La canicule est de retour, sortez vos GBAs
A croire que Kojima-san cherche à tout prix à apporter un semblant d'originalité dans le petit monde du jeu vidéo (on lui en voudra pas, le bougre). Lui, son credo, c'est plus l'interactivité entre le joueur et la machine, souvenez-vous du combat contre Psycho Mantis dans Metal Gear Solid. Avec Boktai, Hideo Kojima veut nous faire sortir dehors en profiter du magnifique temps qui règne en France, au lieu de rester dehors et de bronzer artificiellement face à nos écrans (ce qui est con puisqu'un écran n'émet pas d'UV). Inutile de rappeler que Boktai appartient à cette grande famille de jeux bizarres sur GBA et utilise la technologie solaire grâce à une cartouche avec un capteur dessus (même la 3DS elle le fait pas ça).
En effet, dans ce jeu notre principale arme est un gun solaire (pour renvoyer ad patres les méchants vampires), et son utilisation est directement liée à votre exposition au soleil (le vrai, pas votre lampe de bureau). Plus vous restez dans un endroit ensoleillé, plus votre flingue se recharge rapidement, au contraire si vous restez à l'ombre ou que vous jouez en intérieur, je ne donne pas cher de votre peau en cas de rencontre avec le comte Dracula. Bon, évidemment, si on s'en tenait à ça, le concept serait trop limité, alors les p'tits gars de Konami ont rajouté un truc : si vous restez trop longtemps au soleil, votre arme surchauffe et risque de s'enrayer. Il faut alors passer à l'ombre pour refroidir l'engin. Bien pensé, Kojima s'inquiète de notre peau de gamer manquant sérieusement de mélanine et, grâce à ce système, fini les coups de soleil. Vous l'aurez compris, jouer sur la plage à un jeu pareil a quelque chose d'euphémique, même si le fait de passer constamment de l'ombre à la lumière risque de vous niquer votre beau bronzage cet été.
Chose amusante, on peut considérer comme niveau de difficulté la ville dans laquelle vous habitez et votre indice d'exposition au soleil. En début de partie, il vous suffit d'indiquer la grande agglomération dont vous faites partie, et le jeu adapte la quantité de lumière perçue automatiquement. Si vous habitez Marseille, pas de problème niveau soleil, par contre si vous habitez Vesoul ou Lille, le jeu compense automatiquement le manque de luminosité. Encore une trouvaille de plus. On peut retrouver d'autres sympathiques choses dans le jeu, comme par exemple la possibilité de cultiver des fruits sur un arbre solaire pour ensuite récupérer des objets. Le soleil influe aussi sur l'environnement, ainsi la lumière qui filtre au plafond des donjons dépend elle aussi du soleil, et plus la lumière est intense plus il est facile de se débarrasser des monstres. Attention cependant : si vous restez trop longtemps, l'eau peut commencer à s'assécher et il peut se passer une véritable sécheresse virtuelle. Le jeu possède une horloge interne, et les environnements changent selon le jour, le crépuscule ou la nuit. On a aussi la possibilité de stocker de l'énergie solaire pour pouvoir jouer plus tard, à un moment nuageux ou tout simplement la nuit. On peut trouver des dizaines d'autres trouvailles originales au jeu, comme un mode multijoueur où le but est de voler l'énergie solaire des autres joueurs. Bref, dans le genre, Boktai est jeu vraiment novateur, ce qui ne fait pas de mal, vous l'avouerez...
Le jeune Django a pour tâche de traquer tous les seigneurs vampires qui se terrent au fin fond de leur donjon, de les vaincre avec le Gun Del Sol puis de traîner leur cercueil à l'extérieur pour le purifier en pleine lumière. La tâche est d'autant plus difficile qu'il faut alors retraverser le donjon peuplé de monstres dans l'autre sens, tout en prenant garde au cercueil qui s'anime parfois de lui-même pour tenter de retourner dans son repaire. Au fil de l'aventure, l'arme de Django acquiert de nouvelles capacités qui facilitent la destruction des monstres. On sent bien que l'auteur de MGS a participé à ce jeu, puisqu'on y retrouve une dimension infiltration très poussée. Parfois, quand votre Solar Gun est vide, la discrétion est quasiment indispensable. On peut longer ou taper contre les murs, lancer des objets pour distraire les putréfiés, on retrouve même les fameux points d'exclamation ou d'interrogation traduisant le niveau d'alerte des ennemis.
La représentation est en vue isométrique, de haut, ce qui demande un certain temps d'adaptation pour se déplacer et attaquer précisément. Les environnements sont sympathiques, mais déjà vus des dizaines de fois (oh le donjon de feu ! oh le donjon de glace !). Cela dit, le jeu est joli, sans plus. L'ambiance sonore est elle très réussie, surtout les musiques de donjon, ténébreuses à souhait. La localisation Française est quant à elle très moyenne, puisque les noms des objets sont restés en anglais, donnant un mix d'anglais/français dans les textes (Konami style). Le seul vrai problème de Boktai est sa durée de vie, ou plutôt son intérêt sur le long terme. Au début, on est tout content, on se dit que la trouvaille du capteur solaire est géniale, puis après deux, trois donjons, on se rend compte que la progression est toujours la même. Il s'agit dans tous les cas de sortir l'affreux vampire de sa tanière, donc une certaine lassitude s'installe petit à petit. De même, le fait de ne pas pouvoir influer directement sur la météo impose de grosses contraintes au joueur. On ne peut pas jouer où on veut et quand on veut à Boktai, et c'est peut-être ça le problème finalement.
Le concept du jeu, basé sur l'utilisation de la lumière solaire, convient parfaitement à l'aventure proposée (ce serait plutôt l'inverse en fait, l'histoire au service du concept), malgré les conditions requises pour jouer. L'expérience vaut tout de même le détour, si comme moi vous êtes avide de concepts novateurs dans les jeux vidéo. Et franchement, il fait si beau en ce moment, ce serait dommage de ne pas en profiter.