Assassin's Creed Odyssey
7.2
Assassin's Creed Odyssey

Jeu de Ubisoft Québec et Ubisoft (2018PlayStation 4)

Ah bah ça alors ! Ce RPG de dingue !


T’es là, en Grèce antique, tu peux parler avec le moindre pnj et faire ton petit commerce, gérer une véritable carrière d’assassin dans laquelle chaque contrat est unique et demande à connaître ta cible puis à t’infiltrer chez lui en ayant étudié au préalable les lieux, la garde, les différents accès, et la routine du bonhomme. Pour le côté RPG, même chose. En plus de vous fournir un système de compétence précis, qui va vous donner envie d’effectuer différents runs pour varier vos builds, ils ont conçu leur univers comme un continuel appel à l’aventure. Dans l’exploration des temples au level design complexes (du zelda-like à ce niveau) dans les grottes qui forment de véritables dédales (du doom-like ici). Se balader dans l’univers est véritablement grisant, car on ne revoit jamais deux fois les mêmes choses, et…Nan je déconne.


En vrai, c’est de la merde.


Je viens de fantasmer un jeu.


En vrai, c’est du dégueuli de contenu avec 15.000 points d’interrogations posés sur une map, où tu te dis « chouette, qu’est-ce que me réserve cette zone ? ». Et tu te retrouves toujours avec les mêmes camps ennemis, avec des grottes merdiques, et des temples encore plus merdiques (parfois c’est juste une statue lol).


Les missions sont torchées en deux secondes.


Les missions annexes, les contrats, c’est vraiment le fond du fond. Le pitch d’une quête te laisse parfois penser à un truc cool, genre « va chercher l’arme du soldat légendaire dans le temple enfoui sous la mer », moi direct j’imagine un donjon avec des ennemis, des pièges, peut-être même des énigmes, puis je tombe de haut : le temple en question c’est trois cailloux sous l’eau, je plonge, je ramasse l’item et je me casse.


Et c’est ça à chaque fois. Quelle que soit la quête. Il y a toujours un fossé entre l’ordre de mission et son exécution. On se retrouve à enchaîner des actions qui consistent à attaquer un campement ou ramasser deux trois merdouilles dans la nature.


Même chose sur les éléments un peu plus costauds, comme les assassinats.


On incarne un assassin bordel ! Les assassinats devraient être marquants. Ça devrait être de la préparation, et un peu d’enjeu épique. Je sais pas moi. On aurait pu imaginer que chaque contrat soit singulier dans son approche et qu’il nous raconte une histoire (n’importe quel jeu d’infiltration fait ça). Mais non non ! C’est les mêmes gestes répétés d’une mission à l’autre.


Pour les mercenaires, pareil. L’idée d’avoir différents mercenaires qui veulent ta peau est cool. Et ça pourrait donner des trucs vraiment bons. Mais en vrai les mecs viennent toujours à toi de la façon la plus ridicule. La plupart du temps, ils passent par là pendant que t’es en plein combat, t’as juste à t’occuper d’eux en même temps que les autres, et c’est plié. C’est en mode "oh coucou toi".


Finalement le jeu, c’est beaucoup trop d’infiltrations de camps, et faciles de surcroit. Tout est donné au joueur. On grimpe partout, on marche sur les cordes, on a un faucon qui sert de drone, bref on est un warrior et les ennemis sont complètement cons, donc on peut zigouiller 25 gars easy. Si on se fait repérer, suffit de se cacher dans un buisson et d’attendre qu’on nous oublie. Résultat : puisque c’est facile, Ubi s’est dit qu’il fallait en mettre de partout, si bien que la carte déborde de camps ennemis.


D’ailleurs, cet open world je le trouve mal foutu. Je le trouve trop encombré. Normal puisqu’on croise un camp tous les 20 mètres. Puis ya des animaux sauvages partout. Tu fais pas 10 mètres en dehors de la ville, que tu te fais déjà attaquer par des lynx, des ours, des loups, des lions. Ok ok, c’est cool la nature sauvage, mais là c’est un zoo ! Et enfin, les terrains sont trop escarpés. Normal. C’est la Grèce quoi. Mais vu que c’est grand, on est obligé d’utiliser notre cheval qui, par conséquent, ne fait que se payer des rochers et sauter des falaises. Circuler dans la map relève parfois plus du calvaire que du plaisir. Ils ont même réussi à foirer ça, c’est fort.


Et pour le côté RPG, on repassera. Une fois qu’on a constaté que les quêtes n’étaient que des formalités à exécuter à la chaîne, sans aucune immersion, ni aucun roleplay. Que reste-t-il de vraiment RPG ? Les arbres de compétences ? Le système d’XP ? Les fameux choix ? Ubi a 15 ans de retard. Ils sont tout fiers de proposer des features que tu retrouves en mille fois mieux dans tous les RPG depuis belle lurette. Faire des choix c’est très cool hein, mais s’en vanter en 2018 c’est ridicule.


Que le jeu soit pas exceptionnel, je m’y attendais un peu. À vrai dire j’avais l’intention de poser mon cerveau. Je cherchais un truc pour m’occuper. Mais j’ignorais que ce serait aussi putassier, aussi mécanique, aussi pauvre en écriture. Ah ça pour m’occuper, je pouvais pas mieux tomber ! Odyssey va vous occuper comme un fonctionnaire qui remplirait des formulaires à la chaîne.


Après je râle, je râle, mais certains trucs m’ont plu.


Le jeu est beau. Si beau que je passe mon temps sur les plages, là où l’eau est la plus claire et les effets de lumière les plus magiques. Je sillonne les criques sur une barque. Ça me donne envie d’aller en vacances. J’ai aussi été content la première fois que j’ai croisé un monstre dans une grotte. Je me suis dis « enfin, c’est pas trop tôt ». Et puis je me suis fait défoncer. Le colosse était niveau 45, et moi niveau 15. J’ai pesté, car j’ai compris que le jeu attendait de moi que je nettoie 250 camps pour level up avant de pouvoir m’amuser.


Maintenant, essayez d’imaginer ce que pourrait donner un jeu aussi immense et beau qu’Odyssey, avec un vrai travail créatif, et une vraie envie de régaler le joueur à chaque étape de son voyage. (peut-être que ça existe déjà, qu’on me répondra Witcher 3 ou Zelda.)


Et je trouve que j’ai tenu longtemps, mais là j’en peux plus. Je suis en Attique. J’ai dû faire 20% du jeu, et je suis déjà lessivé. Fatigué d’essuyer les mêmes missions d’heures en heures. Fatigué d’une exploration qui cache toujours les mêmes choses. Fatigué de cette façon insidieuse de donner au joueur un sentiment d’accomplissement (en 2h, tu plies 10 quêtes, tu libères 5 camps) pour le garder plus longtemps. Bravo à ceux qui sont allés au bout. Moi j’hésite à le revendre, ou bien à le continuer comme un à-côté, avec un vrai jeu en parallèle.


Bref, fin de la décennie 2000, à l’heure où les open world ont commencé à véritablement envahir l’espace vidéoludique, on pouvait comprendre que la puissance de la new gen soit exploitée de façon aussi débile. C’était pardonnable. Mais en 2018, un jeu comme Odyssey, c’est inadmissible. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’un studio aux moyens colossaux n’est pas capable de repenser un gameplay autrement qu’en incluant les pires mécaniques qu’on connaisse. Un virage RPG, sur le papier, c’était intéressant. Mais ça c’est pas un RPG. Hormis dans la quête principale, il n’y a aucune écriture.

-Alive-
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le 22 mars 2019

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