Quatre jours après sa sortie, j'avais écrit une critique presque dithyrambique et très peu nuancée de Cities : Skyline.
Passé la hype qu'a provoqué le jeu, dont j'ai moi-même fait partie et après une bonne cinquantaine d'heures de jeu je vais un peu revenir sur mon avis.
Hypatatras
Pourquoi cette hype ? Pourquoi tout le monde, moi y compris, a directement encensé ce jeu sans même avoir pris le temps de l'éprouver sur la durée ?
Et bien c'est simple : Sim City, seul vrai bon city builder à grande échelle, a laissé un trou béant après l'échec du dernier opus. D'autres ont bien essayé de lui emboîter le pas mais, sous couvert d'angles originaux, se sont également vautrés.
Cities : Skyline s'est engouffré dans la faille avec une promesse toute simple : faire un Sim City 4 en plus beau. Et tout le monde a crié au génie.
Mais qu'en est-il vraiment au final ?
Chauve et sans crevasse
Un Sim City 4 en plus pauvre, dépouillé de tout ce qui avait fait le succès de ce jeu et sans personnalité aucune.
Car Cities Skyline est lisse, terriblement lisse. Avec sa direction artistique générique au possible, son seul mode bac à sable, son unique musique qui tourne en boucle (là où les Sim City avaient une bande son très riche entre musique atmosphérique et free jazz), son "simili-twitter" atrocement premier degré et répétitif. Tout ce qui empêche de ressentir un côté "fun" qui est pourtant le sel du jeu vidéo.
Léa passion Maire
Ensuite ce jeu est facile, terriblement facile. Du premier carré de route à la pose du dernier monument de la ville, on ne fait jamais face au moindre problème. L'argent coule à flots, la gestion des services est enfantine, nos citoyens sont toujours heureux. Il n'y a aucune microgestion des bâtiments publics, tout se fait avec un unique curseur pour chaque type qu'on a vite fait de pousser à fond sans même ressentir le moindre effet économique.
Pareil pour le système de quartiers, la gestion localisée des politiques ne sert plus à rien à partir du moment où on gagne des montagnes de pognon. On coche juste toutes les cases à effets positifs et basta.
"Mais il y a la gestion de la circulation !", me dira-t-on. Oui, réduire les bouchons c'est pas facile. Mais soyons honnêtes, même avec des carrefours en permanence dans le rouge, la ville tourne pépère. Du coup, l'unique argument pour la complexité du jeu se retrouve par terre.
Ton jeu en kit comme chez Ikéa
"Oui mais il y a plein de mods trop cool !". Oui il y a plein de mods, certains sont d'ailleurs indispensables pour avoir une bonne expérience du jeu. Alors soyons lucides, un jeu qui a besoin d'être corrigé par sa communauté pour fonctionner c'est un jeu qui fait un aveu d'échec. Echec de proposer un contenu de base assez riche et intéressant pour conserver l'envie d'y jouer.
La douce mélodie du ventilo de ta carte graphique
Enfin, l'optimisation de Cities : Skyline est complètement à la ramasse. Ce jeu qui propose des graphismes passables mais sans plus met complètement à genoux mon PC de joueur qui fait pourtant tourner GTAV et The Witcher 3 au poil. C'est bien simple, à partir de 20 000 habitants, il devient quasiment injouable. Et c'est pire si on installe le paquet réglementaire de mods.
Meh.
Alors, après cette longue tartine de griefs que personne n'aura lu, que reste-t-il au jeu ? Qu'est-ce qui fait que j'ai pu accumuler une cinquantaine d'heures de jeu et que j'y retourne encore régulièrement ?
Et bien c'est le seul City Builder qui existe dans sa catégorie. Et il fait le job. C'est à dire qu'il permet de bâtir des mégapoles complètement dantesques, avec des routes dans tous les sens qui s'entrecroise sur plusieurs niveaux d'altitude. Et c'est plaisant à voir tourner (au ralenti, optimisation foireuse oblige).
En bref, Cities : Skyline est un très bon jeu de construction de ville mais un mauvais jeu de gestion de ville. Là est toute la nuance.