Rageant. Voilà comment je pourrais décrire le sentiment que j’ai eu en jouant à ce jeu. Parce que oui, il y a vraiment de bonnes choses. Mais j'ai l'impression que David Cage se fourvoie dans son approche du jeu vidéo. je n’ai rien contre les jeux Story-Driven, et Naughty Dog fait également ça très bien. Mais pour Beyond, il sera difficile de soutenir la comparaison avec The Last of Us que j’ai également fait en parallèle.
Je n’ai rien contre Elen Paige et Willem Defoe, et je les aime plutôt bien en tant qu'acteurs. Mais que sont ils venus faire dans cette galère ?
La première chose qui frappe quand on le lance, c'est les graphismes. Disons-le tout net, oui, c'est globalement très beau, malgré quelques ratés pas bien méchants. Quantic Dream peut se vanter avec Naughty Dog de maîtriser parfaitement la machine sur laquelle ils travaillent. J'ai également apprécié les musiques.Donc, ça se voit, le jeu a été pensé pour être un blockbuster.
C'est ainsi que nous suivons l'épopée de Jodie, une jeune femme qui peut communiquer avec un esprit, Jaiden, qui l'aide depuis toute petite. Son cas intéresse les scientifiques. Le joueur peut incarner tour à tour, au choix, Jodie ou Aiden. Et nous verrons Jodie dans différentes étapes de sa vie.Le gros problème, c'est que la narration n'est pas faite dans l'ordre chronologique. Résultat, on passe d'une séquence à une autre sans vraiment comprendre. Certaines ne trouvent leur explication que bien plus tard. C'est à nous de reconstituer le puzzle. Pourquoi pas...
Mais vous savez la différence qu'il y a entre Naughty Dog et Quantic Dream ? Le premier studio sait faire un gameplay digne de ce nom en plus d'avoir de beaux jeux. Et c'est là le problème de Cage et de son studio : donner à ses jeux des prétentions qu'ils sont loin d'avoir. Et Beyond n'est pas à mon sens ce que j'appellerai un jeu vidéo. Tout au plus, un film vaguement interactif. Comme dans Heavy Rain, la notion de Game Over a été enlevée. Sauf que dans ce dernier, même si je n’ai pas trop aimé, on faisait en sorte que nos choix, ou la non-réussite de certaine séquences amenaient un autre chemin, même si des incohérences apparaissaient lorsqu'on faisait de nouveau le jeu. Ici, il n'y en a qu'un seul. Peu importe que Jodie se fasse attraper par les flics, ou se retrouve mal en point. Les scènes n'ont qu'une seule issue, lorsque le Deus Ex Machina n'est pas Jaiden lui-même, venu sauver une Jodie mal en point. Le tout sans parfois même appuyer sur un bouton. Alors quand on parle de choix, ici, je rigole. Appuyer sur un interrupteur pour allumer la lumière est beaucoup plus interactif que la plupart des choix qu'on nous donne dans le jeu. Pour moi, la notion réussite/échec dans un jeu vidéo est essentielle, et repose sur les mécaniques de gameplay. Ici, ça ça se résume à " appuie sur un bouton quand on te le demande, " et si le joueur ne le fait pas, au mieux, ça se suit tout seul, au pire la séquence repasse en boucle.
Vous voyez un peu le problème...
Reste que techniquement c'est bien fait, comme je l’ai déjà dit, et le scénario se suit sans déplaisir. Sauf que j'appelle ça un film.