Fringe par Dulcamara

Fringe c'est la série qui ne recule ni devant le côté scientifique aberrant, ni devant les intrigues temporelles où même le Docteur et son TARDIS craindraient le sac de nœuds.

Fringe, c'est également la série qu'il vaut mieux éviter de regarder en mangeant, entre monstres insolites baveux, squameux et répugnants et dissections d'humains frappés de difformités plus que dérangeantes.
Mais au final, les explications scientifiques à la Abrams passent mieux pour moi que les mêmes ingrédients à la sauce Moffat, car si dans Fringe les énormités scientifiques sont de mises, au moins elles ne sont pas balancées à la vitesse de la lumière dans un épilogue rapide et bon enfant. Et pour cause : le public visé est bien différent.

Fringe vise un public adulte fan des séries type X-Files dont elle s’inspire sous forme d’hommages variés. Au cœur de la série, une équipe de choc composée d’un agent du FBI (avec l’austérité et l’habitude des ordres que ça implique), d’un savant fou, d’un autre agent du FBI que le savant a bombardée assistante et d’un électron libre touche à tout, fils du savant fou. L’harmonie des épisodes repose sur ses personnages plus que sur son intrigue un peu brouillon qui s’oublie facilement d’une saison à l’autre tant elle est complexe, sautant d’un fil rouge à l’autre. On a d’abord un énième savant revanchard qui veut détruire le monde puis deux univers parallèles qui se font la guerre et enfin une race d’humain du futur venus envahir la terre ce qui crée un certain nombre de lignes temporelles dans lesquelles le passé des protagonistes change, tant pour chacun d’eux que pour les relations qui les unissent. Vous suivez ?

Mais pour moi rien d’insurmontable parce que j’aime les histoires scientifiques à dormir debout, les paradoxes temporels et surtout le duo de choc formé par le docteur Walter Bishop et son fils Peter. Scientifique approchant la soixantaine, friand de réglisse et aimant cuisiner tout nu sous son tablier, Walter Bishop est l’élément loufoque de la série. Souvent à l’ouest, n’aimant rien tant que grignoter des pâtisseries en disséquant un cadavre puant et visqueux, il est loin du cliché du scientifique froid et des laboratoires aseptisés (que l’on voit toutefois chez les méchants/vicelards de la série, du moins au début.) Qui plus est, son affection touchante pour son fils et le contraste qu’ils forment tous les deux quand la série débute sont ma principale motivation pour tenter de suivre coûte que coûte l’intrigue qui part parfois en sucette.

A l’instar de Walter, le couple phare de la série voit aussi ses personnages évoluer constamment au cour des évènements et même se payer le luxe d’une love story affichée avec vie de couple et enfant à la clé. Même si on s’en doute, le bonheur est de courte durée au profit d’un énième twist sous la forme de chauves creepy en costume-cravate.

Quelle ne fut pas ma déception de voir l’ultime saison réduite à douze épisodes… Mais c’est la dure loi de l’audimat, et après un final fort en émission où j’ai passé les ¾ de l’épisode à pleurer comme une madeleine, j’en conclus que oui, Fringe est une bonne série, mais que j’incite fortement les allergiques à Abrams et à ses intrigues totalement WTF à s’en tenir le plus éloignés possible.