Quand mon père m'offrit Canis, Canem, Edit sur PS2, il y a plus de 15 ans, je doute qu'il eût su que c'était un jeu Rockstar, créateurs des très célèbres GTA. Le jeu m'avait beaucoup plu, me laissant un souvenir d'assez grande liberté, une bonne histoire et une bande-son marquante. 15 ans plus tard donc, je relançais le jeu, avec la grande question qui survient quand on retrouve un jeu de son enfance : était-ce la nostalgie, ou le jeu était-il vraiment bon ?
Catégorique oui. Le jeu est bon. Très bon. Encore meilleur que dans mes souvenirs. Bully, Scolarship Edition, version amélioré de Canis Canem Edit de la PS2, nous place dans les chaussures de James "Jimmy" Hopkins, petit garnement expulsé de 8 établissements. Sa mère, femme volage, décide avec son nouveau, nouveau, nouveau mari qu'il est temps de se débarrasser du fiston ingrat, en le plaçant dans un pensionnat, l'école Bullsworth. Au moins, elle aura la paix pour son énième lune de miel.
Bullsworth, sous ses airs de pensionnat et d'école modèle (du moins, c'est ce qu'en dit le directeur), est en réalité une zone de guerre, décimée par les nombreuses cliques qui peuplent le bahut : les Nerds, les Blousons Noirs, les Bourges, les Caïds et les Sportifs. Jimmy va devoir se faire une réputation, à coup de poings si le faut.
L'histoire se suit bien, on s'amuse à retourner à cette période un peu idyllique ou cauchemardesque (tout dépend des gens) de son adolescence à travers Jimmy, qui malgré ses airs de petite brute, reste attachant. Entre manipulations, histoire de cœurs, profs pervers ou alcooliques et psychopathes complets, le travail ne manque pas pour Jimmy.
Chaque journée commence à 8h et se termine à 2 heures du matin. Si les missions sont disponibles, il ne faudra pas manquer d'assister tout de même aux cours, qui sont nombreux : Anglais, Chimie, Biologie, Dessin... Tous sont des mini-jeux originaux et assez faciles, et qui permettent un peu de souffler entre deux missions. Cependant, ne croyez pas que faire une mission stoppe l'horloge, le temps de la mission. Non, l'horloge du jeu continue, et si vous venez à sécher un cours en pleine mission, les pions vont être sur leurs gardes à cause de votre absentéisme. Faites-vous attraper à faire l'école buissonnière en pleine mission et vous échouerez cette dernière. Si certains peuvent détester cette mécanique, je l'ai au contraire trouvé très intéressante, car elle permet d'ancrer le jeu dans son monde et d'éviter une certaine dissonance vidéoludique.
Pour un jeu sorti en 2006 (sans doute un poil remastérisé avec la version Scolarship Edition), le jeu a de beaux restes. Les personnages sont bien modélisés, reconnaissables aussi bien dans leur corpulence que dans leur code vestimentaire, qui varie selon la clique. Le monde ouvert de Bully est intéressant et bien construit : la plupart des chapitres (au nombre total de 6) fait découvrir une nouvelle zone : d'abord l'école, ensuite la ville, ensuite la banlieue et enfin la zone industrielle. On prend plaisir à se balader un peu partout, en skate, puis à vélo, et même parfois à scooter. La bande-sonore est impeccable, et fait partie d'une des meilleures à mon sens dans le paysage vidéoludique.
Jimmy se contrôle bien, qu'il soit à pied ou sur skate. Les combats sont plaisants, et Jimmy peut apprendre de nombreux coups, que ce soit auprès d'un clochard ou dans les cours de luttes.
On s'amuse également de toutes les interactions que l'on peut faire avec l'environnement. Je me souviens que j'adorais prendre les pions et les mettre dans les poubelles, ou carrément tirer leur slip en se mettant derrière eux. Et étrangement, pendant que je faisais ce genre de bêtises, je n'arrêtais pas de me poser la question : est-ce qu'un jeu comme ça pourrait sortir en 2023 ? Après tous les school shootings et la question du harcèlement scolaire qui est devenue importante (à juste titre), je reste dubitatif.
Bref, Canis Canem Edit est une œuvre très solide, réaliste et très sympa à jouer. L'ancien Rockstar prouvait là encore qu'il pouvait toucher à d'autres types de jeux et réussir un carton plein. Le jeu est d'ailleurs inscrit dans la liste des "jeux où on aimerait le plus voir une suite"... Pas sûr que ça se fasse, mais j'aimerais beaucoup être détrompé.