Asura's Wrath n'est ni plus ni moins qu'un projet artistique basé non sur ce qui se voit à l'écran mais sur le déroulement progressif d'un sentiment d'absolu amené par la réalisation totale, ultime et sans concession de la rage du personnage principal. Laquelle définit toute la structuration du jeu (y compris le gameplay, basé sur une idée intéressante de construction de la tension vers son relâchement brutal), ainsi que de la narration. L'absence totale de concession faite par Asura sur le déchaînement de sa rage et de sa colère passe de façon verticale à travers toutes les névroses des personnages principaux qui s'opposent à lui, et incarnent tous une certaine déviance intellectuelle ou philosophique. Par un mélange que l'on doit avouer subtil des cultures traditionnelles asiatiques, Asura agit comme personnage révélateur (comme en photo) des tensions qui animent un monde enfermé dans sa violence. Engagé tout entier à dépasser celle-ci, paradoxalement par la sienne propre, Asura écrase de ses poings le monde lui-même qui se demande ce qu'il a bien pu faire pour mériter ça. Notre dieu déchu a bien l'intention de le frapper jusqu'à ce qu'il comprenne, quel que soit le prix à payer. Et c'est la grande réussite du titre que de nous amener jusqu'au bout de cette quête qui dépasse finalement les enjeux d'égo personnels : nous voyons le prix qu'il paye et la cohérence de l'ensemble brille d'autant plus que la conclusion (offerte en DLC, malheureusement) est comme posée en équilibre sur un fil, là, devant nous, qui la contemplons avec un certain respect pour la dev team. Bravo les gars.
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