Dire de la série Assassin's Creed qu'elle patine à travers le temps et l'espace à la recherche d'une quelconque idée à exploiter dans sa quête improbable de survie injustifiée... serait probablement un brin excessif mais devrait donner une bonne idée de l'état actuel de la licence. (Elle ne va pas si bien que ça). D'une certaine manière elle représente de manière optimale les divers travers que l'on peut reprocher à l'industrie vidéoludique moderne. Série annualisée? Check. Gameplay recyclé d'année en année? Check. Scénario interchangeable dilué au maximum d'un épisode à l'autre afin d'assurer la possibilité d'en sortir un supplémentaire? Check. Vingt jeux en moins de neuf ans? Check. Et pourtant - à la base - l'idée était excitante.
Enfin, si vous êtes le genre de gogo à être tourneboulé par un trailer. Pas que ce soit nécessairement une mauvaise chose d'être enthousiaste - surtout si vous êtes payé pour l'être car vous êtes "journaliste" de jeu vidéo et que faire semblant d'être excité représente une grande partie de votre métier - mais il me semblait déjà évident à l'époque qu'Assassin's Creed serait l'un de ces titres vendus sur une idée soi-disant révolutionnaire jamais vraiment mise en œuvre mais surtout sur un moteur 3D prétendûment révolutionnaire. Nous voilà maintenant neuf ans plus tard. Le premier opus presque stable est maintenant loin derrière nous. Son moteur semble de nos jours proche de l'âge de la retraite et il n'aura laissé dans son sillage qu'un seul jeu réellement réussi : Assassin's Creed II. Un titre doté de l'étrange distinction d'être le dernier de la série réalisé par le créateur de celle-ci. Vous savez, Patrice Désilets. L'homme responsable des Sables du Temps. Probablement le meilleur jeu en purs termes de gameplay de l'histoire de la compagnie Ubisoft.
Que reste-t-il après tant d'années? Pas grand chose; en fait. C'est le même jeu que d'habitude. Cette fois-ci vous pouvez compter sur l'apparition de locomotives à vapeur car l'on se trouve à Londres durant l'époque victorienne. Vous avez un lance-grappin... ce qui n'est sans-doute qu'une ébauche d'une future fonction où votre assassin sera doté d'un lance-lance-grappin. Ce qui fait de vous une version presque steampunk de Batman. Le charisme en moins. Vous incarnez deux protagonistes censément jumeaux. Ils n'ont aucune réelle ressemblance : la fille est une belle rousse aux cheveux entièrement réalisés en aliasing, le gars est une copie conforme d'Ezio. À eux deux ils arrivent presque à atteindre son niveau de compétence. Londres est loin d'être un mauvais choix pour pareil exercice : le style architectural local - mélange improbable de style Queen Anne et de divers courants néo-classiscistes donnant sur la néo-renaissance/le néo-gothique - s'accommode avec aisance de l'exercice. Celui-ci se trouve malheureusement être d'empêcher un quelconque Templier local de s'approprier un suaire alien doté de capacités régénératrices extraordinaires. (C'est, en effet, le scénario du jeu.)
Et voilà, que dire de plus si ce n'est que la critique vidéoludique française risque de ne pas défendre ce titre avec autant de véhémence que le précédent - après tout l'action se situe à Londres et non pas Paris; voilà une tournure de phrase particulièrement étrange - mais il n'est pas pire. Ni meilleur, d'ailleurs. C'est un peu ça le problème.