Chivalry, c'est deux équipes, deux camps, deux nations, qui s'affrontent dans des match à mort, dans des prises de fort, dans des assassinats de rois et dans des pillages et massacres de village. La base du gameplay tient dans du combat au corps à corps en armure, avec des épées de 15 kilos, des étoiles du matins, des masses ou même des marteaux, à distance avec des arcs, des arbalètes ou des frondes (j'ai jamais vu personne utiliser ce truc ceci dit) en vue à la première ou à la troisième personne. Et c'est tout.
Sauf que quand vous touchez un adversaire avec votre zweihander, que ça "schplocling" en s'éclatant contre son corps qu'il fait une feinte histoire de balancer sa propre épée et vous décapiter, l'adrénaline monte d'un cran. Le jeu est bien gore, se démerde avec une physique qu'on ne qualifiera pas de réaliste, mais qui a cette bonne balance pour que le feeling d'être en armure lourde et de fracasser d'autres types en armures lourde soit présent, sans pour autant qu'on se traîne indéfiniment. C'est essentiellement un jeu sur les distances et les feintes. Si la mécanique est vraiment bien rodée, si bien qu'un joueur vétéran ne se fera jamais battre par un nouvel arrivant (ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise chose), il faut bien admettre que quelques parties peuvent légèrement souffrir de lag et que, très (très) rarement, on peut se cogner contre une hitbox un peu récalcitrante à prendre un coup.
Si Chivalry n'était que ça, je lui aurais attribué un bon 7, pour l'originalité du F/TPS médiéval. Sauf que le jeu a un détail, stupide et parfaitement intelligent: il permet au joueur de crier. Ce qui n'a l'air de rien est en fait un outil pour galvaniser les attaques en groupe, mettre tout le monde dans le bain et aller à la castagne comme à 300. On crie "AGATHAAAAAAAA!!!" et là deux compagnons qui repopent au même instant répondent, et c'est dans l'échos de nos cris que l'on se rue de nouveau dans la mêlée, comme des frères d'arme.
Avec son gameplay assez profond pour qu'on puisse se faire butt-rape dix fois dans la même partie par la même personne, pour peu qu'elle soit un peu costaude, ses cris belliqueux et sa violence visuelle, Chivalry est un jeu dur...et paradoxalement à la fois fraternel. Là où les trolls s'accroupissent sur les cadavres dans la même partie où deux gentlemen se regardent, se présentent et rangent leurs épées pour un duel aux poings au milieu d'une bataille à 32. C'est le jeu où dans la folie du moment, on tranche en deux un allié en même temps que son adversaire et où on glisse un "sry" en loose pour s'excuser de la maladresse. C'est un jeu où quand toute l'équipe se fait décimer (dans un match à mort par équipe) et où l'on se tient debout tout seul, il peut arriver que l'équipe d'en face nous laisse une chance en proposant des duels au lieu de se ruer à cinq sur le dernier survivant (on peut aussi juste se faire couper les deux bras). Peu de jeux mélangent autant de violence débile et primaire et un tel sens du role-play en utilisant aussi peu de background et quasiment que le gameplay et l'esthétique.