J’ai acheté BG3 à sa sortie pour faire honneur à mon nouveau PC. En Août dernier donc. Je viens de le finir après genre 200h je pense. Je ne pense pas que ma critique soit vraiment révolutionnaire par rapport à ce qui peut se trouver déjà sur le site, mais après un tel investissement en temps, je me devais quand même d’en faire un petit bilan.
J’ai derrière moi un petit bagage rôliste, j’aime le jeu de rôle papier, pas spécialement D&D mais j’ai quand même pu compulser les règles de la 5eme édition à l’occaz. Pas ma came pour du jdr, trop tentaculaire, à l’ancienne, « simulationniste », je préfère les systèmes plus simples. En revanche, pour du jeu vidéo, où la charge mentale de la juste application des règles est déléguée à la machine, je ne vois pas de raison de cracher dans la soupe ! Et effectivement je pense que Baldur’s Gate 3 sera la meilleur expérience que vous pourrez avoir de D&D 5eme.
J’ai lancé ma partie en mode « équilibré », ne voulant pas simplifier le jeu ni devoir try hard plus que de raison. La création de personnage initiale offre beaucoup de libertés sur le plan des classes, habilités et statistiques, un peu moins sur le plan cosmétique. Mon avatar serait une gnomette, dont j’aimais la vibe « Dark Crystal », de classe barde, pour pouvoir jouer du violon et se sortir des mauvais pas par la ruse et le bagout plutôt que par la violence.
Le début du jeu (l’Acte 1, puisque le jeu est découpé en 3 actes) est assez confusant, outre le fait de devoir assimiler les mécaniques, on navigue de quêtes en quêtes, qui semblent toutes être des scènes d’introduction. Et c’est effectivement le cas ! C’est à la fois la richesse et un des problèmes du jeu à mon sens, dans Baldur’s Gate 3 on fait front de toutes parts, on a l’impression de lire 10 récits différents en même temps. Pour peu que l’on soit, comme moi, un peu sujet au FOMO, c’est une véritable submersion d’infos, d’enjeux et de personnages auxquels on est sensé développer un lien émotionnel ! On a du mal à saisir les contours du jeu et c’est vraiment déstabilisant.
Est-ce que c’est vraiment un défaut ? Probablement pas, mais la tentation de passer à côté d’une partie du contenu pour recentrer un peu le récit est grande, et dans ce jeu, « ne pas intervenir » est souvent synonyme de « laisser mourir » les PNJ. En gros, pour jouer un personnage « bon » dans ce jeu, il y aura vraiment du taff, tant l’intégralité des destins individuels des habitants de Faerun semblent reposer sur vos épaules.
C’est avec cette lourde responsabilité que j’ai traversé l’Acte 1, puis l’Acte 2, extrêmement sombre, véritablement éprouvant et très réussi, avant d’arrivée à l’Acte 3 et là j’ai lâché l’affaire pendant quelques mois.
En fait à l’Acte 3 on se rend compte que c’est là que le « Vrai jeu » commence, que tout ce qui s’est passé avant était une forme d’introduction. Dans la ville de Baldur’s Gate il y aura une nouvelle quête tous les 10 mètres, plus toutes les quêtes précédentes et celles des compagnons à finir. J’ai vraiment ressenti le sentiment d’être dépassé par les évènements et le besoin de prendre un peu de distance par rapport au jeu. J’y suis revenu en ce début d’année, remotivé par le « boss rush » final, et peut-être un peu moins consciencieux dans mon accomplissement exhaustif des quêtes et c’était bon.
Alors que retenir de ces dizaines et dizaines d’heures à parcourir Faerûn ? En vrac, des combats tactiques vraiment très grisants, des environnements variés, de vrais moments de grâce dans la narration (l’acte 2 globalement, et tout l’arc de Karlach), un sentiment de « vraie » campagne de jeu de rôle : on est pas « si libre » que certains veulent nous faire croire mais on consent à suivre avec enthousiasme une belle trame épique ! Et oui, la consécration « jeu de l’année » n’est pas volée, c’est d’une qualité et d’une générosité jamais vue, le gameplay permet beaucoup de fantaisies et d’expérimentations en tout genres. Objectivement sans doute un des meilleurs jeux du monde, oui.
Si je ne mets pas la note maximum pour autant, il y a d'abord une part très subjective de regrets concernant la Direction Artistique globale. Je trouve ça presque dommage qu'avec une telle technologie, un tel amour concernant les diverses finitions du jeu, on se retrouve avec une œuvre de fantasy aussi générique. Il y a un côté un peu plastique/fake dans les personnages, les monstres, c'est de la fantasy comme on pouvait en voir dessinée dans les BDs des éditions Soleil. Cela se sent aussi à l'écriture et à l'esthétique globale du jeu par un certain manque de maturité. En fait on a vraiment l’expérience de jouer une campagne de D&D avec un maître du jeu lycéen. Il y a beaucoup d'enthousiasme, mais aussi des personnages absurdement hypersexualisés, et grosso modo tout ce qui touche à la romance est absolument teubé!
Je pense qu'un je-ne-sais-quoi d'un peu plus onirique, subtil, dans le traitement du monde, de ses personnages, avec mécaniquement le même jeu, m'aurait vraiment plus emballé. Peut-être est-ce en grande partie simplement la faute au matériau de base (Donjon & Dragon dans son itération des Royaumes Oubliés) qui se fait un peu vieillissante dans son approche de la fantasy et de ce que l'on pourrait attendre de tels récits en 2023...
Je peux regretter aussi un peu un certain manque de "liant" dans les situations. En fait, c'est un monde très vaste et très libre mais qui manque parfois un peu de cohérence organique, on avance de "scènes en scènes", en résolvant des dialogues, des combats, avec quelques variations, chacune offrant plusieurs approches différentes, mais le sentiment de cohérence globale est parfois un peu évacué au profit d'une routine de traversée des niveaux , et de micros-évènements que l'on "clear" jusqu'à atteindre les 100%... Ou du moins jusqu'à se sentir avoir suffisamment profité de l’expérience pour attaquer le boss de fin.
En bref, c'était vraiment très chouette, le jeu mérite amplement ses éloges, mais je suis content de l'avoir fini et ne pense pas avoir le courage de me relancer de si tôt dans une 2ème run.