Bravely Default par ngc111
Il fut un temps où le JRPG était roi ; où le joueur n'était pas las de parcourir de vastes plaines en étant interrompu toutes les trente secondes par un combat aléatoire, où il ne rechignait pas à arpenter de tortueux donjons, dans lesquels il aimait à se perdre. Aujourd'hui l'évolution du profil du joueur, celle du game design et l'apport d'autres genres ont contribué à raréfier et à modifier ce genre de jeu. Pourtant, à l'image de ce Bravely Default, il est encore possible de profiter du classicisme d'un jeu de rôle 16 bits tout en fondant devant son étonnante modernité. Comme à l'allure d'un vieux modèle à la flexibilité surprenante.
Le jeu édité par Square Enix est ainsi un parangon d'ergonomie. Rarement un jeu de ce genre, et peut-être même un jeu tout court, n'aura été aussi agréable à jouer ; comprenez par là que le système de jeu est jubilatoire, en terme de récompense pour le joueur (la fameuse notion de plaisir lié au sentiment de puissance) et d’efficacité dans la navigation des menus, de liberté dans le paramétrage.
Dans BD il est ainsi possible, et de manière instantanée, de changer la fréquence des combats, leur difficulté, de passer d'une classe à l'autre sans perte d'XP, de disposer de ses compétences comme on l'entend (dans un savoureux mélange des genres), d'adapter son équipement, d'upgrader ses coups spéciaux, sans jamais avoir à se plaindre d'un menu ma pensé, d'une obscurité dans la ou les conséquence(s) d'un choix. Le plaisir on vous dit !
Cela s'accorde avec une philosophie de jeu assez différente des classiques du genre, portée sur l'offensive. Entre les points Brave qui permettent de multiplier les actions, l'impact du nombre de coups donnés et de la possibilité d'asséner un coup critique, les dégâts élémentaires (ou exploitant la faiblesse d'un type de monstre) et la surpuissance des coups spéciaux ; les sensations de puissance et le punch des affrontements n'en sont que plus grandes. Le plaisir on vous dit !
On l'aura compris, sans être totalement novateur, le système de jeu du bébé de Silicon Studio es sa grande réussite.
Mais si le charme du jeu opère dés le début, c'est parce que ce commencement nous montre la beauté artistique de son univers. Un village aux traits vaguement crayonnés, une musique mémorable et l'on comprend que BD nous fera vivre de biens agréables moments. Chaque village est un pain d'épice pour nos yeux affamés et gourmands, dans un style technique et artistique qui pourra évoquer par moment Baten Kaitos, un autre grand nom du jeu de rôle (sur GameCube). Ces villes sont certes petites et ne servent que de points de repos et de ravitaillement mais s'adaptent pour ainsi dire parfaitement au format de jeu portable (comme tout le reste du jeu, en témoigne les sauvegardes avant les boss) et n'empêchent en rien le sentiment de vivre une belle et longue aventure aux terribles enjeux.
La narration et le rythme s'en sortent d'ailleurs très bien et ce malgré un choix qui divisera nombre de joueurs dans la deuxième partie.
Bravely Default a le don de nous intéresser à tous les protagonistes, et se montre généreux en histoires annexes. L'univers est remarquablement construit, développé et enrichi. On en viendra à passer sur les points de détail qui nuisent parfois à la cohérence de l'intrigue et au crédit accordé aux personnages principaux.
Pour n'en retenir que le plaisir, encore une fois !