Brothers ne cache pas son admiration évidente pour Ico (on retrouve d'ailleurs une référence affirmée aux bancs de sauvegarde de ce dernier). On y dirigera donc deux frères (un stick pour chacun, idée utilement reprise du méconnu mais néanmoins excellent Kuri Kuri Mix) dans une aventure poétique et sombre. La direction artistique, inspirée des contes, est superbe, les animations d'ambiance -qui assurent l'essentiel de la communication avec le joueur puisque les personnages parlent une langue incompréhensible- sont pleines de charmes et donnent de la vie à l'ensemble, et on retrouve la même volonté d'épure dans la narration, à travers l'environnement sonore, les choix d'interface et de gameplay. Mais Brothers n'est pas Ico ; aussi sympathique soit-il il passe à côté de l'essentiel sur plusieurs points. D'une part la communication en direction du joueur n'est pas vraiment naturelle (contrairement à Ico et son traitement parfaitement subjectif : le joueur est Ico et ce dernier et Yorda ne parlent pas la même langue) ce qui induit une gestuelle parfois outrageusement exagérée et certains raccourcis grossiers dans la narration. D'autre part le jeu souffre d'une certaine froideur et peine à impliquer émotionnellement le joueur (ou alors sous la contrainte d'une séquence imposée), faute de tension dramatique. Une belle aventure malgré tout mais qui peut nourrir certains regrets.