Je préviens d’abord : la critique va sans doute sembler un peu amère, mais dans le fond j’ai quand même passé un agréable petit moment avec Child of Light. :)
On va passer vite fait sur le scénario, tellement cliché que même les jrpg nippons osent plus en faire des comme ça… tout est prétexte au gameplay, et on ne cherche même pas à savoir finalement pourquoi untel est rentré dans l’équipe, on est juste content parce qu’il manquait un tank. De ce point de vue il y a d’ailleurs une énorme dissonance ludo-narrative :
Dans un rpg classique, on a plutôt tendance à aider un personnage pour qu’il rejoigne l’équipe, mais ici quasiment tous les personnages de l’équipe ont une quête secondaire où le but est de les aider afin qu’ils puissent se séparer de nous… C’est drôlement étrange comme idée ! Ça ne donne pas du tout envie de retrouver les amis de machin ou de sauver la copine de truc, de peur qu’ils s’en aillent vraiment à la fin… Une erreur comme ça passe dans un projet de fin d’études, pas venant d’une équipe de professionnels.
Et en parlant de projet étudiant, sérieusement : un plateformer 2D à un seul bouton, et des combats tour par tour, ça n’a pas dû demander des mois de travail aux programmeurs… Le stagiaire qui fait le café chez Ubi je suis sûr qu’il en est capable. Je ne compte pas ça comme un défaut hein, c’est fluide et très agréable à prendre en main ! Je remarque juste que faire une héroïne qui lévite et des combats statiques c’est quand même très pratique pour ne pas s’embêter avec la physique :/
Je vais quand même parler un peu de ce qui m’a plut dans ce jeu sinon vous allez vous demander pourquoi je lui ai mis un cœur ^^ Comme tout le monde s’en doutait après 3 secondes de bande annonce, l’univers de Child of Light est onirique et très reposant. C’est beau, c’est doux, l’aquarelle est somptueuse et la 3D s’intègre pas trop mal, (chose relativement casse-gueule), ça donne un rendu très enfantin, on se croirait dans un conte du type Ernest et Célestine, c’est adorable ! le chara-design est excellent aussi et on aime très vite tous les personnages. Malheureusement cet aspect n’aide pas à rendre le scénario plus intéressant. Et en dehors de ça on peut aussi parler de tous les aspects purement gameplay des combats, qui sont très agréables et plutôt intéressants. Les combats sont un peu trop courts et trop faciles, mais quand même plein de bonnes idées. Le système de gemmes par exemple est très bien pensé et les compétences à débloquer ont toutes leur utilité.
Et le dernier point, le truc insignifiant mais qui fait tâche, l’objet de mon titre et de ma grande déception…
L’écriture en vers est une pure catastrophe ! C’est tout en vers libre, c’est à dire que la rime peut arriver indifféremment, au bout de 4 syllabes ou au bout de 20… par contre la structure des paragraphes est régulière, c’est entrelacé. Donc la première strophe rime avec la troisième, et la deuxième rime avec la quat… ah non pardon ! La deuxième strophe ne rime jamais avec rien ! Allez savoir pourquoi, une strophe sur deux ne rime tout simplement pas… Ça me donne envie de tuer le responsable, même nos rappeurs font des rimes plus riches ! J’ai entendu du Booba avec des rimes de trois pieds putain ! Et ici, un jeu qui se veut poétique de la racine jusqu’aux feuilles, essaye de nous faire avaler des rimes du genre "home" et "gone"…
Non ! Pitié non ! Stop !
En même temps donner de la poésie anglophone à faire à des québecois ça sentait déjà le mauvais plan depuis le départ, mais à ce point quand même…
Vous avez aimé Child of Light et vous ne comprenez pas pourquoi je suis si méchant quand je parle de son écriture ? Jouez à The Banner Saga ! ÇA c’est bien écrit ! Ça c’est une prose magnifique et véritablement poétique, avec un récit mature qui prend au corps. (Évidemment ça ne s’adresse pas au même public non plus…)
En fin de compte peut-être que j’en attendais trop, Child of Light est un joli petit jeu fluide et candide qui saura sûrement ravir son monde. Peut-être même que la VF est bonne (on ferait difficilement pire) et c’est typiquement le genre de jeu que j’aimerais présenter à mes enfants pour les introduire aux jeux vidéos. Je me sentirai juste obligé de leur lire un peu de Verlaine après… pour me laver les yeux.