Les voies du seigneur sont répétitives

Evacuons les lieux communs d'emblée : Blasphemous 2 est un jeu absolument magnifique.

Le premier jeu avait été l'occasion pour moi de m'essayer au "metroidvania" (quelle nomenclature de genre de jeu bizarre...)... et j'étais content d'avoir découvert ce genre sur un jeu d'un tel cachet visuel et atmosphérique.

La suite ne déroge clairement pas à la règle en proposant un univers médieval-andaloux-fantastique qui désarçonne toujours autant par ces rencontres sinistres, solennelles et ecclésiastes. Le malaise provoqué par certaines situations est sur ce plan démentiel... au point de rendre une Dark Fantasy Lovecraftienne familière et cosy à appréhender (vraiment... j'ai hâte de me remmettre à Darkest Dungeon pour me changer les idées). Car voilà... le religieux dans sa forme la plus extrapolée a quelque chose de pesant, de malsain... et de beau.

MAIS QUE CACHE LE BEAU ?

L'équipe de Game Kitchen a fait de cet adage le principal leitmotiv de son univers... et va jusqu'au bout de son concept. Et cette quête d'ascension vers les cieux divins fait intrinsèquement ressentir cette sensation de se déconnecter de l'humanité. Voilà ce que Blasphemous 1 et 2 développent superbement... au point de donner envie de devenir athée.

Et les musiques de Carlos Viola renforcent ce sentiment avec brio. Les compositions entêtantes font ressentir soit la nostalgie, soit la mélancolie, soit l'Andalousie soit la mort. Blasphemous 2 est un jeu vidéo jouissant de l'une des plus belles OST qu'il m'ait été donné d'entendre.

J'en veux pour preuve la simple composition Procesión de Sombras
entendue lors de nos rencontre avec une sinistre caravane noire pour vous emmener dans une zone nouvelle.

La pièce montée atmosphérique de tout ceci est pesante mais fascinante.

Mais encore une fois : QUE CACHE LE BEAU ?

Blasphemous 2 souffre malheureusement de quelque chose : c'est une suite. Une suite qui donne cette impression... de refaire un jeu déjà accompli. A la fin de Blasphemous 2, une impression d'avoir accompli... quelque chose de déjà fait à la fin du premier jeu laisse songeur sur l'enrichissement de l'expérience.

Blasphemous 2 est TROP PAREIL au premier jeu.

Alors certes, je vois venir les commentaires :

- Mais non : t'as un choix de trois armes différentes au départ (puis une 4ème dans le DLC qui marque le retour de la lame Mea Culpa).

- Mais non : ces trois (puis 4) armes amènent des variantes de gameplay sur la plateforme (la cloche, les miroirs, les murs...)

- Mais non : t'as des séquences "contre la montre" où tu dois franchir des parcours en temps recors.

- Mais non : t'as le retable des effigies qui permet de customiser un build en fonction de l'arme qu'on va privilégier.

Mais à ça je répondrai : oui, mais c'est tout.

On est toujours en train de visiter plein d'églises, on est toujours en train de récolter des rosaires, on cherche toujours à libérer une 30aine de chérubins (auxquels s'ajoutent la quête des soeurs...), on cherche toujours à débloquer une nouvelle potion de soin, un nouveau bonus de vie ou de mana... tout ça pour être le mieux armé pour le prochain boss.

Et c'est là que je vais aborder l'aspect sur lequel cette suite me parait vraiment inférieure au premier jeu : les boss. Attention, je ne parle pas des affrontement ! Ils sont cool, avec des pattern plus ou moins coriaces mais jamais frustrants (Game Kitchen évite toujours aussi bien de confondre "difficulté" avec "frustration"... et c'est trés bien !).

Non.

Je veux parler de l'ordre dans lequel nous affrontons ces boss.

Dans Blasphemous 1, vous aviez le choix au départ de l'ordre dans lequel vous alliez affronter 3 boss, puis une fois entré dans la cathédrale, vous en affrontiez 2 dans l'ordre que vous vouliez, puis vous deviez affronter des gardes pour atteindre les boss finaux au sommet de l'édifice. (Sans oublier les boss des DLC Strife of Dawn et Wounds of Eventide qui pouvaient se faire tout du long également en fonction de votre parcours).

Dans Blasphemous 2, vous n'avez plus ces choix d'ordre d'affrontement. Vous affrontez le premier boss, puis le second, puis troisième... C'est d'autant plus bizarre, car le choix de l'arme que l'on fait au départ aurait pu justement engager le joueur sur un parcourt initial différent. Par exemple, moi, j'avais choisi initialement la rapière et la dague... et bien pour le premier boss, VOUS NE POURREZ PAS l'affronter sans avoir au préalable obtenu le fléau.

...

...

Donc finalement, autant prendre le fléau au départ ?

Cet ordre imposé m'a quelque peu dérangé car il tue dans l'œuf la volonté à tenter une deuxième run en NG+ pour débloquer une autre fin...

Bonjour la répétition.

...

Et ça, le premier jeu ne souffrait pas de cet aspect.

Je ne suis même pas sûr de vouloir me replonger dans Blasphemous 2 si un nouveau DLC ressortait (car Mea Culpa ne change pas tellement la donne : le boss final de ce DLC s'affronte avant la dernière partie de la quête principale).

Si Game Kitchen se décide à faire un Blasphemous 3... j'aimerais vraiment... grandement même... qu'ils reviennent à cet idée de choix de parcours, car sans ça, quel intérêt de repartir dans cette procession ? C'est déjà suffisamment déprimant, déjà suffisamment sinistre, déjà suffisamment retors... ajouter le répétitif à tout ça, NON.

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Mais bordel... qu'est ce que c'est beau !