Chronique d'un Casse Bonbon
Qu'entends-je ? Qu'ouï-je ?
Si peu de critiques pour un jeu en tête des charts des téléchargements mobiles et qui compte plus de 10 millions d'utilisateurs mensuels (source : mon facebook) ?
Candy Crush Saga relève pourtant du mystère le plus total. Une ambiguïté rare, un paradoxe bien curieux.
Car à la première partie les symptômes sont là : les yeux pleurent du sang, les oreilles pleurent du sang et il y a fort à parier que vos selles contiendront aussi des paquets de globules rouges. C'est un jeu moche. Pas le truc moche parce qu'il y a des pixels énormes ou des textures mal appliquées mais juste parce que la direction artistique de ce jeu est à bruler.
C'est un jeu de bonbon alors les gars ont décidé de vomir des couleurs partout où il peut y en avoir, chaque partie nous approche de la crise d’épilepsie et au moindre combo on craint pour sa santé. Et puis il y a ces personnages tous moches façon Paper Mario mais sans le côté mignon ou simplement réussi. On incarne une petite fille absolument dégueulasse qui veut... euh ben qui veut voyager il faut croire. Pas besoin de grandes histoires nous a appris le tout aussi célèbre Angry Birds mais faut pas déconner. Chaque nouvelle destination est propice à une rencontre toujours plus WTF. Et vas y que je dois te ramener une licorne et vas y qu'un chewing gum géant pire que Louis de Funès dans Rabbi Jacob se met à chialer parce que... hey mais c'est pas qu'on s'en ficherait un peu ?
Dénué de charme visuelle ou narratif (je ne parle volontairement pas du son parce que le second jour j'avais déjà désactivé le bousin) que reste-il de nos amours comme dirait l'autre ?
Un challenge. Oui, un challenge dingue, voire impossible.
En recevant toute ces invitations FB et toute ces pubs à 2 francs on se dit que c'est un énième jeu de beauf qui à défaut de vous proposer de gérer une ferme va au moins vous rendre gaga. Oui c'est un peu ça. Mais si le monsieur tout-le-monde ragera dès la soixantaine de niveaux atteint (si si je vous jure aller voir sur le groupe FB du jeu la population est en furie) le gamer lui y trouvera son compte.
Car tout commence avec le chocolat qui rehausse tout le gameplay à lui tout seul. Irrémédiablement, cette peste qu'on a pourtant tous adoré autrefois accomplit sa vil besogne. Elle se répand sans cesse, SANS CESSE, tant que le héros que vous êtes n'y met pas un terme. Viennent ensuite la réglisse, les bombes et tant d'autres ennemis qui alors qu'on se croyait peinards à la sortie de la forêt mentholée (!?) le challenge est encore plus âpre, la mission toujours plus désespéré, un peu comme dans un nouvel arc narratif de Gantz ou un nouveau tome de La Tour Sombre. Vous êtes ce pistolero qui sans savoir pourquoi veut atteindre le dernier niveau, qui rêve de saucisse rouge chaque nuit mais qui dégainera chaque fois que Dieu lui en donnera l'occasion. Une ligne de 3, une ligne de 4, un croisement de 5. Les combinaisons s'enchainent, l’œil se fait vif et les réflexes infaillibles.
Malgré tout votre talent il n'en reste pas moins que Candy Crush Saga vous badigeonnera plus d'une fois l'arrière train de vaseline dans le but d'un rapprochement imminent. Car à chaque fin de stage il vous faudra vos tickets de trains soit en réalisant des missions sur portable soit en demandant à des amis sur Facebook. De 1 à 3 jours d'attente qui visent peut être à calmer une addiction grandissante ou qui veulent simplement vous amener à payer quelques deniers. Mais franchement payer pour Candy Crush Saga ? Ce ne serait là que le début d'un cercle vicieux finissant par l'achat de bonus permanents mais pas du tout valorisants pour votre âme de joueur.
Avec ses 800 niveaux (pour le moment), sa connectivité avec les amis et son humeur toujours positive il n'y a pas à douter que tout le monde y trouvera son compte. Candy Crush Saga est pourtant fourbe et cache sa vraie identité de challenge impossible derrière une apparence d’énième jeu pour kéké.
Bien plus qu'un divertissement c'est un traquenard qui rend accro même l’œil le plus lamba ayant déceler qu'il y avait quand même un backround bien moche et inintéressant. Malgré tout, on recommence pour la 30ème fois le même niveau, on se dit que cette fois-ci il suffit de mélanger un bonbon arc-en-ciel et un rayé et voilà que ce pu**** de chocolat se pose sur une larme jaune.
Tonnerre de Brest.