On commence par insérer le jeu dans la console avec un respect mêlé d'une vraie crainte. "Ça va être très difficile, avec mon niveau de joueur basique, vais-je réussir quoique ce soit à par me faire laminer la face ?"
Parce que Bloodborne et surtout le studio qui l'a développé, From Software, a sa petite réputation. La difficulté c'est leur truc. Vous faire crever, c'est leur truc. Et si possible de manière frustrante et par un gros monstre bien dégueulasse.
Première cinématique : on ne comprend rien, mais on a très peur du loup-garou qui a essayé de nous chatouiller la joue pour finalement se décomposer en flammes.
Le coeur qui bat à fond, on se fait surprendre par les ennemis et on crève. Immanquablement. Pas l'ombre d'un tuto ou d'un guide pour nous expliquer comment se défendre face aux ennemis souvent packés par groupe de cinq, ou alors qui font trois fois notre taille. Rassurant.
Et là, on va mourir mais mourir... Embroché par une fourche, écrasé par une masse, brûlé par une torche, déchiqueté par un chien, troué par une balle...
Pour se retrouver dans un lieu étrange : "le rêve du chasseur", maisonette entourée de tombes et de pâquerettes morbides. Ce sinistre endroit devient votre refuge et votre seule amie sera la poupée qui hante les lieux. Créature anémique et peu bavarde, on s'y attache pourtant énormément. Peut-être parce que la folie commence à nous guetter...
Le jeu est franchement difficile à prendre en main pour un novice. On se dit souvent qu'on va aller revendre le jeu à Fnac parce que y'en a marre de pas avancer, de mourir au même endroit. Et au bout d'un moment, le déclic. Ce n'est pas notre perso qui prend un niveau, c'est nous. On va mieux capter les patterns des ennemis, on va observer, on va comprendre.
Parce que Bloodborne c'est un jeu d'observation. Parfois il faut s'arrêter et regarder. Pour ça le jeu vous aide parce que :
- Il est somptueux.
- Il vous glace les sangs et vous avez tellement peur d'avancer encore quelques mètres que vous préférez rester sur place. Et écouter les bruits. Ce râle là, ça doit être un monstre caché dans l'angle à droite.
- Il ne vous révélera pas facilement l'histoire. Elle vous est donnée par petits morceaux dans le désordre, via des items ou par des pnj (eux-même se demandant ce qu'ils font là). Parfois il vous faut poser la manette et se demander : "Mais il se passe quoi là ? Je suis qui ? Qu'est-ce que je fais ?".
On pourrait parler de Bloodborne pendant des heures, de son histoire, des symboliques qu'il soulève (la Lune, le sang, l'enfantement, les limites de l'esprit et... les règles (oui)). Ce jeu est une vraie claque, d'un raffinement extrême mais aussi très brutal (certains monstres sont dérangeants... vraiment dérangeants).
Je ne pourrais que conseiller ce jeu. Vous allez en baver au début, et puis vous aller comprendre. Et gagner en lucidité.