Ultimate mindfuck [A chaud]
La première chose à retenir de Bioshock Infinite, c’est qu’il est beau. Très beau. Beau dans l’histoire, beau dans les graphismes, beau dans cette belle utopie ensoleillée de Columbia qui cache habilement ses secrets les plus noirs au fil des réalités. La deuxième chose, c’est que la réalité du scénario est plus tordue et plus wibbly wobbly timey wimey qu’une fin de saison de Doctor Who écrite par Stephen Moffat. Quand on sait tout ça, on peut attaquer tranquillement Bioshock Infinite et passer du phare dans la pénombre humide qui n’est pas sans rappeler Rapture à ce ciel ensoleillé parcouru de nuages dodus aux teintes apaisantes.
Le contexte : au début des années 1900 Columbia est une ville flottante oubliée par le gouvernement américain où le prophète Zachary Comstock règne en maître en bon tyran totalitaire qui s’appuie sur la religion pour fédérer ses ouailles et en faire de la chaire à canon quand les premiers rouages de l’utopie se grippent et que le bonheur dérape pour se changer en un cauchemar où vous vous faites allumer par le moindre type armé. Reprenant les travers de son modèle du début du siècle, Columbia stigmatise les races dites inférieures et promulgue l’élite blanche bien pensante en maîtres du ciel, reléguant les noirs et les asiatiques dans les bas fonds de la « Sodome Inférieure » ou en leur confiant les tâches les plus ingrates avec interdiction de protester... Ce qui crée un soulèvement populaire des classes opprimées sous l’égide de la « Vox Populi », un groupuscule terroriste décidé à faire tomber le prophète.
Et au milieu notre héros, Booker Dewitt, qui doit « ramener la fille pour effacer la dette »…
On pourrait penser à un scénario bateau où on doit sauver une pauvre demoiselle en détresse… Seulement la demoiselle qui vous accompagne pendant tout le jeu n’a rien d’une godiche et se révèle être un précieux atout et un personnage très attachant… Voire effrayant.
Il faut plusieurs sauvegardes, je pense, pour appréhender correctement les méandres du scénario et toute la symbolique qui s’étale constamment sous notre nez sans même qu’on s’en rende compte, et ce dès les premières secondes de jeu. Et refaire un jeu pareil ne relève absolument pas de la corvée : malgré un gameplay on ne peut plus répétitif et linéaire, on joue à Bioshock Infinite pour l’histoire, le scénario, pour comprendre, pour avancer. Les ennemis ne sont que des obstacles à notre compréhension que nous reléguons au second plan pour essayer de démêler le vrai du faux tout en se faisant apostropher (pour ne pas dire troller) par deux personnages en apparence loufoques mais qui semblent en savoir long…
A faire absolument !
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