D'un mouvement du pouce gauche, d'une pression de l'index droit
Il est marrant, lui ! Non seulement on doit libérer Rome de la mainmise brutale des Borgia, mais on doit aussi aider à la reconstruction de la cité italienne, tout en formant les jeunes apprentis qui ont décidé d'embrasser la même carrière que nous, sans oublier les différentes guildes qui seraient bien dans la panade si on n'était pas là. Et lui, il nous demande quoi ? De faire la course ? Bon, dans un premier temps, on n'était pas contre. Mais situer la ligne de départ en haut du Colisée et avoir à tout redescendre en sautant d'arcades en corniches pour ensuite remonter en escaladant le plus vite possible, c'est particulièrement fourbe. On a des vies à sauver, monsieur !
Mais on va le faire quand même. Car rien n'est plus jouissif que de contrôler les acrobaties d'un assassin simplement d'un mouvement du pouce gauche et d'une pression de l'index droit. Sans avoir à enchaîner de complexes « combos » de boutons apprises dans la douleur, le joueur peut diriger avec précision Ezio qui virevolte, escalade et saute avec une fluidité féline. Et, plus que l'histoire, plus que les images, plus que la musique, c'est ce qui constitue la signature de la série Assassin's Creed.
Le troisième épisode majeur, Brotherhood, sorti en cette fin d'année, continue la trame scénaristique débutée l'année dernière dans Assassin's Creed 2. Et, s'il n'a pas hérité d'un numéro 3, c'est que la licence lancée en 2007 par Ubisoft Montréal est régie par un certain nombre de règles et une cohérence globale inédite dans une production de cette envergure.
La saga raconte les aventures de Desmond Miles, qui descend d'une longue lignée de disciples de la secte des Assassins. Ils combattent depuis la nuit des temps les templiers qui n'ont comme but que de présider au destin de la planète. Aujourd'hui, ces derniers se sont regroupés sous la bannière de la multinationale Abstergo et cherchent à récupérer la Pomme d'Eden, un puissant artefact d'origine mystérieuse. Grâce à l'Animus, sorte de superordinateur qui permet de remonter les générations à l'aide de l'ADN, Desmond va pouvoir revivre les épopées de ses ancêtres pour retrouver la trace de la Pomme et déjouer les plans d'Abstergo. Dans le premier épisode, il s'agissait de remonter à l'époque des croisades pour suivre Altair face aux premiers templiers. L'année dernière, direction la renaissance italienne et les aventures d'Ezio dans son combat contre les Borgia. Pour le « vrai » numéro 3, il faudra un nouveau héros, une nouvelle époque, et les pronostics vont bon train sur le Net. La Révolution française remporte une bonne partie des suffrages.
« Narrativement, c'est une pépite, s'enthousiasme Jean Guesdon, qui s'occupe à Montréal de la cohérence de l'ensemble des productions Assassin's Creed. Notre terrain de jeu, c'est l'histoire de l'humanité. » Car ce qui peut ressembler à un pitch basique de science-fiction se révèle redoutable une fois appliqué au jeu vidéo. Pour un même scénario, toutes les époques et tous les lieux sont à portée. Avec, en prime, la possibilité de proposer des reconstitutions historiques d'une qualité graphique jamais vue jusqu'ici. Les joueurs se souviennent encore de leur découverte des rues de Damas et de Saint-Jean d'Acre, puis de celles de Florence et Venise. C'est justement le travail de recherche réalisé pour Assassin's Creed 2 qui a permis à l'équipe d'Ubisoft de proposer si rapidement un nouvel épisode qui prolonge l'expérience italienne à Rome. « On a la prétention d'être fidèle aux événements et d'avoir une vraie vocation culturelle, tout le monde dans l'équipe doit comprendre cet aspect-là », explique Jean Guesdon. Si quelques libertés sont prises, ce n'est que pour préserver l'intérêt ludique. Et encore. « Nous avons établi la règle des 30 secondes : si on peut trouver l'info en moins de trente secondes sur le Net (date, tableau, nom propre, architecture, etc.), elle doit être respectée dans le jeu. »
Brotherhood ne ressemble en rien à un jeu développé à la va-vite. Au contraire, l'équipe de Montréal a su profiter de l'expérience accumulée pour proposer dans un temps record un titre plus abouti, et Ubisoft en a même profité pour rajouter un mode multijoueurs particulièrement réussi. Cette célérité montre la volonté de l'éditeur français de développer sa nouvelle marque phare. Un jeu Facebook, une BD, un comic book et des courts métrages viennent étoffer l'univers, le tout étant extrêmement cohérent. En ligne de mire, la création d'une grande franchise transmédia, graal de l'industrie du divertissement. Mais ce n'est pas gagné. Si Assassin's Creed Brotherhood est irréprochable une fois le pad en main, il n'arrive pas encore à se hisser au niveau des productions Rockstar (GTA IV, Red Dead Redemption) lorsqu'il s'agit des dialogues, de la mise en scène et de la maîtrise dramatique. Sans doute un des grands chantiers d'Assassin's Creed 3, qui pourrait (rien n'est encore officiel) débarquer dès l'année prochaine.
PS: Je sais, c'est encore une honteuse récupération d'un papier déjà écrit ailleurs... :)
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