Army of Two par Manji1981
Pitch: Deux acolytes de fortune, soldats de l'armée américaine motivés par l'appat du gain plus que par l'amour de leur sacro-sainte nations, Rios et Salem vont après la mission de trop, rejoindre une société privée regroupant nombre de mercenaires et ainsi voir du pays au service du plus offrant et ce, jusqu'à ce que quelque chose tourne mal...
C'est un peu le couteau sous la gorge que je me vois écrire ce petit test, puisque le deuxième opus intitulé Army of Two, le 40ème jour, sort sous peu et, l'ayant pré-commandé, je ne voudrais pas que mon jugement soit altérré... Pur produit des nouvelles lignes éditoriales d'Electronic Arts, Army of Two se voulait un bol d'air frais pour EA tout en surfant sur la vague du succès des TPS initiée par Gears of War. Surfer n'est pas copier (que cette sentence s'incruste dans les esprits de certains éditeurs) et pour s'émanciper de son modèle, Army of Two allait jouer la carte de la légereté et emprunter beaucoup au genre du Buddy Movie. Ainsi, Rios et Salem, bien que confronté à l'horreur de la guerre mercantile, ne sont pas du genre à pleurer sur le sort ou à afficher le regard usé d'un Marcus Fenix fatigué. Les deux mercenaires préfèrent passer leur temps à vider quelques bières, discuter musique ou paris douteux et surtout remuer un gros paquet de fric. Evidement leur personnalité fonctionne par antagonisme, d'un côté Rios, la montagne de muscle au visage balafrée et qui dissimule un coeur d'or et une analyse réaliste du monde qui l'entoure, de l'autre Salem, petite teigne aux dettes démeusurées, aussi vénal que nihiliste et qui préfère se voiler la face... Donc au final, des persos près à passer l'arme à gauche l'un pour l'autre. En plus de mettre en scène deux individus plus proche du anti-héros qu'autre chose, les developpeurs d'EA Montreal allaient signer un coup de génie avec le design des deux personnages, les affublant de masques impassibles, à la limite de masques mortuaires d'une quelconque civilisation disparue, detonant avec la psyché des personnages et achevant de les inscrire dans un certains inconscient collectif des gamers. Car ne nous y trompons pas, si le jeu fut un relatif échec critique, il connu un certains succès auprès des fans et ce, en partie, grâce à ces deux nouvelles icones, symbole du gaming entre potes, ode de l'amour à l'écran splitté et au jeu en co-opération, plutôt que grâce à son scénario pretexte à l'action (celui-ci met pourtant en avant quelques reflexions pourtant bienvenue sur le monde du mercenariat mais pas aussi poussé que dans un MGS je vous l'accorde)...
Comme nous l'avons vu, EA Montreal signe avec Army of Two, un jeu de potes assumé, un peu comme ces films que l'on regarde une bière à la main avec son pote (la série des Vendredi 13 pour ne pas la nommer...), et pour se faire, le célèbre developpeur / editeur va réinventer un gameplay pour son TPS. Cela commence par le squelette du Soft, le système d'agro, tout droit sorti d'antiques grimoire de jeu de rôles que les rolistes compulsent avec émoi et que nombre d'adaptaion vidéo-ludique de ces jeux ont repris pour en faire leur sacerdoce. Le système d'aggro donc, permet à l'un des deux compères d'atirer l'attention en mitraillant à tout va tandis que son petit pote pourra alors se faire discret et aller pieger les ennemis en les prenant à revers. Pour simplifier tout cela, une jauge apparaitra à l'écran pour signifier le niveau de menace généré par le zéllé mitrailleur (qui profitera de plus d'un aura rouge fort peu saillant) tandis que le joueur le plus fourbe se faisant oublier verra son avatar devenir transparant. Un système tout simple mais qui permet d'édifier de fragiles (c'est ce qui est amusant) stratégies à deux et de donner naissance à quelques crise de rires spontannés. Le joueur sans ami pourra compter sur une I.A, a peu près correcte, que l'on dirigera via un système d'ordre assez sommaire mais suffisant pour se débarrasser de certains boss dont le seul point faire sera bien sûr un dos pas ou peu protégé...
En plus du système de couverture, maintenant de rigueur pour rester dans la course, le jeu offrira la possibilité à l'un des joueur d'arracher certaines partie de décors (portière de voiture, plaque de métal ou encore simple bouclier) pendant que sont ami viendra se placer dérrière lui profitant alors d'un couvert mobile pendant qu'il mitraillera les ennemis à foison. Technique probante à deux, mais qui se révèle vite limité en solo... Enfin, le jeu offrira des phases de jeu à deux plus classiques allant de la sempiternelle aide de type "j'ai besoin de toi pour escalader un mur" à des phases en "base Jump" en passant par la conduite d'hovercraft... Enfin le must du must, tellement inutile qu'il en est sympathique: la possibilité de taper son frapper de coups reprobateurs et pleins d'aigreur son collègue ou a contrario de le feliciter en se tapant dans la main ou en entamant un solo de flingue-guitare... Le gameplay classique du soft n'offre rien de revolutionnaire mais en a-t-il besoin? le joueur a accès à 4 armes qu'il peut échanger avec son allié quand bon lui semble (il est impossible de prendre les armes des ennemis, seulement leurs munitions) et peut ainsi établir une stratégie pour les mission à venir via le choix d'équipement optimisé. A noter cependant que la prise en main est moins intuitives que sur un Gears et que certaine situtaions seront compliqués par ces problèmes de jouabilité...
EA montréal offre une autre surprise de taille pour ce genre de jeux: un éditeur d'armes. Aussi au fil de misions, vous sera-t-il possible de glaner quelques récompenses en espèces sonnates et trébuchantes (selon les objectifs et si vous trouver les données cachées dans chaque niveaux) que vous pourrez échanger contre des accessoires pour vos armes. Attention, bien que témoignant d'une optique "Bling-Bling" (je ne me remettrais jamais de ces armes couleur Or), ces modifications ont une véritable incidence sur les stats de chaque arme (un silencieux reduira l'agro mais les dommages seront amoindris...)... De quoi, une nouvelle fois, 1/ se faire plaisir en s'offrant l'arme rêvé, 2/ jouer sur la complementarité des deux larons... La possibilité vous sera également offerte de gonfler votre armure et de choisir un masque parmi une dizaine par personnage...
A côté de cela, le jeu ne profite pas des meilleures graphismes qui soient ou d'une mise en scène inspirée à la Gears of War mais affiche au moins pour le plaisir des plus exigeants de nombreuses cinématiques en CGI de bonne qualité malgrés un doublage mal synchronisé, doublage de qualité par ailleurs, avec notamment la présence du doubleur de la série South Park (on aime ou pas). Les musiques, quand à elles, n'ont rien d'extra-ordinaires et on les oubliera bien vite comme pour la plupart des jeux... Les décors se veulent variés (on explore plusieurs pays) mais parfois apparaissent un peu ternes ou pauvres en détails...
Petit détail toujours agréable, les joueurs d'Army of Two purent profiter d'un DLC gratuit offrant deux nouvelles missions conséquentes, issues du désir des fans, permettant d'éradiquer le "brainiac" qui voulait mettre à mort nos deux héros. Si la fin du jeu restait alors la même, cela permettait d'offrir un parcours plus vraisemblable vers celle-ci, et surtout de rajouter un peu de volume à une aventure au final un peu courte...
Je ne pourrais malheureusement pas évoquer le mode Multi-joueur car ayant pris posséssion de ce jeu pour une vingtaine d'euros il y a moins d'un an, celui-ci était deserté...
Au final, Army of Two fit donc un leger flop critique (en même temps Dinowan ou Amaebi...), la faute à un gameplay qui n'avait pas su convaincre ainsi qu'une aventure solo qui n'avait pas captivé, mais, ayant été conçu comme un soft se jouant résolument à deux, EA montréal avait developpé un lot d'idées de gameplay (aggro, custom arme/personnage...) qui apportait véritablement une nouveauté dans le genre du TPS et que la critique se borna à ne pas relever. Le succès public fut présent (même si dès lors une nouvelle guerre Gears of War / Army of Two éclata, comme si on ne pouvait pas aimer les deux...) et permit d'élever au rang de nouvelles star de l'univers vido-ludique, section co-operation désinvolte, l'improbable Duo Salem / Rios...