N.B:Je ne vais pas vraiment donner un avis argumenté, peser le pour et le contre, critiquer les aspects techniques du jeu dans cet avis, les différents tests sont déjà légions et éloquents, ils seront plus à même de répondre à vos interrogations sur ces domaines. Je veux juste témoigner de mon expérience de découverte du jeu, qui est une première pour moi !
Je n’ai jamais touché à un jeu de la licence Souls, Demon Souls, Darksouls I et II !
Essentiellement pour des questions de temps, ce sont des jeux que je savais éminemment chronophages, demandant un temps et un investissement que je préférai mettre sur plusieurs autres jeux, et d’autres loisirs. Pour être franc, l’idée même d’un A-RPG dans un univers Fantasy (tout dark qu’il soit) me saoulait par avance…j’en avais soupé de ce type d’univers, et ce simple aspect cosmétique me suffisait amplement comme excuse pour ne pas y accorder plus d’attention que cela. Comprenez que les jeux qui demandent un investissement en temps, je les préfère quant ils m’attirent, me parlent et me motivent un chouilla visuellement et par leur univers ! La forme a aussi son importance, on ne va pas se mentir.
Leur difficulté « légendaire » m’était également parvenue aux oreilles. En tant qu’amateur de JV j’essaye de me tenir un peu au courant…au moins de loin, et les témoignages de certains amis « intégristes » du JV sur la qualité de l’univers, l’importance du « trial and error », et la force du retour sur investissement, à savoir le degrés de satisfaction du joueur lorsqu’il arrive à ses fins malgré la difficulté (et le prix ça ne reste pas anodin..) ; tout ceci ne m’était pas étranger, mais rien n’y a fait, je ne les ai pas fait, et même aujourd’hui je ne les ferai pas.
Mais un jour du mois de février, professionnellement j’en suis venu à m’intéresser au futur catalogue de sortie de la PS4, et de fil en aiguille, à voir quels jeux pourraient motiver un futur éventuel supputtatoir achat de la PS4…pour moi. Et là je suis tombé sur une vidéo de Bloodborne. Ce fut un choc (bon j’en rajoute un peu !), dans la mesure où cette ambiance berserko-victorienno-gothico-malsaine m’a immédiatement conquis, ce jeu serai mien. Ma décision (mon prétexte) était prise, j’achèterai la console pour ce jeu (et d’autres j’ai vu à long terme…) !
Néanmoins l’affiliation aux Souls ne m’était pas apparu évidente, c’est à force de prospection par lecture et visionnage de vidéo sur le tard, que j’ai compris le lien. J’allais donc m’initier à un type de jeu dont le ratio difficulté/satisfaction du joueur était l’un des plus vanté, un jeu pour les joueurs qui aiment s’investir…et je n’avais pas peur….enfin un epu quand même !
Voilà pour l’introduction comac, mais elle me semblait logique pour exprimer ma quasi virginité pour le genre et le jeu…et comprendre mes déboires pour assimiler ses mécanismes et vraiment débuter.
La sortie du jeu était concomitante avec quatre jours de repos, pendant lesquels ma compagne travaillait, et une soirée première découverte du jeu avec un ami s’annonçait comme un bon moment à passer…et là après quelques secondes de jubilations avec l’intro du jeu, la découverte du RDC de l’infirmerie, et la première mort (presque évidente, surtout pour un gros newbie) ce fut l’ascenseur émotionnel, brutal, frontal, cru !
Nous avons donc passé quatre heures le soir à refaire en boucle le tout début du jeu sans même voir le premier boss, ou les égouts. Quatre heures ou les mobs de bases nous mettaient une branlée en deux vulgaires coups ! Quatre heures de Loadborne punitif ! Quatre heures de rush absurde, avec essais de stratégies à base de kamikaze et de bourrinage complètement improductif ! Quatre heures de tentatives de furtivité lamentablement inefficace. Bref quatre heure de totale improductivité. Et même scénario le lendemain pendant trois heures, impossible d’aller plus loin que Yarnam ! De quoi rager et grogner de frustration, et surtout de se remettre en question en temps que joueur : suis-je trop vieux pour ces conneries ? Ai-je trop bu la veille au soir pour être aussi peu doué ? Ai-je trop épicé les gyozas du soir ce qui me retourne l’estomac ? Non, la réalité était là, sans fars, je n’ai juste pas été doué.
Le surlendemain après recréation obligatoire de personnage et quelques nouveaux essai infructueux, c’est le déclic, la réaction d’orgeuil et la libération ! L’arrivée sur un nuage de réussite et d’exaltation. Après en avoir chié des ronds de chapeaux par tous les orifices pendant deux jours, je m’étais enfin fait au commencement du début de découverte du gameplay, de quoi tuer sans trop souffrir les premiers ennemis du jeu, de réussir un contre sur cinq, de réussir à faire réparer mon arme qui s’abimait dangereusement.
Bref, ô joie, je n’étais pas condamné à être impuissant face à Bloodborne, mieux je commençais déjà à prendre mon pied et comprendre ce fameux ratio gratification/difficulté ; si je le ressentais déjà pour ce qui n’était qu’une minuscule partie du jeu, quelles émotions éprouverai-je alors au milieu, sans parler de la fin. J’étais lancé, j’avais compris les mécanismes du jeu, j’étais sûr que j’irai au bout.
Et après 57 heures de jeu je finissais hier enfin mon premier run de jeu, avec la bonne fin (je l’ai su juste après), le sentiment du devoir de gamer accompli, et plus encore l’envie de replonger immédiatement m’étreignait déjà : pour voir les passages omis, les PNJ loupés, les mauvais timing, les armes à développer, les différentes fins à faire, les boss non battu, les runes manquantes, les builds de personnages différents, etc… Et Surtout se confronter à un nouveau degré de difficulté, voir si l’on est capable d’aller au bout du NG+, plus vite et mieux..
Voilà l’essence de Bloodborne, un jeu certes difficile (au début surtout lorsque l’on est vierge de ce genre d’expérience, après tout est question de courbe de progressions, de dextérité, d’un peu de logique, et de pas mal d’abnégation) mais loin d’être inabordable, proposant un univers riche, non guidé (quel bonheur de se sentir libre de faire les zones du jeu plus ou moins dans le désordre), et surtout ne prenant pas le joueur par la main, le laissant un peu libre de ses choix et surtout le considérant comme quelqu’un capable de réfléchir et de s’adapter.
Un jeu qui ne vous aime pas au début, qui se laisse désirer et apprivoiser dans la douleur, le stress et la rage, mais une expérience dense comme il s’en fait rare, dans une mouvance de jeux fast food, ou l’effort et la frustration ne sont plus des valeurs en odeur de sainteté (hop mode vieux con !).