Après avoir épuisé certains de mes plus gros titres de ma bibliothèque Steam et éprouvé une certaine lassitude à défaire les mêmes ennemis sur mes licences de cœur, j'étais à la recherche d'un jeu plus relaxant qui saurait épargner mes nerfs de joueur pour me proposer un challenge certes moins prenant, mais qui raviverait la satisfaction d'un enfant qui mange son goûter. C'est dans cette optique que je me suis procuré Bad North, un jeu de stratégie en "temps réel" (ce qui est partiellement faux). Cependant avant de débourser la somme de XX euros, je voyais sur les tests et sur SC une critique qui n'est à mon sens pas réellement fondée ou du moins inexacte : Bad North est un jeu simpliste. Amateur d'autres RTS, j'avais face à ce bémol réfléchi plusieurs moments avant de me lancer dans cette petite aventure. Et je ne le regrette absolument pas.


Bad North est un jeu qui dans ses premières heures mériterait d'être qualifié de simpliste : nous découvrons le tutoriel, les principales mécaniques et le constat serait effectivement juste : Bad North n'offre pas suffisamment de profondeur pour qu'on s'y attache. Vous incarnez des chefs de petits bataillons contre d'autres petits bataillons (et eux bizarrement pas de chefs, ce qui pourraient expliquer leur stratégie douteuse des premiers niveaux) sur des îles générées aléatoirement, des méchants arrivent par bateaux, il faut leur enlever la tête des épaules pour protéger vos maisons et gagner de l'or qui vous servira à faire tous les renforcements nécessaires.


En tout c'est 3 types d'unités pour vous (archers, épéistes ou lanciers) et 7/8 de ce que j'ai pu compter pour la diabolique IA. Les archers sont les plus capricieux puisqu'ils peuvent décimer une troupe entière avant qu'elle ne mette pied à terre (les ennemis arrivent par bateaux) comme ne rien toucher du tout, les lanciers sont excellents pour tenir une position mais souffrent de leur incapacité à attaquer lorsqu'ils se déplacent, et les épéistes sont sans doute la plus équilibrée, pouvant attaquer en mouvement et parer flèches et quelques coups de vos adversaires. Comprenez en gros que le jeu fonctionne comme un pierre feuille ciseau. Chaque type peut évidemment être améliorée par deux fois, (ce qui fait 3 évolutions en tout) apprendre UNE SEULE compétence liée à sa classe (améliorable également) et se voir équipée d'un objet (jamais deux sans trois, améliorable aussi). Les chefs de vos bataillons ont le bon goût d'avoir un trait de caractère et de le transmettre à leurs hommes : certains sont doués (les améliorations des compétences couteront moins chère), d'autres des brutes (plus de chances de renverser un adversaire) et d'autres encore des sprinters (se déplacent plus vite). En prenant tout en compte on arrive finalement malgré 3 classes de départ à un nombre acceptable de personnalisation de toute son armée qui peut contenir jusqu'à 4 bataillons pour un affrontement. Bien entendu, leurs efficacités sont relatives, et il faudra plusieurs essais au joueur pour se rendre compte que finalement améliorer les mines par deux fois... Ça pue. Dernier point : chaque troupe peut aller se reposer pour retrouver la totalité de son effectif moyennant un laps de temps d'absence, et si votre commandant passe l'arme à gauche, il l'est pour toute la partie, entrainant avec lui tout son groupe.
Voilà la surface en ce qui concerne les troupes. Simple.


Pour revenir aux îles, elles peuvent être de surfaces et de verticalités différentes, passant d'un minuscule territoire pour promener Pépètte votre chien pour quelques heures, à des morceaux suffisamment grands pour loger plusieurs familles. Les environnements sont relativement semblables, on pourra observer de véniels changements à propos de la météo, de la couleur des sols et de la flore. En revanche, d'autres points de paysages ne seront pas à omettre et seront décisifs dans l'élaboration de votre stratégie : les chemins permettant de parvenir aux surélévations ne sont parfois pas évidents et ce même lorsque vous observez l'île avant de lancer la bataille puisque le jeu vous laisse la possibilité de le faire. Les tunnels sont aussi un problème, on ne voit pas ce qui peut s'y passer, et certaines zones sont inaccessibles pour vos troupes, et vous pouvez compter sur les archers adverses pour s'y loger (ce qui vous oblige à vous mettre hors de leur portée pour que ceux-ci viennent vous chercher). Votre caméra est plutôt libre, vous pouvez zoomer ou dezoomer, la faire tourner dans tous les sens, et la rediriger quelque peu. Les maisons à garder en état peuvent jouer contre vous puisqu'elles conditionneront vos priorités de protection et donc d’aménagement de vos défenses. Vous pouvez tout aussi bien décider d'en sacrifier plusieurs pour préférer une contre attaque plus soutenue en nombre, mais ce sera au détriment de vos piécettes qui deviennent vitales pour survivre au fur et à mesure de votre avancement. Pour ce qui est de l'exploration de ces îles, chaque tour vous permet d'en défendre une ou plusieurs, chaque affrontement épuise les chefs impliqués dans le combat et une fois le tour passé, impossible de revenir en arrière, il vous faudra donc planifier.
Voilà pour les îles. Simple.


Bad North est surement un jeu simple, mais ne faîtes pas l'erreur de croire qu'il en devient facile et certainement pas simpliste. Une option en particulier pourrait sonner un avertissement : "possibilité de refaire le niveau". J'ai personnellement délaissé le mode normal dès le début pour me consacrer au mode difficile, je n'ai donc aucune expérience de ce que propose les autres intensités de difficulté. Selon les dires d'un développeur vos troupes mourront plus vite en difficile, mais là n'est pas tellement la cachoterie de Bad North. Bad North est un jeu qui vous demandera d'être rapidement efficace. La sensation d'être dépassé par une horde de vikings est bien présente, mais le jeu vous laisse le loisir de jouer avec le temps : chaque sélection d'unités ralenti l'action, et la barre espace a la même fonction. Même si vous êtes un adepte de la distorsion, il vous faudra apprendre après moult échecs quelle combinaison répond le mieux à ce que l'IA vous balance à la figure. Passé la moitié du jeu, c'est littéralement plus d'une bonne centaine d'ennemis qu'il vous faudra gérer avec vos bataillons de 9 (on peut arriver à 16 avec un objet, mais unique à chaque partie), protéger 4, 5, ou 6 maisons sur des îles dont la totalité est accostable, savoir quand diviser ou rassembler, comprendre que les micros déplacements sont parfois salvateurs, planifier le repos de chaque groupe. Passé les premiers niveaux Bad North devient exigeant, et je vous mets au défi de le conclure en difficile en enlevant la possibilité de recommencer lorsque vous comprenez trop tard que vous faîtes une erreur stratégique. Bad North est certainement un jeu simple, mais simple ne signifie pas facile ou inintéressant. Bad North est un bon jeu de stratégie, très modulable dans sa difficulté, au caractère simple mais assumé, avec les subtilités nécessaires pour vous en sortir à 36 contre 120.


Points négatifs :
-C'est en effet plus le nombre d'ennemis et l'endroit où ils accostent qui fait varier le challenge que la profondeur stratégique.
-J'aurais aimé une commande qui laisse les décors "inutiles" transparents pour m'éviter de sans relâche tourner la caméra pour mieux suivre l'action.
-Très punitif dans les premières tentatives de jeu qui se compense uniquement par l'apprentissage du pierre papier ciseau (d'où l'utilité de "recommencer le niveau).
-La météo ne change pas les conditions de combat.
-On ne peut pas acheter de nouvelles troupes, il faut attendre de les rencontrer sur d'autres îles, et celles ci sont au delà d'un certain stade déjà spécialisées sans nous laisser le choix.


Ps : citation d'une quasi néophyte des jeux vidéos : "C'est drôle, leur nez, on dirait des phallus". Perso j'ai adoré le bruit des troupes qui se déplacent.

Atonie
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le 7 août 2019

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Atonie

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