Civilization s'invite dans l'espace. Un jeu riche et passionnant - mais sans personnalité.

Beyond Earth est enfin là et, pour le meilleur et pour le pire, il s'agit davantage d'un Civilization V dans l'espace que d'un Alpha Centauri 2.


Pour le meilleur car le jeu reprend les excellentes bases de Civilization V, avec une grille hexagonale et l'impossibilité d'empiler les unités militaires. Pour le meilleur aussi car il s'en écarte pour proposer d'emblée un contenu conséquent, sans manque évident, et bien architecturé autour de la trilogie harmony / purity / supremacy qui infuse tout le jeu de manière élégante (upgrade des unités, avantages spécifiques, déblocage de bâtiments / unités / merveilles et voies vers la victoire). Le temps d'appréhender l'arbre technologique, de trouver quelques réflexes de base et de découvrir les orientations possibles pour prétendre à l'une des cinq victoires que le jeu autorise et on se sent rapidement à l'aise.


Pour le pire car ce Beyond Earth n'a pas la personnalité d'Alpha Centauri ; les factions sont oubliables, les textes d'ambiance insipides et on regrettera les vidéos souvent drôles et pertinentes associées à la construction des merveilles dans Alpha Centauri ou les remarques cinglantes de ses dirigeants. Les quêtes partaient d'une excellente idée mais en l'état elles n'apportent ni couleur à la partie ni imprévu. En fait il s'agit d'un élément de gameplay à maîtriser comme un autre : ce sont toujours les mêmes et elles se déclenchent toujours dans les mêmes circonstances (la seule incertitude - mais elle est d'importance - vient de la quête qui permet de shunter la nécessité de construire un deep space telescope pour la victoire contact). J'aurais apprécié quelque chose de plus narratif et aléatoire, dans la veine des événements d'un FTL, quitte à les désactiver en multijoueur.


Enfin il faut signaler que l'IA est désastreuse, pire encore que Civilization V. Quelle que soit la difficulté elle est incapable d'attaquer correctement et il lui faut un nombre insensé d'unités pour l'emporter. Par ailleurs le jeu m'a semblé (trop) facile ; je suis loin d'être un crack et pourtant je n'ai pas vraiment eu de difficulté pour gagner jusqu'au niveau soyouz. Et au niveau apollo les avantages concédés à l'IA sont vraiment délirants (je suis néanmoins parvenu à obtenir une victoire, avec un seul adversaire et en exploitant honteusement les faiblesses de l'IA). Un titre incontestablement réussi, mais qui manque de la passion qui transpirait d'Alpha Centauri pour sortir de l'ombre de Civilization. Personnellement j'aime beaucoup et j'espère qu'on aura le droit à une ou deux extensions de qualité !


Je profite de la remise à jour de ma critique pour saluer l'arrivée d'ici quelques semaines d'une première extension (Rising Tide), prometteuse sur la papier, et pour signaler que les quelques patchs qui ont suivi la sortie du jeu ont corrigé certains abus et augmenté la difficulté de facto - même si le jeu reste assez facile.

Créée

le 17 août 2015

Critique lue 210 fois

bunnypookah

Écrit par

Critique lue 210 fois

D'autres avis sur Civilization: Beyond Earth

Civilization: Beyond Earth
Red13
6

Est ce de la stratégie ou de l'exploration chanceuse ?

Quand j'étais plus jeune, je cultivais une espèce de facination pour les jeux de stratégie. Bien que j'y ai très peu joué, j'avais décrété que c'était un genre de jeu qui me convenait, mais je me...

le 25 nov. 2017

7 j'aime

2

Civilization: Beyond Earth
Antalus59
6

Critique de Civilization: Beyond Earth par Eh Toilabas

A l’époque où je jouais à Alpha Centauri, ce qui me plaisait c’était l’univers qu’il y avait derrière : Que voulait dire les technologies, la transcendance, les doctrines des factions… C’était un jeu...

le 28 oct. 2014

6 j'aime

2

Civilization: Beyond Earth
Asarkias
5

Au-delà de la Terre...le vide

Privée de ses ressources et malmenée par la folie incessante de l'Homme, la Terre se meurt à petit feu. Le dernier espoir pour l'humanité à l'agonie s'incarne dans la conquête spatiale. Les vieux...

le 26 déc. 2014

6 j'aime

8

Du même critique

Fallout 4
bunnypookah
4

Un jeu de rôle Fallout en 2015 c'est donc un FPS croisé avec Minecraft.

Bethesda a atteint un tel niveau de médiocrité avec ce Fallout 4 que même le ressort habituel de l'exploration d'un vaste monde pour y découvrir les quelques pépites qui s'y cachent - lieux...

le 16 nov. 2015

16 j'aime

3

A Plague Tale: Requiem
bunnypookah
4

La soupe réchauffée fait ressortir les saveurs désagréables.

Je ne vais pas beaucoup m'étendre sur sur ce deuxième opus et pour l'essentiel je renvoie à ma critique d'Innocence :...

le 24 oct. 2022

15 j'aime

Dordogne
bunnypookah
4

Nostalgie d'un passé rêvé

Sous la direction artistique le néant... ou presque. Dordogne est symptomatique d'un mal qui ronge le jeu vidéo français depuis (presque) toujours et indé depuis pas mal d'années : le truc narratif...

le 16 juin 2023

12 j'aime

6