Peut-être le plus grand nom du « body horror film », David Cronenberg signe avec « Frissons » son troisième long-métrage mais c’est surtout le film qui le fera percer pour la première fois, encourageant le gouvernement canadien à continuer de subventionner le jeune réalisateur.
Un professeur invente un parasite qui transforme ses victimes en sortes de bêtes sexuelles mais pas tout à fait des zombies – il s’agit plutôt de désinhiber complétement les personnes qu’il infecte. Ce parasite ne fait aucune discrimination d’âge, de sexe ou autre – et les personnes, une fois infectées, non plus. Vous l’aurez compris : si ce film a choqué les conservateurs en 1975 au point d’être débattu au parlement canadien, le spectateur non-averti en 2022, souvent accoutumé aux standards aseptisés du néo-puritanisme occidental, sera tout aussi choqué par des scènes pas tout à fait en accord avec les mœurs du moment.
Que l’on décide de voir le film comme une mise en garde réactionnaire face aux dangers d’une sexualité « trop » libérée ou au contraire comme un éloge à celle-ci regarde le spectateur et lui seul.
En dépit du budget limité et de la relative ancienneté du film, ne vous attendez pas à de l’épouvante ringarde – le travail fait sur les effets spéciaux est tout à fait surprenant compte tenu des circonstances et certaines scènes sont sincèrement angoissantes. La bande sonore du film accompagne très bien l’ambiance du film, en particulier dans les scènes les plus violentes.
Rien à redire sur le jeu d’acteurs – même en l’absence de grands noms – ou sur l’écriture des personnages et des dialogues. Autre point : le scénario est parfois voire souvent absurde et incohérent : on aimera ou on n’aimera pas.