Pour les personnes trop occupés à travailler et/ou avoir une vie sociale pour check les actualités jeux vidéo depuis un an, Child of Eden est le descendant spirituel de Rez, un shoot musical (Dreamcast/PS2/Xbla) assez particulier puisque plutôt facile dans le fond mais vraiment inédit dans la forme. Concrètement, vous deviez déplacer un curseur dans des environnements 3D défilants constituées essentiellement de squelettes de décors (avec un aspect "fil de fer" donc, qui n'est pas sans évoquer le Star Wars sur Amstrad monochrome de ma tendre enfance, mais passons) afin de dégommer des créatures aux formes géométriques farfelues qui envoyaient parfois des projectiles pour vous détruire. Le background du jeu était révélé dans la dernière mission, et par soucis de spoil j'éviterai d'en parler ici, mais thématiquement nous sommes très proche de ce que propose Child of Eden.
Le background est ici d'emblée exposé, c'est de la SF : une forme de vie humaine naît d'Eden (une vision positive du net qui aurait emmagasiné la mémoire de l'humanité), en la personne de la chanteuse du groupe Genki Rocket dont vous avez pu voir le clip "Heavenly Star" si vous jouez à No More Heroes. Elle est menacé par une forme de corruption qu'en bon joueur de votre état, vous allez devoir éradiquer.
Difficile de définir ce que vous incarnez, puisque l'ensemble des niveaux ("Archives") se présente en vue subjective. Votre job est donc pour ainsi dire le même que dans Rez, vous allez devoir locker puis tirer sur des créatures aux formes farfelues qui pourrissent l'intégrité mémoriel de notre Arche de Noé informatique !
Si le gameplay a conservé les mêmes bases que son ancêtre, il se voit toutefois agrémenté d'une petite nouveauté fort agréable. En plus du lock&shoot classique, un nouveau type d'attaque fait son apparition. Il s'agit d'un tir à répétition, plus efficace sur les cibles qui affichent des teintes violettes. Il faut donc switcher entre nos deux types d'attaques pour défaire certaines créatures, ce qui augmente considérablement le dynamisme du concept par le gameplay (la couleur de certains adversaires étant instable).
Car le dynamisme de Rez ne résidait pas tant dans son gameplay que dans son rythme (au sens large) ! En effet, le canevas de ce Child of Eden se voulait être une expérience sensorielle avant tout, ce qui se traduit en jeu par la présence d'une boîte à rythme évolutive (qui gagne en intensité à mesure que l'on progresse dans les stages). Cette dimension a pour ainsi dire disparu dans le nouveau titre de Q? Entertainement qui est construit de façon bien plus linéaire que son aîné et ne permet malheureusement pas de faire le choix de prolonger la visite d'un stage. Vous êtes donc dépendant de la structure imposée par les développeurs, bien que votre capacité à défoncer presto les créatures va vous faire progresser plus rapidement dans les multiples strates qui aboutissent, toujours selon le même schéma, à la fin du niveau. Moins de contre la montre donc, mais toujours du scoring (un niveau bonus "survival" y est d'ailleurs entièrement consacré).
Ensuite, la cohérence artistique audiovisuelle est indéniable. Découvrir une nouvelle archive est un véritable plaisir tant l'interaction entre image et son est systématique et toujours dans le ton. Je ne vais pas m'évertuer à décrire l'indescriptible, aussi les images du jeux sont particulièrement éloquentes et reflètent très précisément ce qui vous attend. Je ne saurai que trop vous conseiller toutefois d'éviter les vidéos, Child of Eden étant un jeu assez "pur", être spectateur d'une archive n'a aucun sens et risquerai simplement de vous gâcher la découverte qui est souvent synonyme d'expérimentations et d'interactions intuitives (le meilleur moment du jeu, indéniablement).
On remarque toutefois des partis pris assez discutable, comme le fait de mêler les environnement 3D avec des incrustations vidéos pas toujours pertinentes (je ne peux m'empêcher de trouver la chanteuse trop présente, même si elle est au centre du background) ou d'assister à des transitions d'environnement un peu trop visibles (soulignées par l'apparition de cut-scenes aux bandes noires un tantinet hors de propos).
Enfin un petit mot sur Kinect. C'est comme on s'en doutait beaucoup plus délicat à prendre en main que le pad, mais ça dispose d'un charme indéniable. Cela dit mon expérience m'a clairement convaincu que l'appareil n'est qu'un gadget pas du tout nécessaire à l'appréciation du soft. A ce titre, la sortie en version boîte apparaît juste comme une opportunité pour Microsoft de promouvoir son appareil, car en l'état nous sommes face à un contenu qui a d'avantage sa place sur une plate-forme de téléchargement : 2,4go d'installation sur le DD, 6 niveaux dont un challenge "survival", deux modes de difficulté, quelques bonus sympa... c'est franchement léger, mais le plaisir est là pour ceux qui sont sensibles à cette atmosphère rafraîchissante.
En ce qui me concerne, je suis conquis !