Désormais ravagé par la terrible maladie de « 1ép/ans car fric=pognon », la série Assassin’s Creed semble condamner à apporter ce qu’on attend d’elle, sans aucune surprise. Est-ce un mal pour autant ? Après un 3°opus qui me laisse encore un goût amer, Black Flag a brandit dès le début l’étendard de la différence, relative, semblant même renier son héritage du background de la série, se contentant de capitaliser à outrance sur un élément (le seul ?) apprécié dans Assassin’s Creed 3 ; les batailles navales.
Et ce 4°(6°en vérité mais passons)opus nous met dans le bain (au propre comme au figuré) dès le début en nous propulsant dans un combat naval en pleine tempête. Quelques péripéties et une course-poursuite plus tard, le décor est planté ; l’eau turquoise, la végétation verdoyante, le soleil puissant, etc… C’est assurément une merveille visuelle, surtout quand on sait que l’exploit n’est pas juste reproduit ci et là, mais que tous les lieux explorables (et bon sang il y en a) ont bénéficié du même soin. Si la nature est superbement représentée, les villes ne sont pas en reste sans pour autant l'égaler. En même temps, difficile de faire de jolies villes quand il s’agit juste de quelques bâtisses pour la plus part. Les personnages aussi sont très bien faits et modélisés ; seules les animations pêchent un peu.
Côté bande-son et bande-originale, pas grande chose à dire ; si les bruitages des bateaux sont convaincants, les autres n’ont rien de notables, de même pour les musiques. Le doublage anglais est bon mais là non plus, rien qui sorte du lot. Le doublage français est par contre en peine ; seules les voix des protagonistes principaux sont doublées. Petit.
Le gameplay à pied est dans la droite lignée des prédécesseurs de la série, c’est-à-dire un free run vieillissant mais qui remplit son rôle, et des mécaniques de furtivité et d'attaques trop simples. Tout prend une dimension incroyable quand nous sommes à la barre de notre bateau. Si en soit, la conduite du bâtiment se limite à droite/gauche, 4 allures et l’armement et est donc pas folle dit comme ça, le rendu visuel et sonore participe grandement à l’immersion, tout comme l’environnement qui nous entoure, toujours aussi sublime. La longue-vue, qui permet de repérer des vaisseaux ennemis et ce qu’ils transportent, participe à cette immersion. Mais ce qu’y participe le plus, c’est la quasi-absence des temps de chargement. Pouvoir lever l’ancre d’une petit port, faire un abordage, se rendra à un point A, faire une pause et se balader sur son bateau (inutile, je l’admets), changer de vêtements, reprendre la barre pour aller récupérer un trésor sur un petit îlot à la nage, et finalement aller à un point B le tout sans temps de chargement, c’est juste une des meilleurs expériences que j’ai eu dans un jeu vidéo. Surtout, qu’encore une fois, sans pouvoir la qualifier, l’air de jeu est immense et j’ai pris un énorme plaisir à la parcourir dans son intégralité, une infinité de fois. Il existe pourtant un système de voyage rapide mais comme quoi, quand le voyage est agréable, pas besoin de ce genre de mécanique.
En marge de ces deux pans de gameplay, des éléments déjà vus, et pourtant changés pour l’occasion. La gestion de la confrérie est devenue celle de la flotte de Kenway, et est faisable via companion app. Totalement dispensable comme activité, car en plus ennuyante. Si la gestion du domaine est toujours là, elle a été grandement simplifié façon Assassin’s Creed 2, rejetant la fausse complexité du 3. Il est également possible d’améliorer son bâtiment mais point noir ici ; je pointe du doigt le fait de pouvoir le faire, ainsi que vendre sa cargaison, en pleine mer. Déjà qu’il n’y a pas beaucoup de RP dans le jeu mais là, ça casse carrément l’immersion (pourtant parfaite jusqu’ici).
En pagaille, je ne m'attarderai pas sur les diverses activités car elles ne réinventent rien ; des collectables en veux-tu en voilà, des missions pour divers aspects de l’histoire (principales, prises de forts, missions d’assassins, etc…) mais qui tournent toujours autour des mêmes mécaniques (aucune ne me reste en mémoire). L’IA est toujours aux fraises et par conséquent, la difficulté globale du soft reste ridicule même si, attention, certaines missions navales seront un peu exigeantes, en tout cas au vu du niveau global du jeu.
Je ne dirai pas que l’histoire m’a passionné, mais force est de reconnaître que la galerie de personnages est digne d’un jeu Rockstar. Ca, combiné au fait que l’histoire colle parfaitement à la forme du jeu (« au diable l’héritage, je fais ce que je veux ! »), et je me suis tout de suite senti aspiré et à fond dans l’histoire et dans ce qui se passait. De plus, sans être une de mes favorites, l’époque des pirates des Caraïbes a le mérite d’avoir une aura « fun » grâce au groupe de musique Alestorm, à la saga Pirates des Caraïbes, et maintenant à Black Flag. Enfin mais non des moindre, la réalisation est grandiose et digne des plus grands films (peut être aidé par la saga Pirates des Caraïbes mais je n’en ai pas ressenti l’influence) : la mort de Barbe noir et l’évasion de James Kidd et Anne Bonny, et ce qui s’en suit, m’ont particulièrement marqué, surtout que pour ce dernier évènement, le tout est avec des petites idées de gameplay assez original pour la série pour qu’ils soient notés.
Un rapide mot sur le multi. J’ai trouvé la personnalisation de nos personnages bien trop complexe, surtout qu’on peut tout acheter avec de la monnaie réelle. Ca va faire doublon avec Blacklist, mais les bonnes idées d’Ubisoft pour ses partis multi de leurs jeux sont gâchées par des cheaters et des soucis de serveurs et point très négatif, Ubisoft s’en moque complètement. Gros carton rouge. Le multi PVE avait tout pour être sympa aussi, mais souffre d’un manque de clarté dans les règles et les mécaniques, le tout là aussi combiné à des soucis de serveurs.
Je n’ai pas l’impression d’avoir insisté assez pour le dire et pourtant, Assassin’s Creed IV Black Flag est selon moi le meilleur Assassin’s Creed, tout juste à peine devant le 2. L’aire de jeu qu’il nous propose et les activités, le soin apporté aux graphismes et aux personnages, et le fait que le jeu assume totalement son côté « mouton noir de la famille » en font un jeu extrêmement agréable à parcourir mainte et mainte fois.
PS: Ah, on m'a fait la remarque que je n'ai pas parlé de tout ce qui est histoire et gameplay de l'aspect "présent" de l'histoire des Assassin's Creed. Je dirai juste que ce n'est pas un hasard si je l'ai oublié.