To infinity... and beyond
C’est empreint de méfiance et sur la défensive que j’ai abordé ce troisième opus.
Pensez donc : on nous ressort une ville isolée, une Rapture bis, sauf que pour faire original c’est plus dans l’eau, mais dans les airs.
Le genre de point de départ qui fait flipper et qui sent le manque d’inspiration… du moins sur le papier, car le jeu ne manque pas de personnalité.
Et il faut avouer que le début ne m’a pas beaucoup rassuré.
Dès les premières minutes, on voit bien que les développeurs ont appliqué à la lettre la « recette Bioshock » avec tous ses ingrédients, en espérant que la mayonnaise prenne comme sur le premier épisode : mêmes mécaniques, mêmes idées, mêmes sons, même système de narration… malheureusement, il ne suffit pas de reprendre des éléments d’un jeu pour les transposer sur un autre et obtenir à coup sûr le même résultat.
On retrouve donc inévitablement les distributeurs, les affiches décalées, les poubelles et les caisses à fouiller, ou encore ces petits magnétophones disséminées un peu partout dans les niveaux pour faire « comme dans le premier Bioshock »… mais alors que tout ça marchait du tonnerre dans le premier, que cela donnait une résonnance et une cohérence à l’ambiance et à l’histoire, là c’est bien moins pertinent et assez artificiel.
En gros, ils ont absolument voulu que tous les éléments du premier Bioshock y soient à tout prix, coûte que coûte, et je trouve cela décevant car ça donne à Bioshock Infinite un aspect de remake un peu forcé, alors qu’il pouvait s’émanciper autrement.
Si vous le permettez, je vais continuer avec les défauts et les déceptions histoire de casser le morceau tout de suite, et ensuite je parlerai du positif.
Côté combats, le feeling de ce Bioshock m’a laissé une impression mitigée, avec des fusillades un peu décevantes, qui manquent de tension et parfois assez brouillonnes.
Dommage également que les ennemis ne soient pas plus variés et que les mini-boss ne soient pas plus convaincants.
Alors que les plasmides de Bioshock premier du nom me paraissaient toujours bien sentis et efficaces, là je trouve que les pouvoirs sont moins inspirés et moins séduisants dans leur ensemble.
Ensuite, les objectifs sont souvent amenés de manière un peu grossière et les réflexions à haute voix du personnage principal frisent parfois même le ridicule.
Plus globalement, j’ai souvent eu l’impression que quelque chose sonnait toujours un peu faux… à l’image de ce passage où la population d’un quartier crève de faim alors qu’on trouve une tonne de nourriture tous les deux mètres dans les poubelles.
Concernant la fameuse Elizabeth, elle apporte vraiment quelque chose d’intéressant et elle n’est jamais ni un boulet, ni crispante. En revanche, certaines de ses interventions donnent parfois l’impression d’évoluer dans un Disney et d’être accompagné par Raiponce qui sort de sa tour… Mais malgré tout, elle reste un aspect du jeu bien réussi.
Visuellement, je n’ai pas été complètement subjugué par la beauté du titre car le rendu est très inégal, mais je dois avouer que certains décors ou certaines textures envoient du lourd.
Avec un gros PC, on constate qu’un pallier a été franchi en matière d’éclairage et de gestion des reflets.
Ce qui ne fait que rajouter de la déception sur certains détails oubliés : il est impensable de ne pas voir ses jambes ni ses bras sur un titre de ce niveau, et ça devient même carrément scandaleux quand on est suspendu sur les rails de l’aérotram.
Rassurez-vous, malgré tous ces reproches, Bioshock Infinite reste un bon jeu.
Déjà, le titre est plaisant à jouer ; ensuite, l’histoire est travaillée et on sent qu’il y a eu beaucoup de boulot non seulement sur le scénario, mais également sur son découpage et sur la complexité de l’histoire et de l’univers.
La dernière partie du jeu notamment est très réussie et elle y est pour beaucoup dans l’impression générale que je retiendrai du titre, avec un final marquant.
Bioshock Infinite n’est donc pas un titre majeur et incontournable, mais une aventure contrastée qui laisse un bon souvenir.
En bref :
+ Un titre avec une grosse personnalité
+ Un scénar soigné et une histoire bien écrite
+ La fin bien sympa
- Une impression de remake un peu forcé
- Les combats et les ennemis, pas toujours convaincants
- Des objectifs parfois maladroitement amenés