Assassin's Creed Brotherhood : le changement...dans la continuité
Ubisoft nous gratifie d'un nouvel Assassin's Creed, l'occasion pour l'entreprise de gommer les défauts de la license et de montrer une suite à la hauteur. Malheureusement, le challenge est loin d'être relevé.
On ne s'étonnera plus ici des prouesses de Desmond/Ezio à franchir n'importe quel obstacle d'une simple pression de deux boutons. Si la chose a été moquée lors des deux premiers opus, le gamer doit désormais accepter cet état de fait comme une marque de la série (ou alors grogner et se faire du mal tout le long de son expérience de jeu, mais à chacun ses loisirs).
Fort heureusement, le jeu n'a rien perdu de sa superbe sur ses meilleurs aspects. L'environnement est toujours incroyablement bien modélisé et on se surprend plus d'une fois après une séance de grimpette à prendre un petit moment pour observer le paysage. Et quoi de plus jouissif que d'escalader le Colisée ? On s'y croirait, le vertige en moins (quoique). AC : Brotherhood ne fait donc pas honte à ses prédécesseurs et nous offre pour terrain de jeu la Ville Éternelle, plus splendide que jamais.
Mais l'enchantement ne dure pas. Passée la magie de l'interaction avec cet environnement, la sauce ne prend plus. AC : Brotherhood nous gave des mêmes défauts que les épisodes précédents, à commencer par une répétitivité extrême. A tel point qu'on a l'impression parfois de se retrouver plus dans la peau d'un "farmer" que d'un joueur : explore les environs, gagne de l'argent, débloque des magasins, gagne de l'argent, débloque de nouvelles armes, gagne de l'argent, explore les environs, gagne de l'argent, débloque des magasins, etc. Les quelques innovations ajoutées à l'épisode ne suffisent pas (nouvelles interactions avec le décor, nouvelles armes, nouveaux types d'assassinat) voire nuisent à celui-ci, à l'image de ce système sur l'économie de Rome, qui allonge outrageusement la durée de vie du titre sur du contenu inintéressant.
L'idée des défis pour mettre un peu de piment dans chaque mission, principale comme secondaire, est bien pensée et pousse le joueur à se surpasser pour dépasser le niveau de difficulté relativement bas du jeu. Les combats ont également été légèrement améliorés mais ne sont pas encore à la hauteur. L'introduction de différents types d'ennemis (ennemis "lourds" à armure, ennemis rapides avec poignads, ennemis difficilement approchables avec hallebardes) permet de diversifier les combats et apporte un tantinet de difficulté dans les phases où le joueur affronte plusieurs types d'ennemis simultanément. Il n'est plus désormais possible de passer un combat entier à profiter des contres automatiques en QTE d'Ezio pour abattre les ennemis les uns à la suite des autres les doigts dans le nez. Malheureusement, cela n'empêche toujours pas notre assassin de mener des combats à 50 contre un, une fois que le joueur a trouvé LA bonne action à effectuer contre chaque type d'ennemi.
Le scénario est correct mais pas assez présent. Les passages en tant que Desmond au cours de l'aventure se résument à de la lecture de mails et à de la discussion avec les autres membres de l'équipe. Les seules phases différentes se trouvent au début et à la fin du jeu et sont bien trop courtes pour redonner de l'intérêt à l'ensemble. On croirait presque qu'Ubisoft s'est souvenu au dernier moment du scénario principal concernant les Assassins et les Templiers. L'autre partie du scénario, sur les tribulations d'Ezio à Rome, est divertissant mais sans plus.
Enfin, gros points noirs sur certains aspects du gameplay particulièrement ridicules. Beaucoup trop de cris d'énervement sont sortis suite à une gestion hasardeuse de la caméra, conduisant à la chute et parfois à la mort. Il serait plus acceptable pour le joueur de mourir de sa propre maladresse que du changement brusque d'un angle de la caméra, qui reste bloquée et refuse de bouger. Par ailleurs, l'entêtement d'Ezio à commenter chaque chute de pierre lors des phases d'escalade d'un sempiternel "Oh, je pourrai reprendre mon escalade par ici si je tombe" confine au burlesque. L'énonciation de cette phrase une fois ou deux (ou même pas du tout) au début aurait amplement suffi.
Finalement, Assassins's Creed : Brotherhood m'aura laissé la même impression que ses prédécesseurs : une énorme envie de lancer le jeu, des yeux qui pétillent en parcourant l'environnement et finalement une fin de jeu bâclée en vitesse, par lassitude.