de collision, les effets visuels sont globalement jolis, pour peu qu’on aime ce style très anime qui a été conçu pour plaire aux enfants de 7 à 77 ans... La musique est dans le même ton : ce n’est clairement pas du Brahms, mais c’est guilleret, et ça reste suffisamment varié et écoutable pour ne pas avoir envie de tout exploser dans la pièce où on se trouve.
Après avoir fait votre choix entre les deux héros possibles (Natsumi et Satoru), vous voilà lancés à la chasse au singe, et la mission sera délicate : il n’y a pas moins de 442 bestioles à récupérer, toutes ayant leur style spécifique, indiqué par la couleur de leurs shorts. Les singes à short noir, par exemple, sont armés, ceux à short rouge peuvent se bastonner, ceux à short bleu sont très rapides, etc. Le joueur doit donc constamment adapter sa stratégie pour accomplir sa mission sans trop s’en prendre plein la poire, car, ne vous fiez pas au côté enfantin de l’univers un peu cartoon, le soft offre des passages corsés. Comme dans les opus précédents, vous pourrez compter sur une bonne collection de gadgets funky, comme un lance-pierre, une petite voiture pour déloger les singes planqués, et bien sûr le fameux filet. Outre cela (et c’est là l’innovation de cet épisode), un Morpho Gear vous permettra des transformations variées (en chevalier, en cow-boy, en shaolin...) ce qui sera particulièrement utile contre les boss. Bon ok, certaines sont vraiment ridicules et inutiles (le génie...), mais la plupart permettent plus de puissance, de rapidité, ou d’attaques spéciales ; on est donc vraiment tenté d’en abuser.
Sans doute par tradition, Ape Escape 3 reste fidèle au gameplay caractéristique d’Ape Escape premier du nom, en exploitant à fond les sticks analogiques. Il vous faudra par exemple tirer le joystick vers le bas pour tendre le lance-pierre, et l’orienter vers le haut pour lancer le projectile. Tout ça est quand même relativement chiant et mal maitrisé, à tel point qu’on peut rater un ennemi à deux mètres en donnant des coups de batte/de filet tellement le système manque de précision. Cependant, c’est dans les divers véhicules utilisables que cela pose vraiment problème : les diriger est une vraie purge, la palme revenant sans doute au robot ou au bateau... Le pilotage n’est absolument pas intuitif (orienter les joysticks dans des directions opposées à gauche et à droite pour sauter, WTF ?) et on se retrouve comme un con à trifouiller ses joysticks dans tous les sens dans l’espoir de faire trois mètres avec ces saloperies de véhicules. Les développeurs ont dû le sentir puisque les véhicules susnommés n’ont qu’un rôle mineur, ils ne sont pas indispensables et tant mieux d’ailleurs... Ape Escape 3 n’a même plus l’excuse de sa nouveauté pour son gameplay moisi, qui nécessite du temps pour être apprivoisé. C’est d’autant plus dommageable que la série, qui s’adresse aux plus jeunes, n’ait pas jugé utile de rendre son système de jeu plus ergonomique depuis le premier épisode, préférant se cantonner à sa « nouveauté » qui n’en est plus une depuis belle lurette.
L’absence générale de nouveauté est d’ailleurs un autre point faible du soft. En dehors des phases en véhicule, il reste toujours plaisant et agréable à jouer, pour peu qu’on s’approprie son gameplay... particulier, mais la série se repose sur ses lauriers. Le scénar ne change pas beaucoup (des singes qui ont pété une durite grâce à un casque spécial et qu’un jeune héros doit retrouver), on a toujours les mêmes types de singe, les gadgets n’ont guère varié, et à part le Morpho Gear, il ne faudra pas compter sur une innovation majeure.
En dehors des missions principales, vous pourrez notamment dépenser l’argent récupéré dans des magasins, histoire d’acheter des CD, de récupérer de la santé ou bien d’acheter des mini-jeux. Ces derniers sont d’ailleurs pas mal, mais au final, vous n’aurez pas grand-chose à acheter : les objets de soin abondent dans les niveaux, et il faut quand même être motivé pour se farcir les musiques du jeu contre pièces sonnantes et trébuchantes. L’univers a été étoffé grâce à des options pas super utiles mais assez amusantes, comme par exemple la possibilité de connaitre l’horoscope en fonction de sa date de naissance, pourvu que vous récupériez le singe né à la date voulue, ainsi qu’un test de compatibilité amoureuse ! C’est là qu’on voit que nous sommes dans un jeu bien... Japonais. La durée de vie du soft est correcte, mais ne comptez pas non plus là-dessus pour vous offrir des heures supplémentaires d’éclate : ça fait sourire 5 minutes, mais c’est tout.
De manière générale, Ape Escape 3 n’a pas pris beaucoup de risques. On ne change pas une équipe qui gagne, et les habitués du second opus ne seront nullement dépaysés en parcourant les plateaux télé improbables où nos adversaires font leurs singeries. Les forces du soft restent les mêmes, ces faiblesses aussi, d’où l’impression de jouer à une version remasterisée plutôt qu’à une véritable suite...