Les chevaliers : de baffes aux mets
On avait nos nièces à la maison. Mister Nomé n'allait quand même pas s'empêcher de jouer aux jeux vidéos sous prétexte que la plus jeune a six ans. Nous l'appellerons Noménièce, pour ne pas la nommer...
Ce qui est bien avec Castle Crashers, c'est que ça fait marrer les grands. Et que l'humour pipi-caca fait marrer les petits. Ce qui est bien c'est que quand on joue avec Mister Nomé, on peut bien se permettre de ne rien faire du tout, ça passe. J'aime bien y jouer avec lui parce que c'est débile et que ça défoule, parce qu'on se paie des délires improbables en améliorant chaque jour un peu plus notre répertoire d'insultes : "Va prendre soin de ton corps avec un nugget" et autres "Mais tu saoûles le cul" sont généralement de la partie.
Et là, alors que nous avions pris soin de bien nous insulter sur la route menant à la gare où nous devions récupérer le club des Noménièces, nous étions privés de gros mots. Mais pas de Castle Crashers. Alors que je me marrais toujours autant à voir des scènes passant du débile à l'absurde, les jeunes - et Mister Nomé - se défoulaient joyeusement devant un truc pas trop sanglant - Rhôô ce ne sont pas quelques têtes coupées qui vont traumatiser une petite !
De plus, ce jeu a une valeur éducative hors du commun puisqu'il apprend en vrac la coopération, le secourisme, les repères nutritionnels - pomme < banane < poulet - et, le plus important, que vous pouvez très bien partir guerroyer avec pour arme une carotte ou un brocoli sans avoir l'air ridicule.
Cela dit, jouer avec quelqu'une pour qui le jeu est un tantinet trop difficile requiert de la patience. Déjà, vous devrez lui laisser le chevalier rose. Parce que c'est une fille et que donc elle veut le chevalier rose et puis c'est tout. Ensuite, vous devrez vous attendre à ce qu'elle ait peur de se faire taper, préférant aller dans les recoins vides d'ennemis vous laissant tout le loisir de taper du monstre mais vous reprochant avec insistance le fait de ne pas lui laisser de méchants à taper.
Il sera intéressant de noter que pour Noménièce, le chevalier rose est forcément une fille - un homme ne porte visiblement pas de rose - et que donc aller faire un bisou à la princesse c'est un peu beurk parce que bon une fille qui embrasse une fille, visiblement, ça la fait pas triper - mais elle connaît déjà le concept.
Ensuite, le truc le plus rigolo dans le jeu pour Noménièce, c'est le sandwich qui fait grossir. Elle n'a donc de cesse d'aller en acheter - au détriment des potions - et de les manger pour devenir très grosse et partir en courant parce que, bon, elle ne va quand même pas risquer de prendre de l'XP en tapant un méchant. Quand tu joues avec Noménièce, il faut t'attendre à refaire en boucle le niveau "lava world", celui avec une porte en forme de sandwich, un des seuls où cet élément nutritif est réellement utile.
Enfin, une fois que tu as montré Castle Crashers à Noménièce, il faut t'attendre à ce que cela devienne une véritable obsession et qu'elle veuille y jouer à tout instant, t'en parle à table et t'explique comment jouer si tu n'étais pas là la première fois - elle ne s'imaginait sans doute pas que je jouais, des fois, tiens donc.
Toujours est-il qu'une fois les Noménièces renvoyées chez elles, quel jeu avons-nous fait en coop alors que nous devrions finir Diablo III ?
Mais moi je ne prends pas le chevalier rose, je préfère le orange...Question de classe.