Qui donc était "Jack the Ripper" ? Cette question passionne depuis plus d'un siècle les amateurs de crimes non élucidés, et les criminologues. Au-delà des hypothèses ou théories les plus en vogue de ces dernières années, la licence Assassin's Creed s'accapare le célèbre tueur afin de lui fournir une origine cohérente avec son propre univers.
God save the Creed
Objet de critiques assassines comme de fanboyismes avérés, Assassin's Creed a marqué les esprits de nombreux joueurs et a su s’imposer pendant des années. Baignant dorénavant dans les avis mitigés, Ubisoft semble cependant toujours très fidèle à ses rituels. Nous en venons alors à celui des DLC et donc ici à Assassin's Creed Syndicate : Jack l'Eventreur qui sans valoir son prix, se dévoile comme l'un des rares à être véritablement intéressant. Ce phénomène peut très facilement agacer tellement il en deviendrait de nos jours presque malvenu de sortir des extensions dans une époque où les jeux vendus terminés restent une denrée extrêmement rare. Mais je n’y peux rien. A chaque Assassin's Creed je suis à nouveau emporté, amusé, effrayé, séduit, comblé. Mais surtout, ces jeux viennent réveiller en moi une étincelle : le plaisir coupable saupoudré d'une fascination étrange.
Dès le début le DLC donne instantanément le ton, et jamais le rythme sombre qui transporte la narration ne faiblira. Le jeu est bâti autour de ce que l’on pourrait qualifier d'une aura cynique inégalé dans la série. Tout est millimétré pour la garantir et la maitriser, ce qui emprisonne le joueur dans l'obscurité de Londres à une époque où seule la terreur règne dans les rues. Cependant, la recette que concocte Assassin's Creed Syndicate : Jack l'Eventreur est encore une fois la victime d'une politique décidément rageante. Quand on y joue, on n’a pas ce sentiment d’avoir ici une exploitation suffisamment intéressante d'un tueur aussi connu que Jack l'Eventreur, le DLC est presque une honte en comparaison d'autres adaptations comme "Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur". On démarre sur de bonnes bases puis on en revient à ce qui fait la réputation des DLC Assassin's Creed, celle composée de quêtes annexes abondantes et clonées qui donnent souvent une forte envie de rage-quit tellement l'introduction semblait vendre du rêve.
Une enquête d'Evie Frye
Toutefois la narration est intrigante, même si elle se permet des libertés dans sa version du Jack l'Éventreur. Comme celle de sortir parfois du code établit par le célèbre tueur, cassant évidemment le réalisme potentiel pour simplement se servir du personnage afin de le modifier à sa sauce. Et si les libertés prises dans la forme contribuent à cependant donner une certaine réflexion dans le but de questionner intelligemment les joueurs, l'histoire se qualifie d'une des plus intéressante de la série dans le cadre des DLC tant elle joue avec notre surprise. Jouer à Assassin's Creed Syndicate : Jack l'Eventreur c’est accepter de se laisser entraîner dans une spirale obscure, indéfinie, étrange… mais qui sonne de manière tellement intrigante qu’elle en est accueillante. Dans ce jeu, tout est possible car tout est repris pour ensuite être adapté aux besoins de la licence. Les événements dépassent l’entendement, dépassent le stade de la crédibilité et ne cherchent pas à nous faire croire que tout se résume à des Assassins contre le mal absolu.
Le monde de ce DLC, c’est celui de l’imaginaire détraqué, poussant à des théories sans réponses qui remettent encore une fois en question nos acquis sur l'histoire de la guerre Assassins/Templiers pour se demander qui est vraiment le camps le plus juste, ou à l'inverse celui ayant commis le plus de torts à travers l'histoire.
Conclusion
Si Assassin's Creed Syndicate : Jack l’Éventreur fonctionne bien, c'est parce qu’il se donne un genre inédit dans la série, et que sa narration reste en proie à des questionnements profonds sur les convictions de la Confrérie. En tant qu’œuvre vidéoludique, ce DLC est maîtrisé de bout en bout, d'une gestion du rythme sans fausse note, des personnages formidables et une bande son collant parfaitement au contexte. Cependant c’est avant toute chose un produit de divertissement, et il excelle dans ce domaine même si l'on reste toujours navré de cette manie de passer à côté d'un potentiel immense.
Attention Evie, ça va trancher !