War. War never changes. Only slightly.
On sera forcément plus indulgents face à une série qui revient de loin, mais il faut avouer que ce nouveau Call of Duty fait montre d'un certain effort pour redresser la barre plongeante fixée par les précédents opus. Evidemment, les effets de surprise sont devenus caduques depuis quelques années, et depuis le premier Modern Warfare chaque nouvel épisode déverse un peu plus dans la débauche d'action spectaculairement débilo-awesome. L'avantage d'une guerre futuriste est indéniable, puisque l'on peut se faire plaisir avec des idées qui défient l'entendement, et la grande réussite de la campagne solo d'Advanced Warfare tient en sa capacité à contenir ces idées pour ne pas partir trop vite dans le grand n'importe quoi.
Alors oui, on tombe encore dans certains travers typiques de la série, le tourisme destructif en est un, et si Seattle et San Francisco en prennent plein la gueule c'est presque gentil comparé au Niger, à la Grèce et à l'Irak. Et le découpage des missions est pour le moins aléatoire. Et la fin un peu trop vite expédiée à mon goût. Mais l'on sent tout de même que les développeurs ont voulu faire amende honorable face à certains points de la série devenus très (trop) critiquables. Exit le puzzle protagonistique, bonjour la continuité scénaristique, on a désormais un héros et on le garde. Héros qui, comme l'ensemble du casting, manque grandement de relief. Kevin Spacey cachetonne avec du Frank Underwood de supermarché, pas vraiment aidé par l'écriture insipide de son personnage, Troy Baker était là pour la pretty face et la jolie voix, les autres se contentent de remplir les moules imposés par la série : Gideon Emery est le nouveau Captain Price, Russel Richardson est le sergent black de service, et ô surprise, Angela Gots est une femme, même qu'elle nous accompagne sur le champ de bataille avec son atroce accent russe. Clichés, clichés everywhere.
Sans être médisant, cette campagne fait tout de même le boulot de manière honorable. On a même droit à quelques surprises avant son final convenu et couloirisé, notamment lors de la mission d'infiltration de la villa ou à New Baghdad où le terrain de jeu ainsi que les approches s'élargissent un poil. Là encore rien d'exceptionnel, mais au milieu d'une série qui avait fini par se nécroser chaque petit détail est bon à prendre. La principale nouveauté vient des déplacements, puisque futur oblige, on se retrouve affublé d'un exo-squelette nous permettant de bondir comme un cabri, faire des glissades ou des esquives, et bénéficier de pouvoirs spéciaux. De ce côté-là, la campagne solo fait surtout office de tutoriel géant pour nous permettre d'appréhender les bases du nouveau gameplay, et l'on se tournera bien vite vers le multijoueur pour se perfectionner.
Le multijoueur, justement, est relativement solide ici, même si les maps auraient pu aspirer à un peu plus d'inspiration. Il y en a pour tous les goûts, certes, mais du coup le matchmaking nous permet de passer du très bon à l'horrible d'un match à l'autre. Surtout, très peu de cartes sont pensées pour tirer exclusivement partie des nouvelles possibilités de gameplay, beaucoup de joueurs ne savent pas encore sur quel pied danser, entre infanterie classique et parkour sous amphètes à la Crysis 2. Au moins chacun y trouve son compte, mais je pense que le mode gagnerait à adopter un fil conducteur bien précis au lieu d'essayer de contenter tout le monde. Mon billet que l'on verra ça pour les futurs map packs.
En attendant le mode reste très plaisant. Les commandes s'apprivoisent rapidement, certains réflexes doivent rentrer à la dure (le boost slam, manoeuvre très plaisante exécutée correctement, sauf que personne ne pense à la sortir), mais le fait de pouvoir esquiver ou dasher apporte une pincée de sel bienvenue à un gameplay un poil rigide à la base. Bon, il y a toujours des casse-burnes qui se jettent au sol comme des otaries sortant de l'eau à la moindre occasion, mais comme je le disais, il en faut pour tous les goûts. Les armes et équipements sont sympathiques, variés et très classiques (au niveau armes, surtout des versions modernes des incontournables, MP5, AK-47, M4, M16, ACR...), étant donnée l'orientation futuriste du titre on aurait pu gagner à un peu plus de fantaisie, mais on retrouve rapidement ses marques donc ce n'est pas si gênant. Il y a aussi un mode coopératif typé Horde qui ressemble à celui de MW3, mais on en fera rapidement le tour en quelques parties, sans vraiment y revenir par la suite, dommage.
Bref, sans être une révolution, ce nouvel épisode s'applique tout de même à reprendre ce qui a fait le succès des meilleurs opus de la licence, en l'adaptant à sa sauce. Une espèce de best-of un peu maladroit, mais tranchant agréablement avec la fainéantise suffisante dans laquelle la série s'est engouffrée ces dernières années. Une fois encore, le multijoueur reste le nerf de la guerre ici, et si vous n'êtes pas très branchés compétitif, passez votre chemin sans vergogne, malgré tout la campagne solo, bien que très débile par essence, se parcoure avec un certain plaisir, alternant entre le classique et le très joli, et justifiant un minimum le label new-gen. Si vous hésitiez sur la cuvée 2014 de Call of, réfléchissez-y à deux fois, celle-ci au moins n'a pas trop le goût de banane.