Apollo Justice: Ace Attorney par Yakaaa

Comme ses prédécesseurs de la série Phoenix Wright, Apollo Justice partage les mêmes qualités et les mêmes défauts : à l'originalité de son concept (incarnez un avocat de la défense), au n'importe quoi vivifiant de son scénario et des scènes au tribunal ainsi qu'à l'ambiance unique se greffe malheureusement une redite à chaque épisode, une lassitude latente du joueur au fur et à mesure qu'il avance dans la série. Non pas que les jeux soient de moins en moins bons (quoique Apollo, la jeune Justice et leurs aventures communes possèdent moins de charme que leurs plus ésotériques prédécesseurs Phoenix Wright et Maya Fey), mais simplement que les limites de la série se font de plus en plus ressentir, la surprise initiale s'estompant.

Pour être clair, le gameplay se sépare en deux parties : des phases d'enquête sur le terrain, où l'on doit discuter, examiner, trouver des indices, et des jouxtes au tribunal pour défendre son client, généralement accusé de meurtre, et tout simplement découvrir la vérité. Tout ça est extrêmement prenant, il faut bien l'avouer, mais le problème réside en une seule expression : absence absolue de la moindre liberté. On ne doit pas réfléchir à comment disculper son client, on essaie en fait de trouver que faire pour contenter les développeurs. On ne combine pas nos suppositions, on ne sort pas une pièce du dossier pour faire avancer l'histoire mais on la brandit pile au moment que les développeurs voulaient, que l'on comprenne ou pas. Il n'est pas rare d'avoir une idée en tête, qui sera d'ailleurs la bonne, mais il faut la sortir pile sur la bonne phrase, après avoir effectué plusieurs actions précises. Si parfois ces obligations permettent de "préparer le terrain" et sont donc logiques et bienvenues bien que compliquées, il n'en est pas toujours le cas. Comme exemple, si l'on veut parler des talents de faussaire de quelqu'un, on ne peut pas montrer la copie mais uniquement l'original, bien que la discussion qui s'ensuit amène directement à parler de la copie, et que commencer par l'un ou par l'autre n'aurait absolument rien changé. Ce défaut de script à suivre omniprésent se retrouve dans l'enquête, où l'on finit à force à trouver l'enchaînement d'actions à suivre plutôt qu'à réellement se balader et discuter ou fouiller.

On l'aura compris, ce quatrième titre de la série paie les défauts de tous ses prédécesseurs. Il ressort un léger sentiment de frustration et d'amertume, car l'histoire, le background (fils illégitime de la logique et de l'improbable) et tout simplement l'ambiance savent eux nous tenir en haleine pendant longtemps. Mais pour ma part, à la longue je me retrouve à jouer pour uniquement connaître l'histoire ; trouver et asséner les preuves revient désormais à trouver le bon Quick Time Event plus qu'à préparer une vraie affaire. Soyons cependant honnête : rares sont les séries aussi originales et à l'identité si prononcée, on ne peut donc que conseiller de s'y essayer. Qui sait, peut-être serez-vous plus résistant que moi à l'usure ?