Après avoir joué à un nombre ahurissant de jeux de plateforme pixellisés et exigeants venant de la scène indé, on aurait pu penser que la lassitude allait enfin nous gagner. Que Celeste, même en étant un bon jeu, allait nous laisser indifférents et nous paraître finalement générique et oubliable.
Ca aurait été une erreur cruelle de jugement.
Car Celeste a, disons-le haut et fort, le potentiel d'être aussi iconique qu'un Super Meat Boy. Son gameplay simple et maîtrisé, son absence de redite et son univers pas si superficiel que ça sont des qualités à rendre jaloux tous ses concurrents.
Mais l'une de ses forces, que les autres jeux du même genre n'ont pas, c'est son ouverture au joueur. Celeste vous fera rager, évidemment, mais ce sera toujours la faute à votre exécution (surtout vos diagonales au stick), non pas à des trolls du level design. D'ailleurs, tout le feeling du jeu est étudié pour que vous persévériez, de la lisibilité au rythme en passant par le sound-design, où, fait rare, on ne trouve pas un seul bruitage ou thème qui agace à la longue. Même dans ses séquences de rush, le jeu vous demande parfois de prendre votre temps, ce qui le sépare de tous ces jeux qui vous demandent soit de calculer chacun de vos mouvements avant de vous lancer, soit de passer par instint ou mémoire des niveaux surexcités.
Vous voulez de la difficulté en plus ? La collecte des fraises (c'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air) ainsi que les faces B sont là pour vous et sont complètement optionnelles. Donc, si vous jouez en mode casual, pas la peine de farmer les niveaux : laissez-vous porter par le jeu, il le fait très bien. D'ailleurs, pour ceux qui veulent une expérience encore plus relâchée, on trouve même un mode assisté qui vous aide si vous galérez un peu trop.
Celeste est brillant. Il propose une expérience galvanisante malgré les centaines de morts qui nous attendent à chaque étape de notre ascension. Sa démarche résolument moderne fait tout simplement du bien dans le genre souvent trop borné du trial and error. Le buzz qu'il semble provoquer est amplement mérité, et je prie pour que son aventure soit longue, fructueuse et pleine de surprises comme celle d'un Shovel Knight.