Il est surprenant de se dire que ce Blair Witch, sorti en 2019, a été réalisé par l’un des studios les plus en vue de 2024 : Bloober Team. En effet, les développeurs du très apprécié Silent Hill 2 Remake sont aux commandes de ce petit jeu indé reprenant la célèbre série de films sortis au début des années 2000. Le rapprochement entre les deux jeux n’est pas anodin car les personnages principaux des deux titres se ressemblent beaucoup que ce soit le visage ou vestimentairement parlant. Au-delà de l’anecdote, l’aspect visuel du jeu est une franche réussite. Optant pour un réalisme photographique, la forêt et les divers lieux dans lesquels vous vous engouffrez sont plus vrais que nature et on doit saluer le travail des équipes car même six ans après, Blair Witch n’a pas à rougir de sa réalisation technique. Pourquoi se promener dans cette forêt maudite, me direz-vous ? Et bien l’histoire nous entraîne à la recherche d’un jeune garçon disparu, une battue est rapidement organisée avec la police. Peu à peu, les événements prennent une tournure plus personnelle et horrifique. Le jeu mise habilement sur l’aspect psychologique en exploitant avec subtilité les propriétés étranges de la forêt pour brouiller les frontières entre réalité et hallucinations. C’est d’ailleurs un élément central du gameplay, mais j’ai eu du mal à l’apprécier pleinement. En effet, rien n’est vraiment expliqué au départ, et c’est uniquement après avoir tourné en rond que l’on comprend que la forêt nous manipule. Afin de retrouver son chemin deux atouts sont à votre disposition : votre fidèle compagnon, un berger allemand capable d’aller dénicher des objets et de grogner dans la direction d’une menace ; votre camescope, l’élément de gameplay le plus original du jeu. En fouillant l’environnement, vous trouverez parfois des cassettes d’enregistrement éclairant le passé proche d’un lieu. En retrouvant physiquement le lieu d’enregistrement de ces bandes visuelles, et en observant le lieu via l’écran du camescope, il sera possible de reconstituer certains lieux du passé et de les modifier au présent. L’idée est folle, le principe est canon mais dans la pratique c’est de la turbo merde car tout est très scripté, j’ai passé 30 minutes sur l’une de ces reconstitutions en début de jeu (l’arbre qui tombe pour ceux qui connaissent) mais cela ne fonctionnait pas car il me manquait une note ou une connerie du genre. En réalité, Blair Witch possède quelques fonctionnalités sympathiques que ce soit le chien, le sentiment de désorientation provoquée par la forêt, le camescope mais l’apprentissage de ces mécaniques se fait dans la douleur car on ne vous explique rien. Qu’en est-il de la peur ? Sans doute le point le plus décevant du jeu. J’ai terminé Blair Witch d’une traite (environ 8 heures pour en venir à bout en prenant largement son temps), donc le jeu sait accrocher le joueur en proposant tout de même une aventure mystérieuse et prenante mais franchement, le trouillomètre est à zéro. Les entités cherchent à vous encercler ou vous surprendre par-derrière, mais rien de bien mémorable et la fin ressemble à n’importe quel jeu d’horreur dans lequel une menace patrouille dans une zone et vous devez vous faufiler sous peine de vous faire croquer. Rien d’original, rien de très effrayant. Promesse non tenue en ce qui me concerne mais c’est toujours pareil, le baromètre de la peur est une question très subjective et dépendra des joueurs. Sur une échelle objective de peur en affirmant que Visage et From the Darkness sont à 10 et Super Mario Galaxy et Kirby et le monde oublié à 1, Blair Witch se situe entre 5 et 6.
En conclusion, Blair Witch est un jeu à la réalisation soignée qui parvient à recréer l’ambiance oppressante de la célèbre saga cinématographique, grâce à des environnements immersifs et un travail technique toujours impressionnant, même plusieurs années après sa sortie. Cependant, si son concept et ses mécaniques de jeu, notamment le caméscope et le chien, sont intéressants sur le papier, leur exécution laisse parfois à désirer, rendant la progression frustrante à cause d’un manque de clarté et d’une rigidité excessive dans la conception. Côté frissons, le jeu peine à tenir ses promesses. Si l’atmosphère angoissante fonctionne par moments, les mécaniques horrifiques restent trop classiques et prévisibles, ce qui en fait une expérience plus intrigante que réellement terrifiante. Au final, Blair Witch propose une aventure captivante et mystérieuse, mais qui ne révolutionne pas le genre, et dont l’impact horrifique se situe quelque part entre le moyen et l'oubliable.