Un charme naturel

Après le très renommé Machinarium aux allures mécaniques et sales, Amanita Design se sont lancés dans un design plus coloré et plus proche de la nature. C'est ainsi qu'est né le très joli et enchanteur Botanicula.

Une direction artistique très soignée

La première chose que l'on constate au commencement est le travail sur la direction artistique. Le jeu entier est basé sur un doux mélange entre fraîcheur naturelle et humour. Le synopsis: il s'agit d'une sphère noire aux traits maléfiques qui veut extirper toute la sève de la vie, celle de la flore. Métaphore évidente de l'avancée dévastatrice de l'industrie et de la déforestation, ou je ne m'y connais pas. Le seul espoir est une graine non-éclose encore qui doit atteindre le sol pour ainsi sauver le monde. Si cela peut paraître vaguement théâtral sachez que ça l'est: le jeu aborde un aspect assez naïf et comique de cette descente au travers des différents personnages qui aideront cette graine à atteindre le but escompté. Nous pouvons donc observer cette épopée d'un œil attendri et admiratif devant la direction artistique sublime et très propre. Cette impression d'être au microscope à contempler la vie suivre son cours, notamment grâce à un effet de flou en arrière plan, renforce l'immersion. Un seul petit reproche qui serait à faire au game design: la sous exploitation de chaque personnage. Même s'ils ont une identité visuelle propre, leur utilisation en jeu n'est pas très poussée et les rend peu attachant.

Simple mais pas intuitif

Vous avancerez pendant les trois à quatre heures du jeu en étant assez libre sur les six actes qui le composent, à la manière d'un point & click. Vous aurez quelques énigmes à résoudre pour débloquer le passage à l'acte suivant. Selon les tableaux, un de vos personnage pourra interagir pour avancer ce qui vous pousse à cliquer de manière un peu désespérée sur chacun d'entre eux. Hormis ce fait, les énigmes sont agréables à résoudre et amènent leur dose d'humour à cette aventure. Malgré la simplicité de certaines énigmes, le jeu nous largue par moment dans les actes de l'histoire avec des directives vagues où il vaut mieux avoir le sens de l'orientation pour pouvoir retrouver son chemin. Ajoutez à cela les rares changements de tableau qui ne sont pas bien raccordés et qui vous font perdre vos petits personnages de vue.

L'immersion par le Sound Design

La dernière -et certainement la plus grosse- particularité du jeu est son Sound Design très bien travaillé. Aux commandes on retrouve DVA, un duo tchèque qui vient peaufiner la bande originale superbe. On est exactement dans le ton de l'univers très naturel: une instrumentalisation vocale et sobre accompagnée souvent de mouvements tantôt jazz, tantôt folk qui reflètent l'état du tableau ou de l'acte en général. J'en arrive au point clé où les tableaux vont s'approprier la musique par moment pour la rendre donc intradiégétique. En effet, elle sera jouée par l'environnement, les personnages ou les bruitages ce qui renforce l'immersion et apporte une touche très personnelle à l'univers, le rendant indépendant du monde qu'il est censé représenter. N'étant composé d'aucune ligne de dialogue mais de sons et d'images, le Sound Design devient donc un des points forts de cette pépite.

Mot de la fin: Une petite perle

Proposer 9€ pour un jeu d'une telle qualité en est presque insultant pour le studio et pour nous, consommateurs. Avec une direction artistique sublime et un sound design d'une qualité rare, Botanicula fait partie des petites perles du jeu indépendant. En un peu plus de trois heures de jeu, vous découvrirez un univers riche avec sa pointe d'humour qui ne vous laissera pas insensible.