Une expérience satisfaisante mais imparfaite

Je commence ma critique par un aparté sur les controverses qui entourent Avowed et qui expliquent en partie la note moyenne assez médiocre du jeu sur SC et ailleurs. Si ce point ne vous intéresse pas, direction paragraphe suivant pour la critique du jeu lui-même. La première controverse, qui n'a pas dû vous échapper, concerne le parti-pris très progressiste du jeu qui, nécessairement, a agacé les joueurs qui penchent plutôt de l'autre côté. Je rassure les joueurs concernés : on est loin des situations lunaires de Veilguard ou de Dustborn mais certains mécanismes et choix narratifs risquent de vous faire grincer des dents. J'approfondirai en commentaire si nécessaire. L'autre grave erreur a été de présenter Avowed comme un RPG dans la même lignée que Skyrim (si, c'était une des ambitions affichées du jeu) alors que ce sont des expériences radicalement différentes : Avowed est un jeu nettement plus "narratif" et le gameplay est plus simple que celui de Skyrim (ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose).

Le gameplay est peut-être justement l'un des plus gros points de divergence concernant le jeu, avec des lacunes assez flagrantes. Les plus inacceptables sont la carte du jeu très mal foutue (on ne peut même pas mettre de marqueur personnalisé !), le manque de réactivité de l'environnement (beaucoup trop d'objets statiques), les PNJ immobiles ou plus grave, l'impossibilité d'attaquer qui on veut. Les autres points de controverse sont l'absence d'un système de munitions ou de réparation, aucune conséquence au vol non plus, l'aspect assez approximatif du combat, et d'autres points que j'oublie sûrement. On ne peut pas non plus personnaliser l'inventaire des compagnons et encore moins les contrôler : bizarre... D'un autre côté, la simplicité du système de combat signifie qu'on apprend vite contrairement à certains jeux qui demandent un effort assez conséquent pour tout retenir. Personnellement, j'ai bien aimé. L'exploration est peut-être un des points les plus positifs du jeu, qui récompense systématiquement le joueur curieux et minutieux. Le parkour est un mécanisme très sympathique.

Concernant le scénario, c'est un point mitigé. L'intrigue principale m'a beaucoup plu et m'a tenu en haleine même si je l'ai trouvée très dérivative (de BG3, de Dragon Age II ou même encore de The Witcher sur certains aspects). L'écriture elle-même laisse par contre à désirer et on regrette amèrement l'absence de Chris Avellone et de Josh Sawyer. L'humour tombe souvent à plat et les compagnons sont bien trop caricaturaux à mon goût. La quête principale souffre aussi d'un manichéisme qui aurait pu être évité pour donner plus de profondeur au jeu. Par contre, il y a une forte réactivité au niveau des choix de dialogue, au niveau notamment des aptitudes du protagoniste et des choix effectués lors des quêtes précédentes. Les choix ne sont pas du tout anodins car ils ont une incidence sur les possibilités de fin du jeu même si ce n'est pas aussi évident que dans FNV par exemple.

La direction artistique est sûrement le point qui m'a le plus déçu. Malgré l'effort sur les graphismes et sur les paysages, c'est vraiment compliqué de se faire à la tronche de la majorité des PNJ, et c'est encore aggravé par leur accent forcé. Au moins, le protagoniste est silencieux ! La musique fait le travail mais est parfaitement oubliable.

En définitive, je dirais que le jeu est plutôt bon mais malheureusement très loin derrière les premiers jeux d'Obsidian (de KOTOR II à New Vegas). Je déconseille fortement de dépenser le prix fort (70 euros !) et recommande plutôt d'attendre une promotion conséquente pour vous le procurer le cas échéant.