Ce qu'il y a de bien, avec Brothers : A Tale of Two Sons, c'est que le titre permet déjà bien de résumer le pitch du jeu, qui ne s'articule pas - comme on a l'occasion de le voir bien souvent - autour d'un personnage principal entouré de persos plus ou moins secondaire, mais bien autour d'un véritable duo. Enfin, plus qu'un duo : deux frères, qu'il conviendra de faire évoluer d'égal à égal au sein d'un monde bien hostile et froid.
Alors pourquoi ce voyage ? Pour faire simple, notre fratrie part à la recherche d'un remède bien mystérieux pour guérir leur papa atteint d'un mal tout aussi mystérieux. La Mort rôde autour de cette famille, vu que la mère a péri quelques temps plus tôt dans un accident de bateau qui a laissé quelques séquelles psychologiques à l'un des deux frères.
L'essentiel, pour commencer le jeu, est la maniabilité quelque peu innovante, ou tout du moins relativement originale, du titre. En effet, les deux frères étant traités d'égal à égal, il faudra les diriger de concert grâce au 2 sticks analogiques de la Dualshock, leurs actions se limitant aux boutons L2 et R2. Sur le papier, ça n'est donc pas bien compliqué, mais c'est en jouant à Brothers qu'on se rappelle qu'être ambidextre (je ne sais pas si c'est le terme exact car finalement c'est nos deux pouces qui sont surtout sollicités) est loin d'être à la portée du premier venu. En effet, on se surprend, de temps en temps, à envoyer nos deux frères dans des directions pas très cohérentes car on a mal appréhendé la coordination de nos mouvements sur la manette.
Bien entendu, il existe quand même quelques différences entre nos deux héros. L'aîné aura la capacité d'actionner des mécanismes plus lourds ou plus difficiles, ou encore de faire la courte-échelle à son cadet, qui lui disposera de la capacité de se faufiler dans des lieux plus exigus. Tout l'intérêt du gameplay sera de vous mettre dans des situations dissymétriques alors que les deux frères doivent emprunter des chemins certes proches (car il est impossible de les séparer) mais différents.
Du point de vue du gameplay pur, l'architecture de Brothers repose uniquement et exhaustivement sur ce concept. Le level design permet de décliner cette idée et il présente quelques bonnes mises en situation, qui montrent néanmoins rapidement la limite de leur diversité. Et de toute façon, vous aurez peu de chance de vous faire gagner par la morosité, car le titre est plutôt court (je dirais 2-3 heures) pour un run. Et finalement, quand on arrive à la fin, on se dit "C'est tant mieux" car ça nous évite de voir les quelques idées du soft tourner en rond.
Finalement, Brothers me fait pas mal penser, dans son concept narratif et dans son évolution, au jeu Journey. Plus que la maniabilité originale ou le trip autour des deux frères, c'est bien le voyage que vont accomplir nos deux fils qui est - pour moi - au centre du jeu. C'est ce qui m'a motivé à aller de l'avant.
Vous le constaterez, le monde que vous allez traverser est bien triste, emplis de malheurs passés et de cadavres. Un monde dont on a le sentiment qu'il tente de panser ses plaies après une longue agonie. Un monde rempli de créatures terrifiantes, hors de notre portées, bien supérieures en force et en moyen, surnaturelles pour certaines, en tout cas emplies de mystère. Et là où le jeu est selon moi intelligent, c'est qu'il réussi à nous faire percevoir cette situation, parfois de façon explicite, bien entendu, mais également et surtout en ne nous faisant entr'apercevoir que quelques bribes de situations. L'amorce - ou l'aboutissement - de ces désastres vous est montré, mais tout le reste est suggéré.
Et personnellement, quand j'ai avancé dans cette histoire, c'était avant tout pour découvrir la suite de ce monde si triste, mais également si beau. L'esthétisme de Brothers est en effet son aspect le plus réussi. C'est un jeu très court et très imparfait, superficiel même dans l'utilisation qu'il fait de son concept central, mais dont la beauté froide et simple a su suffisamment m'émouvoir pour me porter pendant ces trois heures.
J'aimerais également porter mention de la qualité de l'ambiance sonore du titre, à la fois pour le dialecte mystérieux employé par les différents personnages, comme pour les différentes musiques qui sonnent assez justes avec l'aventure.
C'est court, mais c'est beau. C'est avant tout un voyage de deux frère dans un monde dont le vide et le silence masquent l'inhospitalité. Et finalement, si ça avait été plus long, je pense qu'on aurait commencé à s'ennuyer. Comme je l'ai dit au début, le titre ne mentait pas : c'est avant tout un conte autour de deux fils. C'est Brothers.